La future élection présidentielle ébranle le landerneau politique malien. Des responsables politiques et des hommes d’affaires semblent dans la dynamique de ne manquer pour rien au monde cette bataille historique. Comment vont-ils s’y prendre alors que l’opinion publique désapprouve, en majorité, les acteurs et compagnons de l’ère démocratique ?
Écrit par le figaro.fr étudiant, l’opinion publique est l’ensemble des convictions, des préjugés, des jugements, des croyances et des valeurs partagées de la population d’une société. Partant de cette définition, nous sommes en mesure d’affirmer qu’elle est d’une importance capitale dans le système démocratique pour le choix de celui ou celle qui doit présider à la destinée d’un Etat.
Invitée dans les urnes à l’occasion de la présidentielle de 2022, l’opinion publique malienne aura choisi le successeur de Bah N’Daw, président de la transition, à la tête de l’Etat. Dans les états-majors des partis le ton semble donner à travers des activités politiques sur le terrain. De même la naissance de certains mouvements à connivence politique dont les plus importants sont le Mouvement pour la refondation du Mali (MOREMA) de Me Kassoum Tapo, la Convergence pour la République (CR) d’Abdoulaye Idrissa Maiga, le Mouvement Benkan de Mamadou Coulibaly, PDG de CIRA Immo, la plateforme d’Appel Citoyen pour la Réussite de la Transition (ARCT) d’Issa Kaou Djim…
Réalité sur le terrain
En effet, cette volonté des politiciens et des hommes d’affaires visiblement engagés dans la bataille pour le fauteuil de Koulouba contraste avec la réalité sur le terrain, ou du moins ce que pense une bonne partie de l’opinion publique.
Envahi par des difficultés de tous ordres, le citoyen malien prend, aujourd’hui, comme responsable de son malheur, du Mali, des hommes politiques et tous ceux qui ont gravité autour d’eux durant les 30 ans de la démocratie. C’est pourquoi, dans certains discours populaires, partagés par une bonne partie de l’opinion publique, il ressort le « tout sauf des responsables politiques ou des hommes d’affaires » pour succéder à l’actuel président de la transition.
Suivant les explications qui illustrent ce rejet des « acteurs civils » de la démocratie, selon eux, il y a l’effondrement successif des régimes démocratiques, accusés d’avoir accru les inégalités, la mal gouvernance et la monopolisation du pouvoir par une classe affairiste nouvellement constituée. Cet état de fait va faire accroître le mécontentement populaire, critiqué par l’écrasante majorité des jeunes adeptes des réseaux sociaux, espace de liberté d’expression pour certains ou de dénonciation pour d’autres. La situation du pays fera donc naître un nouveau type de nationalisme, anticolonial, activiste et résolument engagé pour le changement dans le pays.
Présentement, les faits et gestes des hommes qui animent le débat politique sont indicateurs. Ils semblent comprendre le désir du peuple d’élire à la tête du pays un homme intègre qui mesure la hauteur de la fonction présidentielle, capable de mettre le pays sur les rails, capable de mettre le peuple au travail.
Du haut de la colline de Banconi où il réside, le chef d’Ançar Dine, Ousmane Cherif Madani Haidara, président du HCIM, s’adresse à ses disciples et demande d’attendre des consignes pour l’élection présidentielle à venir.
« Préparez-vous et préparez vos proches, d’ici les prochaines élections au Mali… Ce jour-là, nous dirons ce que nous aurons à dire… Au stade où se trouve le Mali aujourd’hui, nous nous devons d’affirmer enfin notre présence. Personne ne vaut mieux que nous pour assumer et personne n’est mieux placé que nous pour y prétendre… La conduite actuelle du pays nous oblige à nous y préparer…», lance-t-il. Une première pour le guide des Ançar de tenir de tel discours. Mais, qui soutiendra –t-il ? Difficile de répondre. Mais une chose est sûre, Haidara entend s’impliquer pleinement dans l’élection présidentielle de 2022.
Rupture
Acteur majeur du mouvement démocratique et président CNID-Association Issaga Traoré est de cette race des anciens qui soutiennent une rupture avec la classe dirigeante depuis 30 ans. « Si ces mêmes politiciens de 1992 reprennent le pouvoir c’est fini… Ils ont échoué. Il ne faudrait pas non plus qu’on nous amène des hommes d’affaires. Ça sera la même chose », ajoute-t-il.
Si l’action politique consiste à conquérir le pouvoir pour l’exercer, il faut dire qu’en démocratie le peuple doit accorder, en principe, sa confiance à celui qui pourra valablement l’exercer. A celui qui saura remplir sa part de contrat dans l’intérêt supérieur de la nation, car autant il est indispensable pour le peuple de choisir ce qui lui est mieux pour garantir le vivre ensemble, l’harmonie et le développement durable dans la société, autant il doit, désormais, renoncer à être le bétail électoral et jouer dignement son rôle de citoyen. La romancière Fatou Diom ne nous dit-il pas, dans son œuvre intitulée « Le ventre de l’Atlantique », que « chaque miette de vie doit servir à conquérir la dignité » ?
Ousmane Morba
L’Observatoire