Par une correspondance en date du 8 février 2019, la Fifa convoque les protagonistes de la crise du football malien à son siège, afin de discuter de la marche à suivre pour l’intérêt du football malien, et aussi définir un cadre idéal univoque. Est-ce le bout du tunnel ? Ce qui est évident, cette tribune d’échanges initiée par l’instance suprême du football mondial semble être la dernière chance pour clore le débat. Son échec conduira inévitablement au chaos. Un drame qui doit pousser l’Etat à prendre ses responsabilités. Parce que cette crise, qui date de janvier 2015, a pris des ramifications multiples qui continuent de prendre en otage l’avenir de milliers de jeunes. En montant sur le toit du football africain, les Aiglons (des jeunes de moins de 20 ans) viennent de montrer à leurs aînés, papas et grands-pères, la voie à suivre.
Le tribunal de l’histoire est celui qui nous juge tous. Sa particularité réside dans le fait qu’il rend ses verdicts sans état d’âme. Nul n’y échappera, chacun y fera face et sans avocat, seuls les faits parleront. Alors question : est-ce que les dirigeants du Djoliba, du Stade malien de Bamako, de l’AS Réal, du COB, du CSK et ceux de l’ensemble des clubs de football maliens accepteront-ils d’être jugés par le tribunal de l’histoire, pour avoir entretenu, par leurs attitudes, une crise qui a détruit notre sport roi ? Ils sont convoqués par la Fifa le 26 février “afin de discuter de la marche à suivre pour l’intérêt du football malien, et aussi définir un cadre idéal univoque”.
L’interprétation de la sentence du TAS par le Conor fera également partie du menu des échanges. Au-delà, c’est un plateau d’or qui leur est offert pour enterrer définitivement la hache de guerre, et donner une orientation nouvelle à notre football. Dans la plupart des cas les intervenants ont manqué à leurs devoirs de réserve. Ces devoirs qui leur auraient permis de sauver la situation avec hauteur, et faire des prises de position objectives et constructives.
L’unanimité a été faite autour de la mauvaise foi de tous ces dirigeants, pour la résolution de la crise. Le président de la Caf l’a martelé : il faut qu’ils acceptent de dialoguer. Parce que la solution n’est entre les mains ni de la Fifa, ni de la Caf, ni même du TAS.
Faudrait-il rappeler que la pérennisation de cette crise est la conséquence de beaucoup de facteurs.
– Les dirigeants ne mènent qu’une lutte mercantiliste. C’est-à-dire liée à leurs propres intérêts.
– Les différents ministres Housséni Amion Guindo et Me Jean Claude Sidibé, ont manqué de pédagogie ou de bonne manière pour imposer leur autoritarisme de structure de tutelle.
– Les journalistes sportifs qui auraient dû être un catalyseur pour cadrer les uns et les autres à travers leurs plumes ou micros, avec des propositions concrètes, ont pris position selon les affinités et les intérêts.
– Les supporters se sont laissé phagocyter par les dirigeants. Un état de fait qui leur a fait perdre le repère.
– Le pouvoir central n’en a pas moins fait sa tasse de café.
– Le Comité de Normalisation, dirigé par Mme Daou Fatoumata Guindo dite Mimi se fera toujours plaisir tant que la crise va durer. Entre temps Mimi tissera ses relations aux niveaux de la Fifa et de la Caf, voyagera beaucoup et tentera de noyer le poisson dans l’eau pour démontrer sa détermination par rapport à la décrispation de la crise. Or c’est tout à fait le contraire. Mais où allons-nous ? Principales victimes : ces milliers de jeunes dont l’avenir est pris en otage, et ce peuple amoureux du ballon rond. C’est dommage ! C’est regrettable !
Quand est ce que cette crise prendra-t-elle fin ? Difficile de répondre. Mais la solution est entre les mains des deux camps qui s’affrontent à tous les niveaux. Comme l’a dit feu Boubacar Sada Sy, ancien ministre : “On est responsable pour prendre des décisions difficiles”.A défaut d’une solution à Zurich à l’issue de la convocation de la Fifa, ne serait-il pas nécessaire ou même indispensable que l’Etat prenne toutes ses responsabilités ? Autrement dit exclure les deux camps de la course, et demander à d’autres de se présenter pour sortir enfin notre football de l’ornière. En tout cas trop, c’est trop.
O. Roger SISSOKO
Aujourd’hu-Mali