C’est l’une des questions que les Maliens se posent ces derniers jours au regard de l’évolution de la situation politique du pays caractérisée par les concertations et visites de courtoisie entre partis politiques d’une part, et entre acteurs de l’opposition et de la majorité présidentielle d’autre part.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita a amorcé, depuis quelques semaines, une série de concertations avec les principaux acteurs de la classe politique malienne. C’est dans ce cadre qu’il s’est concerté, à maintes reprises, avec chef de fil de l’opposition, Soumaïla Cissé et d’autres ténors de la classe politique. Ces rencontres entre IBK et l’homme fort de l’opposition ont été diversement interprétées. Mais le suspense demeure toujours sur l’issue des apartés entre le président de la République et le chef de file de l’opposition. Si pour certains, ces concertions permettront d’apaiser le climat politique qui est délétère depuis la tenue de l’élection présidentielle, d’autres observateurs pensent qu’elles pourraient aboutir à la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Aujourd’hui, ce qui est sûr et certain, c’est que de la contestation des résultats de la présidentielle et de la légitimité du Président la République IBK, l’opposition a fini par prendre la main tendue de celui-ci. En acceptant cette main restée longtemps tendue, l’opposition, avec à sa tête l’insaisissable Soumaila Cissé, serait prête à travailler, désormais, avec IBK bien qu’illégitime, mais à une condition : la demission de Soumeylou Boubèye Maïga de la Primature. L’opposition, du moins le camp Soumaila Cissé, ne serait pas prêt d’aller dans un gouvernement d’union nationale avec l’actuel Premier ministre. En refusant de rencontrer Soumeylou Maïga, malgré les multiples sollicitations de celui-ci, le chef de file de l’opposition a étalé son désamour vis-à-vis au Premier ministre. Le désamour de Soumi pour Soumeylou s’expliquerait par le fait que le premier accuse le second d’être responsable de sa perte à l’élection présidentielle.
Selon des sources bien informées, l’opposition ne serait pas la seule à souhaiter le départ de Soumeylou Boubèye Maiga de la Primature. Ils sont, de plus en plus nombreux, les responsables du parti présidentiel (RPM) qui ne veulent plus sentir Soumeylou Boubèye Maïga à la Primature pour une raison connue de tous. Ceux-ci l’accusent de servir son propre parti politique (ASMA CFP) au détriment du RPM. En clair, certains responsables du RPM ne comprennent et ne digèrent pas la forte transhumance de leurs militants vers l’ASMA CFP. A noter que ces derniers mois, plus d’une dizaine de députés ont quitté les rangs du RPM pour le parti du Premier ministre, Souleylou Boubèye Maïga.
Depuis quelques semaines, certains leaders religieux (Mohamoud Dicko du HCIM et le chérif de Nioro) nourrissent une conspiration sans précédente contre le premier ministre dont il exige la démission.
Si la relance du dialogue avec l’opposition a donné l’effet d’une bouffée d’oxygène à IBK, force est de constater que le départ de l’actuel Premier ministre souhaité par l’opposition et certains responsables du RPM donne également du fil à rétorque au locataire de Koulouba.
IBK va-t-il céder à cette pression de l’opposition, de son propre parti et des leaders religieux pour lâcher un ‘’allié aussi sûr’’ comme Soumeylou Boubèye Maïga au nom d’un gouvernement d’union nationale ? Va-t-il remercier celui qui lui a tout donné (victoire à la présidentielle), au profit de ceux qui ne l’ont jamais reconnu comme président de la République, du moins officiellement? C’est la principale équation qu’IBK et ses conseillers devraient résoudre. Sans erreur. Car de la résolution de cette équation, dépendra un réel apaisement de la situation politique. En entendant, cette situation met, non seulement le locataire de Koulouba dans l’embarras, mais aussi, elle trouble son sommeil.
Aboubacar Berthé
Le Serment du Mali