Lors de la traditionnelle présentation des vœux au Président de la République, au Palais de Koulouba, la présidente de la Cour Constitutionnelle, Mme Manassa Danioko a dénoncé des pratiques qui portent gravement atteinte au bon fonctionnement de l’Etat. Elle invite le gouvernement à prendre ses responsabilités pour réinstaurer l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national. |
Mme Manassa Danioko a, au nom de tous les membres de la Cour Constitutionnelle, formulé ses vœux les meilleurs pour « davantage de santé, de paix intérieure, de bonheur et de prospérité pour IBK et le peuple malien ». Elle a souhaité à IBK, plus de capacité d’écoute pour entendre les cris du peuple malien (jeunes, femmes, vieux), mais aussi, de fermeté et de rigueur dans le traitement de tout document qui porte atteinte à la souveraineté, l’indivisibilité, la laïcité de l’Etat et qui compromet le vivre ensemble.
Elle a également adressé ses meilleurs vœux à tous ceux qui, loyalement, accompagnent le président de la République dans l’accomplissement des missions régaliennes. Elle a eu une pensée pieuse à l’endroit des FAMA, à qui, elle a réaffirmé le soutien, sans réserve, de la Cour Constitutionnelle, dans l’exécution de leurs «tâches divines et régaliennes ». Manassa a imploré le Tout Puissant, afin qu’il protège les Famas dans leurs missions de défense et de sécurisation de l’Etat.
Comme il fallait s’y attendre, la présidente de la Cour Constitutionnelle a saisi l’occasion pour dénoncer, énergiquement, certains comportements et pratiques qui portent atteinte, gravement, au fonctionnement de l’Etat.
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L’une des missions de la Cour Constitutionnelle, a-t-elle indiqué, est de faire comprendre à toutes et à tous, la notion de l’Etat et la raison d’Etat, c’est pourquoi, elle a rappelé que le citoyen n’a pas que de droits, il a des devoirs. Tout citoyen doit maîtriser et intégrer la notion d’Etat dans tous ses actes de tous les jours.
Après avoir brièvement rappelé les missions de la Cour Constitutionnelle, Manassa Dagnoko n’a pas tarder d’attirer l’attention des plus hautes autorités sur l’impunité, l’incivisme, l’anarchie, la violation constante de tous les droits, le non-respect des décisions de justice devenus monnaie courante au Mali. Pour elle, aucune violation de la loi et des droits ne doit rester impunie. Elle demande au gouvernement et à toutes les institutions de la République à prendre leurs responsabilités pour une meilleure gestion des affaires publiques.
«La confidentialité dans les affaires publiques n’existe plus. Les documents les plus importants sont diffusés sur les réseaux sociaux car la discipline et la sanction administrative ne sont plus de rigueur » a-t-elle déploré.
Selon Manassa, il relève exclusivement des compétences du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, dans le traitement de tout dossier qui porte atteinte à la souveraineté, l’indivisibilité, la laïcité de l’Etat, de faire l’application de la loi dans toute sa rigueur. Ce ministre étant au sommet du Parquet, ajoute-t-elle, il lui incombe de préserver l’ordre publique.
La présidente de la Cour Constitutionnelle a laissé entendre qu’ « il ne doit avoir de justice sélective et les juges ne doivent être soumis à aucune contrainte. Ils doivent rendre la justice en toute conscience, en toute indépendance en appliquant seulement la loi. Ils ne doivent recevoir aucune indication, instruction. Ils doivent avoir à l’esprit la teneur de leur serment ».
Manassa d’ajouter que le Mali a besoin du juge qu’il faut à la place qu’il faut, du juge qui observe déontologie et éthique. «Comment comprendre la diffusion sur les réseaux sociaux des décisions de justice. Comment comprendre des procureurs de la République qui donnent l’impression de décider à la place du juge jugeant, alors qu’ils n’ont que pour rôle de veiller sur l’ordre public, de protéger la société ? »
La Cour constitutionnelle, fidèle à son rôle de veille, a également interpellé le ministre de l’Administration Territoriale à prendre toutes ses responsabilités dans la gestion des partis politiques. Le ministre de l’Administration Territoriale, a son avis, doit, constamment, informer et former les partis politiques sur leurs obligations, surtout sur l’interdiction qui leur est faite de portée atteinte à la sécurité et à l’ordre publique. La Cour Constitutionnelle se dit préoccupée par le non-respect des textes constitutionnels et légaux par les partis politiques. Toutes choses qui favorisent l’anarchie, l’impunité et le désordre. Face à cette situation, Manassa Dagnoko appelle les acteurs politiques au respect des dispositions constitutionnelles et législatives.
Le droit de grève, aux dires de Manassa Danioko, est garanti par la Constitution mais doit s’exercer conformément aux lois et règlements qui en définissent les modalités pratiques de mise en œuvre. C’est ainsi que la Cour Constitutionnelle a saisi l’occasion pour dénoncer les grèves incessantes dans les secteurs vitaux comme la santé, l’éducation, la justice. Selon elle, dans certains pays de vieille démocratie, la grève n’est pas autorisée dans ces secteurs vitaux.
«Que deviennent le serment d’Hippocrate quand le médecin abandonne, pour raison de grève, une femme enceinte en difficulté sans secours ? Pourquoi priver les enfants d’éducation par des grèves incessantes ? Comment expliquer cette radicalisation des revendications qui portent sur des droits non acquis depuis des années d’indépendance par des citoyens d’un pays en guerre ? Que vont-ils répondre devant le tribunal de l’histoire ? », S’est longuement interrogée la présidente de la Cour Constitutionnelle.
S’agissant toujours des problèmes de l’école malienne, Manassa Dagnoko a affirmé que «les étudiants semblent être victimes de ceux chargés de les former ». C’est pourquoi, elle invite le Premier ministre à prendre des mesures appropriées pour améliorer la qualité de l’école malienne, cela pour le bonheur des Maliens et l’avenir de la Nation. Mme Manassa Danioko a conclu son propos, en assurant que la Cour Constitutionnelle, contre vents et marées, continuera de dénoncer toutes les velléités, toutes les violations des dispositions constitutionnelles et toutes les atteintes à la souveraineté, l’indivisibilité et à la laïcité de l’Etat .
Sidiki Berthé
Source : Le Serment du Mali