La 11ème session de la journée annuelle comptes extérieurs du Mali s’est tenue le jeudi 21 février 2019 à l’Hôtel Radisson Blu. Elle était placée sous le thème : «La vulnérabilité du pays face à la hausse des cours des produits pétroliers». L’événement était présidé par Diakaridia Dembélé, conseiller technique au ministère de l’Economie et des Finances, représentant le ministre, en présence de Konzo Traoré, directeur national de la BCEAO, et plusieurs participants.
La BCEAO est chargée de l’élaboration des comptes extérieurs dans chaque État membre de l’UEMOA. La direction nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a publié les comptes extérieurs du Mali au titre de l’année 2017.
Faut-il rappeler que les comptes extérieurs, composés de la balance des paiements et de la position extérieure globale, racontent les échanges entre un pays et le reste du monde. Ils fournissent également des informations sur sa capacité à faire face à ses engagements envers l’étranger. Pour évaluer ces échanges, il est procédé chaque année à une enquête auprès des agents économiques.
En effet, cette journée se voulait une aubaine pour les acteurs de la vie économique de conforter leurs réflexions sur des sujets concernant la viabilité des comptes extérieurs du Mali.
Elle était placée sous le thème : «La vulnérabilité du pays face à la hausse des cours des produits pétroliers».
Pour le directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré, ce choix s’explique par le fait qu’il est noté, chaque année, un accroissement des importations de produits pétroliers du Mali. Selon lui, cela se traduirait par un creusement du déficit commercial.
A l’en croire, les importations de ces produits sont estimées à 572 milliards de FCFA, soit 27,3% des importations totales.
« L’analyse ces dernières années des comptes extérieurs met en relief la vulnérabilité de notre économie. Le déficit courant qui ressort à 7,9% du Produit intérieur brut (PIB) en 2017, contre 7,2% en 2016, continue de se dégrader. Ce taux est supérieur aux critères de convergence de l’Union économique et monétaire oust-africaine (UEMOA) qui table sur un déficit maximum de 5%. Cette hausse s’explique par la contre-performance enregistrée dans les échanges commerciaux. Ce déficit a, en partie, été résorbé par les flux de capitaux privés et publics plus importants en 2017. D’où un déficit de la balance des paiements qui s’est contracté, en s’établissant à 101,5 milliards de FCFA, contre 317,8 milliards en 2016 ».
Mieux, il dira qu’en 2017, les exportations vers le reste du monde se sont élevées à près de 1 686 milliards de FCFA, soit une hausse de 0,6%.
«L’or vient en tête avec 69,7% de part, soit un peu plus de 1 175 milliards. Le coton, avec une part de 223 milliards, pointe à 13,3%, contre 6,5% pour le cheptel (108 milliards), 2,6% pour l’engrais et 0,4% pour les mangues. Ces produits ont été destinés à 61,9% à l’Afrique, 11,2% pour l’UEMOA, l’Europe 23,2% et l’Asie14,5% », a constaté le directeur national de la BCEAO.
Selon M. Konzo, cette amélioration est due en grande partie à l’ouverture de nouvelles mines, nécessitant des investissements importants.
«Les envois de fonds reçus des travailleurs migrants, eux, sont estimés à 422,8 milliards FCFA. Ils se repartissent comme suit: UEMOA (26,4%), zone euro (46,4%) et le reste du monde 27,2%.
L’aide budgétaire a été mobilisée à hauteur de 48,6 milliards de FCFA. Aussi, 2017 s’est caractérisée par une forte hausse des investissements directs qui se sont établis à 318 milliards de FCFA », a-t-il expliqué.
De son côté, Diakaridia Dembélé, Conseiller technique du ministère de l’Economie et des Finances , a laissé entendre que l’analyse des comptes extérieurs éclaire sur les déséquilibres internes et externes.
« Un solde courant des paiements extérieurs déficitaire est le reflet du déséquilibre entre l’épargne et l’investissement. Ce déficit peut, selon lui, être interprété comme un excès de la demande globale par rapport à l’offre globale. Ce surplus de demande est très souvent localisé au niveau du budget de l’Etat», a-t-il confirmé.
En 2018, selon le document synthétique sur ces estimations, il est attendu une amélioration des comptes extérieurs avec un solde global déficitaire de 63,1 milliards de FCFA, contre 101,5 milliards en 2017. Cette amélioration s’explique, selon les experts de la BCEAO, par la hausse du cours et du volume du coton, l’augmentation de 20,3% du volume d’or exporté (soit 10 tonnes de plus qu’en 2017) ainsi que des prix des produits pétroliers.
Il importe de rappeler que le règlement relatif aux relations financières extérieures des Etats membres de l’UEMOA institue, à cet effet, un Comité national de la balance des paiements, chargé de l’adoption des comptes extérieurs. Cette commission est présidée par le directeur de l’Institut national de la statistique (INSAT).
A. SISSOKO
Source: La Preuve