La réponse à cette question conduit à interroger l’attitude des politiques maliens et des éléments de la société civile au cours de l’élection présidentielle de 2018.
Il est vrai que l’exercice et la pratique démocratiques s’accommodent d’une demande populaire de limogeage d’un PM lorsque dans un pays l’espoir semble bouché à l’horizon.
A partir de quand le pays s’est il trouvé dans un tel état ?
Est ce à partir de la nomination de BOUBEYE comme PM?
Non, non et non.
Le Mali depuis le maudit coup d’Etat du 22 Mars 2012 s’est trouvé dans un état scabreux. Les Maliens ont repris l’espoir en janvier 2013. Beaucoup ont misé sur la transformation de l’espoir, maintenu et renforcé par l’entregent du Président par intérim Dioncounda Traoré et la perspicacité de Tiebilé Drame, à travers l’obtention de l’accord de Ouagadougou, en embellie avec l’élection à la tête de l’État en Août 2013 de IBK.
A l’exercice les acquis, en terme de présence progressive et effective de l’Etat dans les Régions du Nord, surtout Kidal ont commencé à s’effilocher pour disparaître définitivement avec le passage éclair du PM Moussa Mara à Kidal courant 2014.
La sécurité dans les régions du Nord subira le même sort en dépit de la présence des forces nationales par endroits et internationales sur l’ensemble du territoire.
L’insécurité et l’absence de l’Etat prendront pied au Centre et avanceront inexorablement au sud.
Et pourtant, c’était pour rétablir l’honneur du Mali que les maliens en majorité ont élu IBK en 2013.
Dans le climat de confusion, marqué par l’absence criarde de l’Etat sur la quasi-totalité du territoire, en ce que même à Gao et Tombouctou l’État n’existe que par le soutien et l’engagement de certains mouvements armés, la perte du monopole de la violence par l’État, l’abandon par l’administration et la justice de Teninkou, Youwarou, la fermeture des écoles à seulement 05 kilomètres de Sevaré, l’insécurité au quotidien avec son lot de vendetta, d’attaques terroristes, de conflits intra et inter-communautaires, d’omerta des populations et de débâcles des Famas lors des confrontations, la question du renouvellement ou non de la confiance du peuple à IBK sera posée par l’organisation d’une élection présidentielle en juillet 2018.
24 candidats dont IBK se sont mis sur les starting-blocs.
Au cours de la campagne avec Ras bath du CDR, Me Touré Abderhamane Ben Mamata, Ibrahim Ikassa Maiga, Abdel Kader Souley Maiga, Moulaye Oumar Haidara, Me Demba Traoré, Racine Thiam, Nouhoun Togo, Etienne Fakaba Sissoko et d’autres nous n’avions de cesse attiré l’attention du peuple du Mali sur l’impérieuse nécessité de sanctionner, conformément à l’esprit de l’alternance démocratique, les 05 ans d’échecs d’IBK dans pas mal de domaines et surtout sécuritaire pour la résolution desquels les Maliens l’avaient choisi en 2013.
Des 24 candidats, hormis le Président candidat IBK, les candidats Harouna Sangaré et Mme Kanté Djeneba N’diaye, les 21 autres ont bâti leur campagne sur une critique véhémente et objective de la gouvernance IBK et ont tous, à raison estimé que pour le salut du Mali nulle confiance du peuple ne devrait être renouvelée au candidat IBK.
Un des soutiens importants et notables du candidat Cheikh Modibo Diarra, en la personne du PM Moussa Mara aurait déclaré « préférer avoir pour hôte l’enfer que d’accorder sa confiance au candidat IBK ».
Des 21 candidats, un d’entre eux, en la personne du candidat Soumaila Cissé, challengera, en ballotage défavorable, au second.
