La croisade contre la corruption et le détournement entreprise par la justice inquiète plus d’un aujourd’hui. L’argutie de ces détracteurs serait que le moment ne se prête guère un tel exercice, au regard, disent-ils de l’insécurité. Faut-il alors leur rappeler que les suspects ont opéré en période d’insécurité et qu’ils ont justement usé et abusé des contingences liées à cette situation pour se servir ? Aussi, il existe un lien très étroit entre l’insécurité et la corruption, l’une alimentant l’autre, délibérément dans certains cas.
L’on prétend en outre que les acteurs de la justice seraient animés d’un sentiment revanchard et engagés dans une mission de déstabilisation. C’est plutôt leur éternelle inaction qui aurait finalement conduit à cette conclusion. Trop longtemps accusée de fait partisan et d’actes de corruption (les accusations du diplomate allemand sonnent encore dans les oreilles), cette justice se devait de redorer son blason aux yeux l’opinion nationale et internationale. Aussi, elle est, elle aussi victime !
Suspects et accusés soutiennent pour leur part, avoir été trahis par IBK. L’actuel président malien n’est certainement pas parfait et il y a énormément de choses à dire à propos de sa gestion. L’heure du bilan viendra, Inch’Allah ! En attendant, il faudra bien lui rendre justice au moins sur un point.
A ceux-là qui crient aujourd’hui à la trahison, il convient de rappeler certains faits. Au mois de novembre 2013, alors fraichement élu à la tête de l’État, Ibrahim Boubacar Keita, déclarait ceci : « Je ne puis donc tolérer le détournement ou la mauvaise gestion des ressources publiques. […] Je prends l’engagement que personne n’entravera le cours de la justice. […] L’argent du peuple sera restitué, s’il doit l’être et ce, sans préjudice des réparations et poursuites requises». On ne peut plus cohérent !
Il convient de signaler par ailleurs qu’il fait plus et mieux que son prédécesseur lequel, pour des raisons sentimentalistes s’est abstenu de faire engager des procédures contre des suspects avérés parce que dit-il, ne souhaitant humilier son prochain ou tout simplement parce que celui-ci lui a décerné une médaille en or pour services rendus à la Nation (suivez mon regard !).
Comme pour dire que sur ce registre, IBK tient la dragée haute. Pour l’instant ! A ce rythme, il se réconciliera sans nul doute avec son peuple et peut espérer une honorable sortie. Et disons-le tout de suite : une éventuelle abdication aurait des conséquences plus désastreuses qu’une abnégation.
B.S. Diarra
La Sentinelle