Dans une démocratie, il est tout à fait normal qu’on ait le droit d’exprimer un ras-bol. Les manifestations sont un droit garanti par la constitution malienne mais faudrait-il encore que ce soit dans le respect strict des lois. Il est aussi important que les raisons pour lesquelles se produit une manifestation soient rationnelles et riment avec le contexte du pays. Il est, par exemple, difficile de comprendre le refus de manifester pour des faits prioritaires sur lesquels repose le développement d’une nation et aller se livrer au spectacle comme des acteurs hollywoodiens pour une situation du second plan selon l’urgence du pays. Et cela ne montre que l’absurdité des actes ou l’aspect opportuniste des choses.
Les faits sont là et nul ne peut les ignorer. Il y a quelques années sous le régime IBK, les médecins et agents de la santé sont allés en grève pour une longue durée. Une grève qui a eu de conséquences néfastes dont on a même honte de s’en souvenir. Beaucoup de patients hospitalisés ou sous traitement ont perdu la vie. Les Maliens comme on pouvait s’y attendre, ont traité les médecins de vicieux, cupides et criminels pour avoir revendiqué leurs droits (l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie). Pendant cette crise, les Maliens n’ont pourtant pas cherché à demander à l’Etat leur droit à la santé comme le garantissent les textes de la république. N’est-ce pas de l’absurdité ? Le peuple ne pouvait-il pas marcher pour exiger du gouvernement à trouver une solution à ladite crise. Pourtant nul n’ignore que dans la démocratie, le pouvoir appartient au peuple surtout un peuple qui s’implique dans la gestion du pays en surveillant les actes du gouvernement ou en veillant à ce que les gouvernants respectent les textes.
Depuis janvier, l’avenir des enfants est pris en otage par la grève des enseignants qui réclament l’application de l’article 39. Pour arriver à leur fin, plusieurs marches ont été entreprises mais n’ont pas eu grand effet parce qu’ils étaient soutenus que par une poignée de Maliens. Ils ont, au contraire, été vilipendés, traités de tous les noms du diable et ont même été violentés par des forces de l’ordre sous le regard complaisant de la société civile. Pour réclamer leur droit fondamental et soucieux de leur avenir, les élèves ont, à leur tour, manifesté sur toute l’étendue du territoire pour demander la reprise des cours. Mais, hélas! Rien n’a été fait. Les parents d’élèves, la société civile sont restés inertes sans aucune réaction en laissant le gouvernement violer les lois de la république. Pour ma part c’est une honte. N’ont-ils pas démissionné de leurs responsabilités? Sont-ils soucieux de l’avenir de leurs enfants? Serait-il étonnant de voir toujours les nantis diriger ce pays? Voilà autant d’interrogations qui peuvent traverser l’esprit d’une personne lucide et visionnaire.
Or, on a assisté à des faits indiquant que le peuple malien peut manifester seulement pour la politique. Cela s’explique par les différentes manifestations violentes ou extravagantes de contestation qui ont eu lieu dans les différentes localités du pays suite à la proclamation des résultats définitifs des législatives par la cour constitutionnelle. Cela porte à croire que le Malien préfère mourir pour un politique que pour sa propre santé ou encore l’avenir de ses enfants. Certains diront certainement qu’il faut combattre l’injustice car, selon eux, la cour constitutionnelle a truqué les résultats. Mais, ils oublient que dans un pays où les gens ne bénéficient pas de soins médicaux et, où les élèves sont privés de leur droit, c’est aussi de l’injustice. Ainsi donc, on combat une injustice et on se tait sur l’autre. Est-ce un acte patriotique? Cela ne peut qu’être de l’opportunisme ou de l’absurdité. Je crois qu’il est temps que le Malien sache qu’on ne peut nourrir un monstre et ne pas subir après ses agressions.
Aussi, casser les biens publics en luttant contre le délestage est une autre absurdité. Il serait encore compréhensif si cela se faisait pour soutenir la santé ou l’éducation. Tant que le peuple continuera à sélectionner les luttes contre l’injustice, il n’aura jamais gain de cause car une injustice fait naître une autre et au fil du temps, cela devient une gangrène difficile à combattre. La démocratie sera digne de nom si ensemble nous faisons respecter les règles de la république à nos gouvernants en évitant de s’aventurer dans l’absurdité.
Adama B Sagara
Source: Soloni