L’incidence financière qu’imposent les doléances de l’UNTM est estimée à 1800 milliards de FCFA. Une manne financière énorme difficile à mobiliser en cette période de transition. Très averti, le syndicaliste et non moins président de « Tribune du Mali », Djibril Diallo, trouve que cette démarche vise à mettre le couteau à la gorge de l’Etat.Djibril Diallo, président de l’organisation et ses camarades Drissa Togola et Oumar Koné de « Tribune du Mali » étaient face à la presse le vendredi 18 décembre 2020 à la Maison de la Presse, où ils ont expliqué l’impact de la grève de l’UNTM sur la vie socio-économique du Mali. Le syndicalisme est la défense du droit des travailleurs et celui des entreprises. L’Etat représente la première entreprise du pays. Si le monde entier reconnait au syndicat le droit de grève, Djibril Diallo estime que « toute grève dénudée de bon sens, porte un coup à l’ensemble des acteurs du monde de travail ». Allusion à la grève de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) qui, de grève en grève, veut « mettre un grappin sur l’Etat pour une partie des travailleurs du Mali ». « C’est mettre le travail et les travailleurs en danger », prévient le premier responsable de Tribune Mali. « Si j’étais un conseiller du gouvernement de transition, j’aurais conseillé l’application de l’article 39 que le gouvernement qui l’a promulgué a tourné en rond pendant un moment mais a fini par se résoudre à appliquer le 17 juillet pour effet sur le salaire en septembre », dira-t-il. Après le changement de régime, les bénéficiaires ont eu la souplesse de décaler son application en novembre dernier. Pour Djibril Diallo, « il n’y a pas plus grand mépris qu’un syndicat proteste contre l’acquis d’un autre syndicat, même si cela crée un manque à gagner chez les autres syndicats, cela devient forcement une opportunité pour l’ensemble des travailleurs ». Ainsi, si un gouvernement, fut-il de transition, se plaçant dans la continuité de l’Etat trouve les voies et moyens pour régler une décision d’Etat en attendant de trouver les moyennes d’une relecture pour conforter tous les travailleurs dans une grille uniforme à diplôme et situation égales, salaires égales, ce sont les travailleurs qui gagnent.
Par ailleurs, Djibril Diallo de prévenir : « Si rien n’est fait, et si d’aventure on regarde la tension monter entre l’UNTM et l’Etat, de grève en grève, on ira jusqu’à une grève illimité qui serrait un chao pour la transition, par conséquent un chao pour le Mali et pour les travailleurs. Un syndicat averti ne doit pas mettre les travailleurs et leurs familles dans une précarité insupportable. L’UNTM devrait réfléchir par deux fois au lieu d’être piloté par la fougue ». Autant la grève est un droit pour un syndicat, autant la décision d’un travailleur à ne pas observer la grève mérite d’être respectée. Car elle touche « un élément très sensible, le salaire », auquel seul le travailleur peut s’engager, de façon volontaire. D’autant plus que les périodes de grève sont considérées comme des périodes non travaillées et par conséquence ne sont pas payés. « Il y a des secteurs où on ferme la porte aux travailleurs pour ensuite considérer tous les travailleurs comme grévistes », a-t-il révélé. Avant de marteler : « Cela relève d’une violation de la liberté syndicale ».
Le président de Tribune Mali estime que « vouloir faire imposer, à une transition de 18 mois, 1800 milliards de FCFA que les pouvoirs politiques régulièrement élues géreront toute la vie, c’est mettre le couteau à la gorge de l’Etat. Un Etat responsable refuserait une telle pratique ». Les responsables de Tribune Mali concluent que l’UNTM met « un bâton en acier dans les roues en bois de la transition ». Cyril Adohoun L’Observatoire |