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Des milliers de Guinéens manifestent pour soutenir le président dans la crise

Des milliers de Guinéens se sont rassemblés jeudi à Conakry pour une démonstration de force en faveur du président Alpha Condé, confronté à une contestation qui a fait une dizaine de morts depuis deux semaines, ont constaté les correspondants de l’AFP.

Les adversaires de M. Condé ont dénoncé une manipulation de la part du pouvoir, accusé d’utiliser l’argent public pour rameuter les manifestants et d’instrumentaliser les employés des administrations, voire les écoliers.

Le ministre de la Communication Amara Somparé a fait état de 45.000 personnes réunies à la mi-journée pour accueillir le président à son retour de l’étranger, preuve selon le ministre du soutien dont bénéficient M. Condé et une éventuelle révision de la Constitution envisagée par le chef de l’Etat, malgré les manifestations récentes de l’opposition.

« CQFD », a tweeté M. Somparé sous une photo de la mobilisation pro-Condé, employant l’abréviation de « ce qu’il fallait démontrer » comme à la conclusion d’un raisonnement mathématique.

Le rassemblement des partisans de M. Condé est la réponse à la manifestation de masse organisée une semaine plus tôt par ses adversaires pour s’opposer au projet prêté au président sortant de briguer un troisième mandat en 2020 et de réviser à cette fin la Constitution.

Des centaines de milliers de personnes selon des journalistes locaux, un million selon les organisateurs, avaient pris part à cette marche. Le gouvernement avait chiffré les manifestants à 30.000.

Des milliers de personnes se sont réunies jeudi près de l’aéroport et le long de la route menant au Palais du peuple où devait se rendre le chef de l’Etat.

Vêtues des couleurs jaune et blanc du parti au pouvoir, par contraste avec le rouge endossé par les adversaires du président, elles arboraient des tee-shirts proclamant « Oui à la nouvelle Constitution » et « Allons au référendum ».

« C’est le président de la République aujourd’hui que Conakry est en train de recevoir dans la ferveur, dans la liesse, dans l’enthousiasme », a dit le ministre de l’Intérieur, le général Boureima Condé.

– Obsèques escamotées –
Dans la foule se trouvaient des centaines d’élèves, a constaté un correspondant de l’AFP. Les écoles publiques ont été fermées pour la circonstance, ont rapporté les médias locaux.

Tous les fonctionnaires avaient reçu instruction de quitter le travail et la directrice d’un hôpital avait demandé au personnel de se rendre à l’aéroport, a affirmé le vice-président d’un des partis d’opposition, Fodé Oussou Fofana. Il a assuré que des sommes considérables avaient été dépensées pour affréter des bus.

Aucune réaction n’a été obtenue des autorités à ces accusations.

M. Condé, 81 ans, a lancé en septembre des consultations sur la Constitution, « concentré d’intérêts corporatistes » selon lui. Pour ses adversaires, il ne fait aucun doute qu’il entend réviser la Constitution pour concourir à un troisième mandat présidentiel en 2020 alors que le texte actuel en limite le nombre à deux.

Au moins huit manifestants (dix selon l’opposition) et un gendarme ont été tués, des dizaines d’autres blessés, des dizaines arrêtés et jugés depuis qu’un collectif de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile a appelé à se mobiliser à partir du 24 octobre contre la possibilité d’un troisième mandat.

Ce collectif avait prévu mercredi une « marche funèbre » à l’occasion des funérailles des manifestants tués. Mais les autorités ont annoncé au dernier moment qu’elles ne restitueraient pas les corps pour l’instant parce que les autopsies étaient toujours en cours selon elles.

Les tensions actuelles font redouter une escalade. Ce petit pays de 13 millions d’habitants, pauvre malgré d’importantes ressources minières, est coutumier des manifestations et des répressions violentes. La communauté internationale inquiète a appelé au dialogue et au respect des droits.

M. Condé ne confirme ni n’infirme les intentions qu’on lui attribue.

AFP 

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