A cheval entre religion et politique, le parrain de la CMAS ne pouvait rêver meilleure occasion. En effet, comme si le sort des élèves et enseignants grévistes le préoccupait, l’imam Dicko, après sa tentative ratée de jauger ses forces aux législatives, a récupéré la crise scolaire pour renouer avec son public. |
La crise scolaire, la gouvernance de l’Etat, la situation sécuritaire au nord et au centre, ainsi que le traitement qu’en ont fait les hautes autorités sont les principaux sujets sur lesquels Mahmoud Dicko a tenu en haleine, plus d’une heure d’horloge, son auditoire essentiellement constitué d’adeptes coreligionnaires. Dans un discours ambigu, il a lancé un appel sans destinataire précis et dans lequel pourraient se reconnaître à la fois les autorités maliennes et les deux terroristes. L’imam Dicko a invité ses compatriotes à s’armer de tout outil dont ils disposent pour s’affranchir du joug islamiste qu’on veut leur imposer et les exhorte à prendre leur destin en mains devant l’incapacité du pouvoir. Toute chose qui a occasionné sa convocation au tribunal de la commune VI, pour explication. Empêché par ses partisans qui ont pris d’assaut ledit tribunal, le beau-fils de l’imam Dicko, non moins porte-parole de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (Cmas), Issa Kaou N’Djim, a lancé : « La marche du vendredi est maintenue. On va dire démocratiquement, IBK dégage, on ne veut pas de toi, démissionne ».
Et Mahamoud Dicko, pour sursoir à ladite marche, a estimé que ses propos ont été mal compris, déformés sur les ondes de l’Ortm. Il n’e s’est jamais prononcé sur le discours du porte-parole. «Je n’ai jamais appelé les Maliens à un soulèvement populaire, mais plutôt à une mobilisation citoyenne contre les terroristes», a-t-il précisé. C’est le Chérif de Niono, explique Dicko, qui l’aurait appelé pour lui demandé de sursoir à sa marche du vendredi. Au motif que le pays traverse une période très difficile. Il ajoute que ce dernier a été très sensible. Et comme pour faire croire que son mot d’ordre allait être suivi, le plus politique des imams maliens demande à tous les Maliens de respecter la volonté de son Chérif de Nioro. Il s’agit là d’un raisonnement qui ne tient pas. En effet, à l’entame de ses propos lors son meeting du samedi, la tête pensante du mouvement politico-religieux, Coordination des mouvements, associations et sympathisants (Cmas) a précisé avoir eu l’autorisation de Bouyé pour tenir son meeting. Il ajoute avoir également dévoilé au Cherif de Nioro le discours qu’il devrait prononcer. Comment en moins d’une semaine la même personnalité peut l’inviter à sursoir à ce qui devrait être la suite logique : la marche de protestation.
SBM avait raison
En effet, pour répliquer aux propos tenus par l’imam Dicko lors de son meeting du 10 février 2019, Soumeylou Boubèye Maïga a profité d’une de ses traditionnelles rencontres avec l’EPM pour le traiter d’acteur hybride. Il a qualifié l’Imam en dissidence ainsi que ses disciples et compagnons d’acteurs hybrides.
« Il y a des gens, chaque fois qu’ils sont vaincus sur un théâtre, changent de théâtre toujours avec les mêmes objectifs. Comme vous tous, j’ai vu la théâtralisation par rapport à l’appui que le gouvernement s’est fait le devoir d’apporter à une prière destinée à appeler à la paix et à la réconciliation. Franchement, on n’est pas plus impressionné que cela. Comme je l’ai dit souvent, nous avons à faire à des acteurs hybrides qui poursuivent le même objectif politique sous différentes facettes…», a analysé le Premier ministre au sujet des leaders religieux.
Il avait ensuite minimisé leur poids en ces termes : « Si nos adversaires étaient aussi forts, nous ne serions pas ici. Tous ceux qui s’agitent sont des gens qui ont voté et fait voter contre nous, qui agissent et continuent d’agir contre nous et pensent trouver des interstices et des passages pour nous déstabiliser». SBM avait ainsi promis d’affronter tous ceux qui se dresseront sur son chemin. Malheureusement, son employeur a fini par le sacrifier pour satisfaire aux caprices de ces mêmes religieux.
Bill Carson
La Preuve