Comme la réponse du berger à la bergère, l’Honorable Karim Kéïta, tout comme le Ministre Arouna Modibo Touré de la Communication, a sermonné son homologue français Jean-Jacques Bridey qui traite le pouvoir de Bamako de n’être « pas à la hauteur des enjeux », à la suite de l’attentat terroriste de Gao contre les forces françaises. «Le pouvoir malien est d’autant plus conscient des enjeux actuels qu’il reste prudent dans ses actions et ne ressent pas le besoin de rendre publiques nombre d’actions gouvernementales dans le domaine de la sécurité; car, relevant du secret-défense», répliqua-t-il.
La réplique de Karim Kéïta, Président de la Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée Nationale du Mali et Député élu de la Commune II du District de Bamako depuis 2013 est née des diatribes de son homologue français selon lequel « le pouvoir actuel » au Mali « n’est pas à la hauteur des enjeux et de la gravité de la situation ». Allusion faite à l’attaque terroriste contre les Forces Barkhane à Gao ayant entrainé des morts et blessés dans le camp des soldats français.
«Nous sommes très préoccupés par la situation sécuritaire et aussi par la situation politique dans ce pays. Nous sommes à quatre semaines de l’élection présidentielle. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas si ce scrutin pourra se tenir. Nous, nous souhaitons qu’il se tienne. Il y a des retards dans l’acheminement des cartes d’électeur. Il y a un flou complet là-dessus. Et j’ai l’impression qu’il n’y a pas une véritable volonté de tenir ces élections présidentielles de la part du pouvoir malien. C’est très préoccupant et il faut à tout prix qu’il y ait un ressaisissement. Je pense que le pouvoir actuel n’est pas à la hauteur des enjeux et de la gravité de la situation. Il faut ouvrir les yeux. Aujourd’hui, il y a beaucoup de pays qui sont au côté du Mali pour sortir de cette instabilité sécuritaire. Mais il faut aussi qu’il y ait une visibilité dans la situation politique. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas », pleurnichait, le 2 juillet 2018, Jean-Jacques Bridey, Député élu de La République en Marche (LREM), non moins Président de la commission de la Défense de l’Assemblée Nationale en France.
La réplique de Bamako ne s’est pas fait attendre, à commencer par le Ministre de l’Economie Numérique et de la Communication, Arouna Modibo Touré.
«Ce sont des propos de va-t-en-guerre», estime le Ministre Touré, qui a poursuivi : « Maintenant, traiter le Gouvernement malien de manque de vision ou d’autre chose, ce sont des propos qui sont propres à ce Député. Nous l’invitons à ce qu’il se rende au Mali pour venir voir la réalité des faits ». Avant d’ajouter : « Ce terrorisme, il n’est pas qu’au Mali, il est partout. Nous sommes tous préoccupés par cette situation et nous travaillons tous pour maintenir l’unité démocratique au Mali, pour lutter avec nos alliés contre le terrorisme. Alors pour nous, l’heure n’est plus aux atermoiements. Nous travaillons d’arrache-pied pour que ces élections se tiennent. Le 29 juillet, elles se tiendront. Tout est fin prêt et nous sommes sur cette dynamique ».
Ces propos du Député français sonnent du côté de son homologue malien comme une méconnaissance du dossier sécuritaire par Jean-Jacques Bridey. Ainsi, a-t-il sermonné dans une Tribune: « Vous ne connaissez visiblement pas, ou pas assez. Le pouvoir malien est d’autant plus conscient des enjeux actuels qu’il reste prudent dans ses actions et ne ressent pas le besoin de rendre publiques nombre d’actions gouvernementales dans le domaine de la sécurité, car relevant du secret-défense».
Et l’Honorable Karim Kéïta d’interroger ce dernier en ces termes : « En revanche, cher homologue, vous affirmez que le Mali est dans une situation d’« inaction » plutôt que d’« action » et que le Mali n’a pas la « volonté » de résoudre ses problèmes sécuritaires. Êtes-vous au fait de la loi d’orientation et de programmation militaire de 2015 qui, au Mali comme en France, « prépare l’avenir » ? Connaissez-vous ne serait-ce que les grandes lignes de notre stratégie de réforme du secteur de la sécurité qui a commencé en 2013 ? Avez-vous entendu parler du programme de Démilitarisation, Démobilisation et Réinsertion qui est en cours depuis la signature en 2015 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ? Savez-vous que le Mali investit chaque année, aux côtés de la Minusma, des milliards de FCFA sur ressources propres afin d’améliorer son service de renseignement militaire ? Avez-vous connaissance des opérations conjointes menées par les Forces armées maliennes et leurs frères d’armes français dont l’état-major s’est félicité jeudi dernier pour ne citer que l’exemple le plus récent ? Si c’est cela que vous appelez « inaction », je vous le concède volontiers ».
Ces deux répliques du côté de Bamako sont saluées au sein de la population qui pense qu’il est temps de faire clairement savoir à certains de nos amis que ces genres de discours ne doivent plus être tenus.
D.C.A Source:
Le SOFT