Pour le Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, beaucoup de ‘‘Théoriciens du Droit’’ qui pensent tenir dans la grève des magistrats pour ‘’une occasion supplémentaire de se promouvoir’’, doivent savoir que «le Droit de grève va avec l’obligation d’un service minimum, parce que nous avons à préserver l’exercice de tous les Droits constitutionnels», ajoute-t-il.
Soumeylou Boubèye Maïga ne lâche pas du lest dans le dossier des magistrats grévistes.
A Mopti où il était la semaine dernière, le Chef du Gouvernement est revenu sur cette situation qui pourrit la vie de tous les citoyens.
En effet, bientôt trois mois que les deux syndicats des magistrats sont en grève illimitée pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Cette situation paralyse la vie du point de vue judiciaire puisque des milliers de détenus croupissent dans les prisons en attente de jugement et la délivrance de certaines pièces administratives ne se fait plus.
Malgré les appels à la reprise de service, les magistrats grévistes restent campés sur leur position. Ce qui a contraint le PM à réquisitionner certains magistrats. Mais cette décision semble équivaloir à la mise de l’huile sur le feu.
Montés au créneau, les magistrats réclament la tête de Soumeylou Boubèye Maïga, de leur Ministre de tutelle Tiéna Coulibaly et sa collègue du Travail et de la Fonction Publique Mme Racky Tall et celle de Nouhoum Tapily de la Cour Suprême. Un bruit qui n’a pas ébranlé d’un iota la détermination du PM à aller jusqu’au bout.
Le 13 octobre 2018, au cours de son déplacement à Mopti, le Premier Ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, est revenu sur la question.
Selon lui, les défis qui attendent le Mali demandent à chacun de donner un peu de lui-même, sinon on ne pourrait pas en sortir. Car, actuellement, au-delà du Gouvernement, le pays tout entier est confronté à cette grève illimitée. Et le Gouvernement a été obligé de prendre, comme tout le monde le sait, un Décret pour réquisitionner les personnels qui sont, de par la loi, astreints au service minimum, de manière à ce que les citoyens puissent continuer de bénéficier du service public de la Justice.
«Bien sûr, à l’occasion, nous avons entendu beaucoup de choses. Beaucoup de Théoriciens ont pensé qu’ils tenaient là une occasion supplémentaire de se promouvoir, mais je voudrais dire que le droit de grève va avec l’obligation d’un service minimum, parce que nous avons à préserver l’exercice de tous les droits constitutionnels », a élucidé le PM.
Et celui que d’aucuns surnomment le Tigre d’ajouter : «Le Droit de grève est un Droit constitutionnel mais qui s’exerce dans le cadre de la loi. Si le pays reconnait à quelle que catégorie que ce soit la possibilité de faire grève de manière illimitée, cela veut dire que le pays donne le droit à une de ces composantes de prendre l’ensemble national en otage; donc, en contrepartie du droit de faire grève, le Gouvernement doit faire tout pour que les citoyens aient accès au service public. Cet accès-là est un droit constitutionnel, que ce soit l’éducation, la justice, la santé et autres. Et, du reste, l’Etat d’urgence dans lequel nous sommes ouvre, de fait, de manière automatique, le droit de réquisitionner les biens, les services et les personnes. Nous allons le renouveler autant que de besoin».
A en croire le Premier Ministre, «le Gouvernement continuera de respecter tous les engagements qu’il a pris ; mais, pas ceux qu’il n’a pas pris. Le seul engagement financier que le Gouvernement a pris, c’est d’augmenter de 10% les salaires à compter de 2017 et c’est ce que nous faisons».
Evaluation de la réquisition
Pour se rendre compte de l’observation de la réquisition, le PM a promis de faire le point de l’effectivité du service minimum cette semaine en cours sur la base de la réquisition faite.
«Le cas échéant, nous saisirons le Conseil Supérieur de la Magistrature pour un certain nombre de mesures d’accompagnement, y compris les mesures relatives à la mobilité des personnels, de manière à ce que ceux qui sont prêts à travailler puissent le faire dans des positions où ils sont en mesure de le faire au bénéfice des citoyens », a indiqué Soumeylou Boubèye Maïga.
Il s’agit pour le PG de ne « laisser aucun doute sur cet aspect-là »,…, de ne « laisser aucun doute qu’en l’état actuel », « le Gouvernement ne peut faire aucun effort financier supplémentaire parce qu’il serait insoutenable pour le pays et notre responsabilité ».
Le locataire de la Cité Administrative de Bamako entend préserver par-là l’équilibre général du pays dans un effort de solidarité partagé.
«C’est comme cela que nous pourrions avancer, sans porter préjudice à qui que ce soit, parce que c’est aussi cela la République. Nous avons beaucoup de défis à relever, mais nous ne pourrons le faire que dans un minimum de cohésion, dans une conscience assez claire sur le fait que nous avons un destin commun et que nous devons avancer collectivement», a soutenu Soumeylou Boubèye Maïga.
D.C.A
Source: Le SOFT