Les Maliens assisteront, médusés à un spectacle curieux et ahurissant : hormis les candidats Dramane Dembelé et Dr Choguel Kokalla Maiga, restés cohérents et lucides, en appelant à soutenir le candidat Soumaila Cissé au second tour, le reste des 21, sous de fallacieux prétextes et arguties, nous en ont mis plein les yeux et les oreilles de ce lamentable spectacle à savoir:
Le candidat Aliou Diallo ne donne pas de consigne de vote au profit de Soumaila,
Cheik Modibo Diarra, avec à ses côtés le PM Moussa Mara, estime que c’est une « chaise musicale que de remplacer IBK par Soumaila Cissé » donc ne donne pas de consigne de vote,
Me Mountaga Tall ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Modibo Sidibé ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Igor Diarra ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Moussa Sinko Coulibaly ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Me Mohamed Ali Bathily ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Dr Oumar Mariko ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Dr Hammadoun Touré ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Modibo Kadjogué ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Niankoro Yeah Samaké ne donne pas de consigne de vote pour Soumaila,
Par contre, Kalifa Sanogo appelle à voter IBK,
Poulo appelle à voter IBK,
Mohamed Koné appelle à voter IBK.
Mamadou Traoré appelle à voter IBK
En plus des irrégularités flagrantes et les tripatouillages monstrueux, la voie royale venait d’être allègrement tracée pour la victoire du candidat IBK en ballotage favorable au second tour.
Mon cousin Kourchanzeini du village me confia alors « si les 21 candidats étaient restés tous cohérents en appelant à voter Soumaila Cissé, vu la pression et le mécontentement populaires audibles à Bamako et ailleurs, le candidat IBK, quoiqu’en ballotage favorable n’aurait jamais revendiqué ou accepté, quelque victoire que ce soit au second tour « .
Mais les Maliens seront interloqués par une seconde curiosité, au mois d’octobre 2018, ceux là mêmes qui avaient vertement critiqué la gouvernance IBK en 2018, en prenant bien soin de voter pour lui au second tour et surtout en se gardant de voter pour le candidat de l’espoir Soumaila Cissé en Août, forment une coalition pour disent-ils, défendre la Constitution du Mali contre les abus d’IBK. Il s’agit de Dr Oumar Mariko, Gnal Moussa Sinko Coulibaly, le PM Moussa Mara et le Ministre Poulo.
Une troisième curiosité ce quatuor est constitué de soutiens assumés ou de l’ombre et d’acteurs réels du funeste coup d’État du 22 Mars 2012.
Mon cousin Kourchanzeini a-t-il raison de croire que la même motivation, bassement ethnocentrique primaire à la base du funeste coup d’État du 22 Mars 2012, du soutien à ce funeste prononciamento, du vote massif en faveur d’IBK en 2013, du refus de la plupart des candidats de donner des consignes de vote en faveur du candidat de l’espoir Soumaila Cissé en 2018, sont à la base de l’acharnement à exiger la démission du PM Soumeylou Boubèye Maiga ?.
J’ose croire que non.
En ce qui me concerne, j’estime qu’il convient d’abjurer toute motivation ou considération ethnocentrique, de maudire toute tentation de prononciamento, de n’être mû que par le sauvetage de la plus belle et seule richesse que nous ayons en partage : le Mali.
C’est pourquoi, pour une fois, je suis au soutien de la décision de dignité, de sincérité, de loyauté, de responsabilité, de lucidité d’IBK se refusant à démissionner le PM Soumeylou Boubèye Maiga.
Je l’exhorte à davantage de lucidité en mettant au service du Mali les apports de tous ses fils, dont il tirera la substantifique moelle, pour s’être illustré, chacun à un moment donné de leur parcours professionnel et sacerdotal, en l’occurrence Soumaila Cissé, Djibi Tall, Choguel Kokalla Maiga, l’imam Mahmoud Dicko, Mohamed Ali Bathily, Mohamed Youssouf Bathily Ras bath, Hamadoun Dicko, Nouhoum Togo, Moulaye Oumar, Konimba Sidibé, Dramane Dembelé, Sadou Harouna Diallo, Ousmane Issoufi Maiga, Ould Sidi Mohamed, Alhamdou AG ilyene, Zeidane AG Sidalamine, et bien d’autres Malick Alhousseini, Prof Ali Nouhoun Diallo, Dr Oumar Mariko et bien d’autres responsables du COREN, du Collectif Tabital Pulaku, Guina Dogon,Temed, Association des Bellah, les responsables du Sahel occidental, le Chérif de Nioro etc etc etc.
Me Maliki Ibrahim
Avocat au barreau du Mali