Les Maliens apprendront à leurs dépens que le régime en place n’a jamais géré ce pays autrement que par le bricolage et l’improvisation sans fin. A l’évidence, l’organisation matérielle des élections générales de cette année ne pouvait donc, en toute logique, échapper à cette marque d’incompétence. Coincé par son impréparation criarde et son manque total d’anticipation, au détour de la quasi-totalité des articles de la loi électorale les plus sensibles, le régime du président IBK n’a d’autre choix que la fuite en avant. C’est ce qui nous vaut déjà le fait inédit de l’utilisation pour un même scrutin de deux cartes d’électeurs : la carte d’électeur biométrique soi-disant et la carte NINA. Dans la foulée de la même fuite en avant à grande enjambée, le même gouvernement (bricoleur) propose aux maliens deux types de bulletins de vote pour le même scrutin : le bulletin unique au 1er tour et les bulletins multiples au second tour. C’est du jamais vu comme pour les deux cartes d’électeurs. A cette différence près que ce serait un recul par rapport aux acquis du processus électoral de notre pays, un retour triomphal mais peu glorieux vers les années noires de la fraude électorale à grande échelle que nous avons connue ici au Mali sur les bulletins de vote multiples. Agiter les nouvelles mentions inutiles prévues au dos du bulletin de vote pour nier toute possibilité de fraude n’est que de la poudre aux yeux. Qui n’empêchera nullement de voir clairement que les bulletins multiples du second tour de la présidentielle du 29 juillet 2018 verront se développer à ciel ouvert les marchés frauduleux de la vente au prix fort des bulletins du candidat pour lequel on n’aurait pas voté. Chacun le sait, les bulletins multiples ne peuvent être que du pain béni pour ceux qui, goinfrés et repus d’argent sale volé de l’Etat, se disent généralement qu’une élection ne se gagne que par les achats de voix.
C H Sylla
Source: L’Aube