Le M5-RFP va désormais se contenter de jouer son rôle de sentinelle sur la gouvernance de la transition.
A force de vouloir tout pour soi, on finit par tout perdre. Le M5-RFP est sur cette lancée, il n’a obtenu ni la Présidence ni la primature de la transition. Son intransigeance, sa détermination à ne rien lâcher ont fini par se retourner contre le mouvement.
Le 5 juin 2020 marque un tournant décisif dans la manifestation d’une partie de la classe politique et de la société contre le régime démocratiquement élu du Président IBK. Ce groupe hétéroclite, sous l’autorité morale de l’imam Mahmoud Dicko, mobilisait certes la rue pour d’abord réclamer la bonne gouvernance, puis la démission du Président Kéita. Le fauteuil de Koulouba est devient l’unique obsession de Choguel Kokala Maïga et ses acolytes.
Malgré les mains tendues du désormais ex-président IBK pour la gestion consensuelle du pouvoir, le M5-RFP rejeta l’offre. Se croyant en position de force, le mouvement s’est tout permis, oubliant qu’à un village, il y un village lointain. Effet de surpris, le M5-RFP sera pris à court par un groupe d’officiers qui, d’une mutinerie, ont passé à un coup de force en séquestrant le Président IBK, son PM Boubou Cissé et les membres de son gouvernement restreint, le président de l’Assemblée nationale Moussa Timbiné, et certains officiers de l’Armée.
Dr Choguel K. Maïga, Issa Kaou Djim, Me Mountaga Tall, Mme Kadiatou Sow, Modibo Sidibé, Dr Oumar Mariko, crient à la victoire, soutenant que le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), la junte militaire, a parachevé la mission du mouvement. Les premiers jours sont une lune de miel entre le CNSP et le M5-RFP comme l’atteste la manifestation du vendredi 22 septembre 2020 à la Place de l’indépendance. Pourtant, le CNSP n’est pas ce bon samaritain en qui il faut avoir confiance.
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Le M5-RFP le saura à ses dépens, lorsque le CNSP est passé à la vitesse supérieure en choisissant colonel Assimi Goïta Chef de l’Etat, en organisant les concertations nationales sans association réelle du M5-RFP. Puis la désignation du colonel Bah N’Daw comme Président de la Transition, enfin le choix de Moctar Ouane comme Premier Ministre. Un véritable camouflet asséné au mouvement auquel la junte militaire avait demandé de lui fournir la liste de trois personnalités en son sein pour occuper la Primature. Certains n’ont pas tardé à mordre à l’hameçon. La quinzaine de CV envoyés ont été placés dans les placards, au regard de l’unanimité qui entache le mouvement. Le CNSP a compris que ce mouvement ne peut gérer les affaires. D’où son choix porté sur cet oiseau rare, ce technocrate de Moctar Ouane.
Le Conseil national de transition est l’unique organe, législatif, qui reste à mettre en place. Les chances du M5-RFP pour le présider sont minimes.
Cyril Adohoun
L’Observatoire