Durant l’hivernage 2017, les pays sahéliens et non sahéliens ont été assujettis à un déficit hydrique. Le changement climatique est une réalité que nous percevons avec acuité jusque dans notre vie de tous les jours et il faut l’étudier de façon rationnelle pour lui faire face.
Cette urgence a été largement réitérée lors du sommet climat à Paris en décembre dernier car, le phénomène du changement de climat s’installe à demeure comme on le mesure d’une année à l’autre. Dans la décennie 1970, on pouvait encore parler d’épisode cyclique passager lors de la terrible sécheresse qui a touché toute la bande sahélienne. Aujourd’hui, c’est la planète entière dont le climat est durablement chamboulé avec des conséquences toujours graves, parfois dramatiques, avec la multiplication des inondations, typhons, tornades, sécheresses, vents de sable, avec l’accélération de la montée des eaux d’un côté, de la désertification pour nous, avec des vagues de migrants climatiques qui convergent vers les grandes villes africaines, vers les pays nantis sur d’autres continents.
Le défi n’est pas seulement africain, mais mondial.
Pour se donner des chances de le relever victorieusement, il faut gérer rationnellement les ressources disponibles, notamment les ressources en eau. Une voie dans laquelle l’Office du Niger s’est engagé sans hésiter car, cette question est vitale pour une entreprise qui pratique la culture irriguée avec une maitrise totale de l’eau et qui s’est engagée dans la lutte contre la pauvreté.
Mais prévoir et se préparer n’est pas tout, il faut constamment s’adapter à la nouvelle donne, améliorer ses méthodes et outils, plaider pour une coopération internationale plus diligente, juste et solidaire. Les paysans africains ont porté ce plaidoyer à la COP21 en espérant être entendus car, cette fois, comme on le dit trivialement, tout le monde est véritablement dans le même bateau balloté par le dérèglement climatique et tous en ressentent les effets.
A l’échelle de l’Office du Niger, ces effets se manifestent, entre autres, sur l’irrigation. Nous n’avons pas été confrontés à de grandes difficultés pour irriguer 300 000 hectares durant l’hivernage car, en cette saison, moins de 6% de la capacité du barrage sont nécessaires pour faire le travail. Mais en période d’étiage, l’irrigation requiert plus de 50% de la même capacité, ce qui complique considérablement l’équation.
Le changement climatique confronte donc faibles et puissants de ce monde à des effets nouveaux qui ébranlent équilibres et certitudes, qui contraignent à réviser les modes de production et même les modes de vie. Dans notre cas, lorsque la sécurité alimentaire est remise en question, c’est la vie tout court, dans ses besoins les plus élémentaires, qui se trouve menacée.
Dr. Mamadou M’Baré Coulibaly
PDG de l’Office du Niger