Souleymane Satigui Sidibé croyait rendre un service à la nation la semaine dernière, en écrivant une lettre de protestation au gouvernement malien. La missive du secrétaire général du Conseil national de la jeunesse (CNJ) adressée au Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga proteste contre l’augmentation de l’âge de la retraite chez les fonctionnaires maliens. Il ne manquait plus au tableau des disputes maliennes que cette problématique de la fonction publique.
La faitière des jeunes maliens a choisi de promouvoir le conflit de génération à travers sa lettre de protestation contre l’accord signé entre le gouvernement et l’Union nationale des travailleurs du Mali(UNTM). Cette augmentation est en réalité une pagaille dans la fonction publique malienne. Les 1800 fonctionnaires qui devraient aller à la retraite cette année iront se reposer dans 3 ans, ce qui signifie que dans les 3 prochaines années il n’y aura aucun départ à la retraite.
Sentant, le conflit prendre de l’ampleur, le gouvernement a rapidement communiqué sur les mesures correctives de la pagaille. Selon Amadou Koïta, le porte-parole du gouvernement, il y aura pour la seule année de 2019 plus de 8000 recrus dans la fonction publique. Au-delà, il y aura 30 000 nouveaux fonctionnaires dans les 3 prochains ans. Sauf qu’il y a autant sinon plus de jeunes diplômés qui sortent chaque année des écoles maliennes.
Par contre, les jeunes maliens se trompent de combat en pensant que la fonction publique doit résoudre le problème d’emplois du Mali dont souffrent particulièrement les jeunes. La position de Souleymane Satigui est claire: l’UNTM agit contre les intérêts de la jeunesse. L’augmentation de l’âge de départ à la retraite de 3 ans accordée aux fonctionnaires sous la pression de l’UNTM n’est donc pas de son goût à tel point qu’il l’a publiquement fait savoir.
Pour certain, le Mali est passé de « la fonction publique à la fonction pagaille» avec des vieux faisant toute sorte de micmacs pour ne pas aller à la retraite. Les jeunes maliens chantent cette ritournelle depuis toujours parce qu’ils ne voient d’autres alternatives à la fonction publique. Les chances de l’émergence économique du pays, surtout dans les secteurs du tourisme, l’hôtellerie et le commerce, ont été plombées par plus de six années d’une instabilité qui a commencée avec des prises d’otage d’Occidentaux au nord et au centre du pays entre 2010 et 2012.
La fonction publique est donc perçue comme le seul tremplin pour la réussite sociale, même si l’on sait que le pays qui compte près de 18 millions d’habitants ne peut pas s’offrir le luxe d’avoir 1 million de fonctionnaires. La priorité du CNJ devrait plutôt être une pression accrue sur les autorités pour offrir plus de prêts aux jeunes par arrondissement, décentraliser les investissements dans les communes qui dorment sur des opportunités économiques.
D.K
La Sirène