A l’occasion de son adresse à la nation du 30 novembre 2019, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, tend une main plus franche et beaucoup moins équivoque à toutes les composantes du pays.
IBK passe, le Mali reste, a laissé entendre le président de la République pour la circonstance, pour exprimer son souhait de voir tous les fils dialoguer au nom de la survie de la patrie. Il s’agit notamment des plus réticents, à savoir : l’opposition et les groupes armés. C’est donc un président plus serein qui a invité ses opposants à ne pas rester en marge de la dynamique du Dialogue national inclusif (NDI), dont il a annoncé la tenue pour le 14 décembre prochain. «J’appelle au rassemblement et au sursaut, en droite ligne de ce que chaque dirigeant de cette vieille terre a fait quand les temps l’exigeaient, et en droite ligne de ce que ce peuple résilient a su faire contre tous les périls qui menaçaient son unité et son identité », a martelé le locataire de Koulouba. Le président IBK n’a pas manqué de rappeler que le pays est en guerre. Une guerre, selon lui, qui a endeuillé Ménaka le 17 janvier 2012, Aguel Hock le 24 janvier 2012 et depuis mars-avril 2012 avec reddition des capitales régionales que sont Gao, Tombouctou et Kidal.
Le premier des Maliens n’a pas passé sous silence ce que l’armée du Mali a valu dans le passé. « Non pas par charité, non pas parce que le Mali est un pays de mendiants. Mais parce que nous aussi, nous avons aidé partout, sur tous les fronts où il s’agissait de tendre la main à l’homme », dit-il, en rappelant au passage la participation du Mali aux grandes guerres mondiales, aux missions onusiennes ou africaines de maintien de la paix, aux côtés des freedom figthers en Afrique Australe. «Nous avons donné. Nous sommes en train de recevoir. Nous n’avons aucune raison de nous glorifier d’avoir tendu la main à ceux qui en avaient besoin hier », a-t-il relevé.
Le chef suprême des Armées estime dans la même veine que ses concitoyens non plus aucune raison de mordre la main de ceux qui leur tendent les leurs aujourd’hui. L’humilité et la gratitude étant des valeurs maliennes, il importe, ajoute-t-il, de ne pas les jeter dans le torrent de nos récriminations personnelles. Le président de la République s’est ainsi réjoui d’être du Mali, forgé par les vertus qui ont été inculquées au berceau et qui fondent son humanité. «Je suis de ceux qui, parmi vous, n’oublient jamais que les soldats que nous vouons aux gémonies, sont français, sénégalais, tchadiens, burkinabés, togolais, des êtres de chair et de sang, de jeunes mariés parfois, comme nos propres soldats », a-t-il expliqué. Et de faire savoir que chaque mort l’endeuille, l’interpelle ; civil, militaire, malien, non malien.
Quant au Dialogue national inclusif, IBK le définit comme le garant de la Constitution et rassure l’ensemble national que la mise en œuvre de ses conclusions et résolutions sera assurée par le mécanisme indépendant de suivi-évaluation dont le format et la composition lui seront proposés par les participants.
Ce faisant, le changement spectaculaire de fusil d’épaule par le locataire de Koulouba sonne comme un désarmement de l’opposition et de son chef de file qui ont reposé leur refus de prendre part au processus sur le caractère non-exécutoire des conclusions du Dialogue. La concession faite par le pouvoir sur le sujet devrait logiquement obliger ses opposants à lâcher du lest et à prendre le dernier wagon du train comme lors de la Conférence d’entente nationale, au risque de se mettre en marge du sursaut national que nécessite la sortie de crise.
A. KEÏTA
Le Témoin