Dans la soirée du jeudi 30 septembre 2021, à 23 heures encore, lorsque l’Antonov de l’armée de l’air russe se posait à l’aéroport international de Bamako pour livrer les hélicoptères maliens, seuls les officiers proches de la junte et le ministre des finances étaient avisés. Le Premier ministre rentré de Paris, 48 heures plutôt à bord du vol Air France AF 520, a été pris de court et le ministre de la Défense qui devrait le renseigner ne l’a fait qu’après avoir réceptionné ses joujoux. Quelques contours d’un dossier qui n’a pas fini de révéler tous ses secrets.
Prime à bord, rappelons que les quatre hélicoptères de transport de troupes et de combat de type Mi-171, ont été achetés courant 2020 par l’Etat malien, suivant la commande passée par le ministère de la Défense, à la Fédération de Russie.
Alors que les relations entre Bamako et Paris sont tendues à la suite des événements du 25 Mai ayant conduit au deuxième coup d’Etat opéré par ceux qui ont renversé IBK en Août 2020, la volonté affichée de Bamako d’engager des mercenaires au Mali, accentue la crise dans la crise. Les sorties médiatiques du Premier ministre Choguel Maïga à Bamako et à la tribune du Conseil de Sécurité des Nations unies irritent Paris qui ne tardera pas à lui répondre avec ferveur. Avec lui, les militaires qui semblent désormais visés.
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Comme à ses habitudes, Choguel est fidèle avec ses Chefs. C’est pourquoi, tel un répondeur automatique, il n’a pas hésité d’aller au charbon sur le dossier Wagner dont il ignore le niveau d’avancement.
Sans tenir compte du fait qu’à Kati où se tient tous les dimanches une réunion secrète entre les principaux auteurs du coup d’Etat du 18 Août sur les directives à donner à la transition, rien de ce qui se peaufine ne tombe à ses oreilles. Un mal que le Premier ministre garde en patience, l’empêchant même de recevoir l’ambassadeur de France puisqu’il ne sait rien de ceux que font et envisagent les militaires de Kati.
A quinze kilomètres de la capitale, il nous est revenu que la réunion du dimanche entre les Colonels Sadio Camara, Malick Diaw, Modibo Koné et Ismaël Wagué autour du Président Goïta est l’instance suprême de décisions. A cette réunion, seul Alousséni Sanou, ministre des Finances est quelquefois autorisé à prendre part.
Outre le climat de méfiance qui a toujours régné entre certains officiers de l’ex-cnsp et Choguel dont ils n’ont jamais approuvé la nomination, ce dernier apparait dans le dispositif comme un second couteau. « Le gars savent qui est Choguel, fidèle quand il est avec toi, prêt à tout pour garder son fauteuil, mais capable de faire des mutations idéologiques lorsque vous vous séparez », glisse une source proche des officiers.
La même source ajoute que le vendredi 1ier Octobre dernier, une heure après le conseil des ministres présidé par le Président Assimi Goïta en personne, le Premier ministre lui demande aparté, des informations sur les dossiers Wagner et des quatre hélicoptères dont les opérations d’achat ont été bouclées avant sa nomination à la primature. Mais, a-t-on appris, le Président lui a promis d’en parler au ministre de la défense. Jusqu’ici, sans suite.
Si pour Choguel, il s’agit de prendre connaissance du dossier pour pouvoir apporter d’éventuelles réponses aux questions de quelques opposants qui attendent pour critiquer, pour les militaires qui ne pensent pas qu’il puisse rester à la primature jusqu’aux élections, il est risqué de tout mettre à sa disposition.
En tout cas, du côté du département de la Défense, c’est la réticence. Même son de cloche sur la question ‘’Wagner’’ : « Rien n’a été dit à Choguel jusqu’à ce jour », nous confient nos sources. Ainsi, comme Moussa Mara sur l’avion présidentiel d’IBK en 2014, Choguel s’est fourré dans le dossier Mali-France, sans se prémunir du risque de se tromper. A espérer qu’il ne revienne pas un an après exprimer ses remords. A garder dans les archives.
IMT
Source : Le SOFT