Lors de la présentation des vœux du M5-RFP à l’occasion de la fête de Tabaski, les festivités ont pris une tournure inattendue et éminemment politique. Ce jour, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a transformé cette célébration traditionnelle en une véritable tribune enflammée.
Le PM Choguel Kokalla Maïga, entouré de ses soutiens politiques, a saisi cette occasion pour exprimer un soutien sans équivoque à son bras droit, Bouba K. Traoré. Traoré, détenu depuis fin mai après avoir publié un mémorandum accablant contre le régime de transition dirigé par le Colonel Assimi Goita, est devenu un symbole de résistance pour le Premier ministre.
Dans ses propos à l’occasion, le PM Maïga a retracé les nombreuses luttes et combats menés aux côtés de Traoré, affirmant que son arrestation résultait de son positionnement et de ses opinions critiques. « Personne ne peut dire qu’il y a un point faux dans le mémorandum qui est à l’origine de son arrestation », a pesté le Chef du Gouvernement, avec véhémence. Pour lui, les faits exposés par Traoré sont indiscutables, et toute tentative de remise en question relève de l’hérésie.
Ce soutien inébranlable masque toutefois mal l’angoisse du Premier ministre conscient de son déclin politique imminent. En défendant son collaborateur actuellement en prison, le PM Choguel ‘’tente désespérément de maintenir sa position dans un environnement de plus en plus hostile’’, fait croire un de ses détracteurs politique.
Une justice à double vitesse ?
Accusant certains de jouer un double jeu et d’être des opposants infiltrés au sein du M5, le leader déchu du mouvement qui contribué à la chute du régime démocratiquement élu du Président IBK, a dénoncé ce qu’il considère comme une justice sélective exercée par le pouvoir en place. « On ne peut pas prendre un mémorandum de plusieurs pages et s’agripper sur moins d’un tiers du document en laissant tomber les deux tiers, et sortir les cadavres des placards pour ensuite arrêter les gens », dénonce le Premier ministre Choguel. Une complainte qui vise directement le système judiciaire malien.
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Ces propos soulèvent une question cruciale : la légalité de cette sortie politique, étant donné que les activités des partis politiques sont suspendues depuis début avril. Bien que cette rencontre ait été organisée dans le cadre de la présentation de vœux, la tournure des discussions pourrait bien la faire requalifier en réunion politique. Ce qui soulève des doutes quant à sa légalité.
Des répliques
Les partisans du président de la transition ont réagi avec indignation aux déclarations du Premier ministre Maïga, qu’ils jugent ‘’déloyales et irresponsables’’. « Wallaye, Billaye, il va partir et très bientôt. Trop, c’est trop. Finis les doubles jeux ! Avec l’application du système triangulaire, on savait qu’il allait avouer un jour », réplique vigoureusement, sur son compte Facebook, le Collectif pour la Défense des Militaires (CDM), un mouvement avant-gardiste contre toute action à l’encontre des Colonels au pouvoir à Bamako.
Pour le CDM, le mot d’ordre reste : « Union sacrée autour de nos autorités militaires et judiciaires en cette période de refondation. Asso (Colonel Assimi Goïta) la continuité. »
Dans ce contexte tendu, le divorce entre le Premier ministre et les militaires semble inéluctable. En attendant, explique un dissident du M5-RFP, « Choguel Kokalla Maïga s’accroche désespérément à son poste, mobilisant ses dernières ressources dans une lutte qu’il sait probablement perdue d’avance ».
Cette démonstration de bravoure, ou peut-être de folie politique, marque les derniers efforts d’un homme sentant sa fin politique imminente.
Almaimoune Touré pour Icimali.com