Quelques années seulement après la belle Révolution de mars 1991 qui a vu le peuple malien se soulever et renverser la dictature, a commencé une restauration. Une remise en cause de la révolution malienne, pourtant citée en exemple. Une réécriture de notre histoire contemporaine. Ceux qui ont opprimé le peuple, profitant des bienfaits de la démocratie et de la liberté de parole retrouvée, ont commencé à donner de la voix, à parler plus haut que les démocrates, pire, à les faire se sentir à l’étroit.
Est né, dans ce contexte, le 12 Octobre 1998 (date d’ouverture du procès Crimes économiques contre Moussa Traoré et autres) un organe de presse dont le titre en lui-même campait déjà le projet : 26 mars !
Le journal a été animé par l’une des plus belles plumes de la presse privée naissante, un acteur de première heure, Boubacar Sankaré.
Il est un redoutable polémiste, un homme qui a le courage de ses opinions, qui ne rechigne pas à aller au charbon, mais, surtout, devant qui, personne ne peut soutenir un débat, une polémique ! Il a le sens des formules et des invectives ! Une armée à lui seul, qui, en quelques années, a soutenu les plus grands débats, a rétabli des faits historiques et poussé dans leur dernier retranchement tous ceux qui ont, soit voulu se donner un rôle qu’ils n’ont pas joué, soit voulu présenter les faits sous des prismes déformés.
Et la plume de Boubacar Sankaré n’a épargné ni grand, ni petit, ni prince, ni sujet. En défenseur des valeurs de mars 91, il a su pousser au respect des martyrs.
On se souvient de ses envolés qui ont permis de recadrer ceux que personne ne pensaient pouvoir se taire. Elles sont épiques ses sorties qui ont permis à beaucoup de rentrer dans leur petits souliers !
26 Mars est allé au-delà, en se posant avant l’heure comme Le journal des investigations. A ce jour, aucune affaire n’a eu autant de retentissement que l’affaire du bromate, une enquête rondement menée par ce bi-hebdo qui est souvent parvenu à complexer son grand frère, Les Echos.
Déjà 20 ans ! Qui l’eut cru ! Le journal semblait né pour une mission ponctuelle et personne ne lui prédisait une telle longévité. Là encore, c’est méconnaître son animateur principal, Boubacar Sankaré, peuhl métissé songhay, ascète, acharné. 26mars est son œuvre, sa détermination, sa réussite.
Au moment où cet organe célèbre ses 20 ans, il faut saluer ce journaliste qui a su détecter et former bien d’autres, qui a été de tous les combats justes de son temps, qui n’a jamais rechigné à la tâche, tout son mérite !
Vivement les 40 ans de 26 Mars, pour qu’à travers lui, vivent nos martyrs.
Alexis Kalambry
Directeur de Publication les Echos.