Parmi les business et autres affaires de Bamako qui marchent bien, résistant à la crise économique qui frappe le pays depuis 2012, il y a les bars. Ces espaces de rencontres et de beuverie sont la cible d’une jeunesse en quête de distraction, et ils sont nombreux dans la capitale malienne. Mais les propriétaires de ces business de nuit doivent se battre contre d’autres ennemis remotivés par l’idéologie.
Dans le quartier administratif de l’ACI 2000, sur la rive gauche du fleuve Niger, se trouve un des premiers bars détenus par des Chinois. C’est le rendez-vous favori de Fatim, jeune fille en rupture de ban avec sa famille. Depuis plusieurs années, elle fréquente ce bar après qu’elle ait basculé dans le plus vieux métier du monde. ‘’Le pays est dur, les gens n’ont pas d’argent’’, commente-t-elle assise dans le noir aux côtés d’autres jeunes filles.
Pourtant, le train de vie de la jeune fille trahit ce qu’elle essaie de cacher. Elle vit dans un appartement dans le même quartier qu’elle loue à 50 000 FCFA. Elle dit être en charge de sa mère qui vit dans une autre ville et participe à des tontines dont la quotepart est fixée à 10 000FCFA chaque jour. ‘’Je n’ai jamais été dans l’incapacité de payer ma part, c’est la moindre des choses’’, affirme-t-elle.
Les bars sont légion à Bamako et ils font l’affaire de jeunes ayant diverses motivations lorsqu’ils y partent. ‘’Les filles ne m’intéressent pas’’, lâche Ousmane, un jeune de Niamakoro, un quartier sur la rive droite du fleuve. Lui et ses amis préfèrent se rencontrer chaque soir dans un bar dont le propriétaire est un Malien ; ils sortent chaque nuit à partir de minuit pour boire et s’amuser dans la discothèque associée à leur bar favori.
Il suffit d’entrer dans les discothèques pour découvrir une autre facette de la capitale malienne, une cité qui ne dort pas. Entre jeux de lumières et musiques, une jeunesse emportée s’amuse en consommant de l’alcool sans modération. L’argent circule à flots dans une ambiance de générosité entre amis, celui qui a de l’argent n’hésitant pas à dépenser pour que les autres trouvent à boire à souhait.
Ces groupes de jeunes rivalisent surtout avec le nombre de bouteille de boisson rangées sur chaque table. Et de plus en plus, il y a des filles qui boivent à ces occasions. Mais là où on boit, il y a toujours des nuisances. C’est ainsi que les propriétaires des bars croisent le fer avec des résidents qui ne veulent pas voir ce qu’ils appellent des lieux de débauche, craignant pour l’influence qu’ils peuvent avoir sur leurs enfants.
L’opposition aux bars vient surtout de groupes religieux dont certains n’hésitent pas à recourir à la violence. ‘’Dans le quartier de Baco djicoroni, je me souviens d’un propriétaire de bar, il a porté plainte contre un jeune qui a conduit une descente contre ses installations dans la nuit. C’était pendant le mois du jeûne musulman », raconte Christian, un résident d’origine togolaise.
Mais ce que certains gérants de bar disent est un paradoxe. ‘’ on raconte que beaucoup de gens se disent contre la prolifération des endroits dits de dépravation de mœurs en général sont des clients potentiels.
Dougoufana Kéita
La Sirène