Guillaume Soro n’est vraiment plus en de bons termes avec le président de la République, Alassane Ouattara. Et ce n’est pas exagéré de dire qu’entre les deux hommes, l’igname a été coupée.
Ouattara a-t-il instruit ses services de refuser le Salon présidentiel à Soro Guillaume?
Guillaume Soro vient de faire de nouvelles révélations sur ses rapports avec le régime d’Alassane Ouattara. L’homme qui a démissionné de son poste de président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, depuis février dernier, n’est plus la bienvenue dans certains milieux auxquels il avait droit jadis. Actuellement en séjour en RDC où il prend part aux obsèques du père du chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, à Kinshasa, Guillaume Soro a tenté de relater un pan de son séjour en terre congolaise. Mais que de révélations sur la situation d’ostracisme dont-il est l’objet aujourd’hui de la part des tenants du pouvoir d’Abidjan. On apprend par exemple de la part du président du Comité politique que le Salon présidentiel de l’aéroport international Félix Houphouet-Boigny d’Abidjan lui est formellement interdit d’accès.
« J’étais loin de m’imaginer que 5 ans après, mon ami Ngobila serait au pied de l’avion pour m’accueillir en ses grades et qualités de Gouverneur de Kinshasa. Pour les niais qui ne savent pas ce que c’est qu’un gouverneur en République Démocratique du Congo, je reviendrai sur le sujet pour leur en toucher un mot. Pour l’heure, ne nous distrayons pas. Je tiens à dire merci au Gouverneur, mon ami personnel Gentiny Ngobila Mbaka. Son destin est un exploit ! Etre gouverneur de deux provinces, Sénateur. C’est un honneur qu’il m’a fait de venir m’accueillir, car avant moi, c’est le Vice-Président de l’Ouganda qu’il accueillait et que j’ai pu saluer dans le salon d’honneur Présidentiel. Ce à quoi je n’ai pas aujourd’hui droit dans mon propre pays la Côte d’Ivoire », relate Guillaume Soro.
En disgrâce avec le régime Ouattara depuis sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale, suite à son refus d’adherer au parti unifié RHDP, Guillaume Soro évolue depuis lors en solo. Avant son départ pour la RDC jeudi dernier, Soro revenait d’une longue période de tournées politiques dans le nord de la Côte d’Ivoire où il a pu toucher du doigt les réalités des populations rurales. En tout cas, dans la première partie de son récit sur son séjour en RDC, il ne fait pas la langue de bois. Autrement dit, Guillaume Soro dit tout.
« Sous le régime actuel (NDLR: régime Ouattara), le salon d’honneur présidentiel est devenu quasiment un lieu fétichisé, un Saint-Graal auquel n’ont accès que certains privilégiés triés sur le volet de l’exception rare. Quand tu n’es pas RHDP, ne t’y aventure pas. Pauvre de nous! », dénonce-t-il, ajoutant qu’au temps où Laurent Gbagbo était président de la République de Côte d’Ivoire, ce fut de ce point de vue, bien meilleur.
« Oui, j’en atteste : à cette époque le Premier Ministre que j’étais pouvait solliciter avec succès le Salon Présidentiel. Loin de moi l’idée de vouloir dédouaner Gbagbo de tout, mais la vérité est implacable. Gbagbo ne considérait pas le salon Présidentiel comme les Illuminati considèrent le Graal. Il le considérait comme un édifice au service de l’image de marque de la Côte d’Ivoire. Du moins, c’est que j’ai pu observer. Par contre, je me souviens encore de la différence. Premier Ministre d’Ado, on me fit bien dès les débuts savoir qu’il ne fallait pas se tromper de direction à l’Aéroport d’Abidjan. Je dus ravaler ma honte quelquefois pour recevoir certains de mes hôtes de marque au salon ministériel, alors que dans leur pays ils me recevaient avec faste et grandeur », témoigne-t-il. Cette réalité, Guillaume Soro en a tellement mal qu’il va plus loin pour dénoncer cette façon de ‘’fétichiser’’ des lieux publics furent-ils réservés au président de la République.
« Dans d’autres pays le salon Présidentiel est en même temps le salon où les ministres, les Présidents d’institutions et certaines personnalités reçoivent les invités du pays. Ils ne sont pas dans un culte ridicule de la personnalité qui veut actuellement que quand le PR a posé ses fesses sur un fauteuil du salon Présidentiel, un autre être humain( ô sacrilège !!), personne d’autre ne devrait s’en approcher, au risque d’être frappé par le courroux d’un pré carré obséquieux et fiévreusement idolâtre. Nous sommes en 2019 ; pas au temps de Louis XIV ! Qu’on s’entende bien. Pour moi, le Président de la République est un être humain ; ni demi-dieu, ni roi », rappelle Guillaume Soro aux responsables du RHDP, parti au pouvoir.
Afrique sur 7