Sécurité

G 5 Sahel : Option militaire oui, mais un développement local serait encore mieux

Les attaques  djihadistes se propagent de plus en plus dans le corps physique des pays du Sahel, en  dépit, des multiples opérations militaires. Beaucoup commencent à émettre des doutes   sur l’efficacement de ces opérations militaires qui n’arrivent pas  à circonscrire le mal. Apparemment les pays du G5 Sahel ont compris qu’une action militaire ne suffit  pas et qu’il va falloir mettre un accent particulier sur le développement local. C’est  ce qui explique la dernière rencontre des chefs d’Etat   du G5 Sahel à Nouakchott.

La capacité de nuisance des terroristes est loin d’être annihilée. Elle est même entrain de prendre des tournures inquiétantes  en prenant la forme d’une guerre communautaire qui ne dit pas son nom.

L’attaque meurtrière de Koulougo dans le cercle de Bankass le premier janvier 2019 qui a couté la vie à plus de 37 peulhs et qui a nécessité le déplacement du président de la République dans la localité est venue rappeler que le contexte de djihadisme est largement dépassé. Cette attaque meurtrière associée  à celle de la localité de Yirbou Fouldé dans la nuit du 31 decembre au premier janvier 2019 dans la province de Sametanga située à 200 Kms de Ouagadougou démontre plus que jamais que la solution doit être globale. Cette attaque meurtrière qui a fait plus de 50 victimes essentiellement des peulhs  a également nécessité le déplacement du président du Faso Roc Marc Christian Kaboré  est la preuve que problème similaire nécessite action similaire. Le Ministre Burkinabé de la communication Remy Fulge Djandjino n’a pas eu assez de mots pour reconnaitre que Ouagadougou n’est plus à l’abri de la tragédie d’une guerre communautaire. Cette  attaque contre Yirbou a poussé le gouvernement de Paul Keba Tieba à comprendre que cet adage Moré qui dit  que « quand la case de ton voisin brûle, il faut mouiller ta barbe », ce qui corrobore avec cet autre adage bambara qui dit que deux margouillats se battent il faut intervenir. Aussi du Seno au Liptako Gourma, la crise a gagnée l’est du Burkina Faso, une zone forestière que se partage le Faso, le Togo et le Benin. Cela prouve que les terroristes ont bel et bien un plan en tête prendre en tenaille les pays du Sahel pour ensuite s’occuper des pays côtiers. La preuve de cette stratégie a été révélée lors de l’attaque de Grand Bassam en mars 2016. Cette stratégie a eu pour résultat 21 attaques terroristes  dont 14 dans les provinces du Kapienga et de la Komandjari. Voyant le mal venir le Niger a placé sous haute surveillance militaire les départements de Say, de Torodi et Tera  dans la région de Tillabery. Une façon aussi de se préparer au cas ou la guerre communautaire qui touche la région malienne de Menaka  déborde sur son territoire. Même le Tchad qui  dispose de l’armée la plus puissante des pays du G5 fait face à des groupes djihadistes venus de Libye dans le Tibesti. Cette situation d’insécurité généralisée qui n’épargne que la Mauritanie pour le moment   peut  être circonscrite à condition que les zones déshéritées de ce vaste nomansland . Pour que cette population longtemps délaissée n’épouse les idées djihadistes , les partenaires des pays de la région ont décidé de mettre la main à la poche. Partant, ils ont décidé de débloquer  2,4 milliards d’euros en faveur des pays du G5 Sahel, ils ont fait la promesse à Nouakchott en présence des présidents du Groupe. Ce financement concernera 40 projets qui ciblent le Hodh mauritanien, le centre du Mali, le nord du Burkina Faso, les régions de Tillabery et de Tahoua au Niger, la zone du lac Tchad et le Kanem. Pour que les lignes puissent bouger comme souhaiter par les chefs d’Etat, les dépenses seront reparties entre les différents pays partenaires. Aussi dans le cadre du programme  développement d’urgence   le Hodh mauritanien bénéficiera du soutien de la France et de l’Allemagne qui  s’associeront pour un programme d’approvisionnement  en eau potable et un plan d’assainissement. L’Union européenne de son côté veillera sur un plan de résilience sur les populations concernées. Dans la région du Liptako-Gourma  repartie entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, l’Allemagne en association avec le Danemark     feront le nécessaire pour prévenir les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Si ces programmes venaient à se concrétiser  c’est serait du pain béni pour les jeunes de la région de Mopti qui depuis   la suspension des activités touristiques ne savent plus à quel saint se vouer. Ils deviennent de facto des proies faciles pour les djihadistes qui peuvent les utiliser pour la pose de mine  et autres sales boulots.

Abdoulaye Kounta

Source : Le Triomphe du Mali

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