Le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta, était à l’espace du Mémorial de la Base de la MINUSMA à Sénou, dimanche 27 janvier 2019, à la cérémonie funéraire des 10 Soldats tchadiens tués, le 20 janvier 2019, lors d’une attaque terroriste à Aguelhok, dans la Région de Kidal. «L’hommage du Tchad est dû », a-t-il déclaré.
Cet acte fort de reconnaissance et de solidarité du Président de la République, en ces moments de deuil, à l’endroit du Tchad, pays membre du G5-Sahel, et de la MINUSMA, rend hommage à ces dignes fils de l’Afrique venus combattre auprès du Mali, pour sa souveraineté nationale, la paix, la stabilité, la sécurité et la lutte contre le terrorisme.
La cérémonie a mobilisé autour du Président de la République, le Premier Ministre, les membres du Gouvernement, le Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République, le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies à la MINUSMA, les membres du corps diplomatique, des compagnons d’armes des disparus et nombreuses personnalités de la MINUSMA.
Devant les dépouilles mortelles de ses compatriotes tchadiens venus combattre au Mali, il y a seulement 10 jours et dont la moyenne d’âges comprise entre 20 et 36 ans, le Représentant Spécial du Secrétaire Général de la MINUSMA, Mohamed Saley Annadif, a salué la mémoire des disparus, lors de l’attaque du camp d’Aguelhok et adressé ses pensées pieuses aux familles éplorées.
«Pour beaucoup d’entre nous, les cérémonies de ce genre sont familières. Néanmoins , nous reconnaissons que, cette fois-ci, le bilan est lourd, certains nous dirons que ce bilan lourd est une preuve supplémentaire que la MINUSMA évolue dans un environnement difficile et qu’elle est toujours dans une position défensive, oubliant les réussites et les améliorations opérées pour plus de performances et pour une meilleure protection de nos casques bleus. Ils ont sûrement raison, mais les choses sont plus compliquées, ce qui s’est passé à Aguelhok, dimanche dernier, est une vraie bataille, qui a été minutieusement préparée par des assaillants, venus avec l’idée, tout au moins, d’occuper du terrain. Leur nombre, le type du matériel, le lieu et le moment choisis, à savoir 10 jours exactement après leur déploiement, le prouvent. Non pas seulement que ces jeunes casques bleus leur ont fait connaître une défaite, mais ils n’ont pas pu atteindre leur objectif. Bien au contraire, ils ont été défaits en laissant derrière eux plusieurs morts sans compter leurs blessés et les morts qu’ils ont réussi à embarquer au cours leur fuite», a soutenu Annadif.
Pour preuves, expliquera le Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU à la MINUSMA, c’est pleinement conscient du respect des règles d’engagement onusiennes et des principes sacrés des Droits de l’Homme que ces casques bleus d’Aguelhok ont accompli leur mission, dans une zone peuplée sans causer aucune perte humaine au sein des populations civiles.
Annadif a appelé ses camarades à servir d’un exemple, à se mobiliser encore plus pour contribuer à la sortie de la crise au Mali. Crise qui, malheureusement, est imposée par d’autres agendas.
La cérémonie a pris fin avec la sonnerie aux morts, la présentation des condoléances au contingent tchadien, les adieux et le départ des dépouilles mortelles pour leur rapatriement à N’Djamena, au Tchad, pour leur enterrement digne.
Oraison et honneur funèbres, décorations à titre posthume et dépôts de la gerbe de fleurs sur chaque cercueil des 10 soldats tombés ont été les moments de témoignage et d’hommage solennels rendus aux victimes.
«Comment venir en ce lieu et nous en retourner sans témoigner, sans dire le mot de réconfort, tenter de le faire en tout cas. Il est triste, ce chemin qui nous a conduit ici aujourd’hui, comme il fut triste celui qui nous conduisit également vers les invalides pour accompagner des jeunes soldats de Barkhane tombés sur le champ d’honneur, comme leurs frères tchadiens que nous célébrons ce matin. Oui, il fait les tragédies au monde pour qu’ils prennent conscience de la portée, des difficultés, de la mission qu’en notre nom à tous est confié aux Nations Unies, aux Nations Unies dont nous oublions quelques fois qu’elles sont nôtres, qui dans un effort d’intelligences rassemblées en avons convenus à San Francisco, au sortir de celle que nous souhaitions être la der des ders », a déclaré IBK, très éprouvé et marqué par la perte prématurée de jeunes vies tchadiennes dans leur combat pour la paix au Mali, pour témoigner la solidarité, la reconnaissance et la compassion du Peuple malien à l’endroit du Tchad et de l’ensemble de l’humanité.
S’adressant aux casques bleus, IBK dira que la fin de 20e siècle et le début du 21e sont troublés par la guerre asymétrique, d’intégristes, d’avant le Prophète PSL, menée au nom de l’obscure, où la mort n’est pas un accident, n’est même pas un sacrifice suprême, mais un but ultime au nom de la foi que l’on ignore et qui compromet les valeurs de paix, de solidarité, de tolérance.
«On nous observe, on est parmi nous, on nous sait, on nous épie, on s’insinue dans les failles possibles, et cela nous interpelle cette fois à plus de vigilance, mais aussi à des reconsidérations souvent douloureuses, mais auxquelles nous ne pourrons pas échapper, des vérités par rapport aux postures des uns et des autres », a indiqué le Chef de l’Etat. Avant de magnifier : « Et, dans ce combat des valeurs, ce pays ami, prêt à payer le plus fort… L’hommage du Tchad est dû, l’engagement du Tchad, est constant. Le Président Déby , Grand africain, a pris conscience parmi les tous premiers de notre communauté de destin et c’est pour cela qu’ensemble nous avons convenus qu’il nous fallait mutualiser nos efforts et nos capacités, en une force commune, pouvant être projetée et nous servir de bouclier par rapport à cette menace asymétrique; c’est cela la force conjointe du G5-Sahel».
IBK a salué la bravoure des soldats tchadiens et leur professionnalisme pour avoir épargné des vies civiles en respectant les règles de l’engagement. «Je viens, donc, au nom de la République du Mali, m’incliner devant les dépouilles de ces héros trop tôt partis. Mais, c’est également une leçon, une belle leçon de courage, d’abnégation, de sacrifice, toujours renouvelés auxquels nous sommes tous appelés. Dormez en paix soldats de la paix, que votre belle terre du Tchad, vous soit légère, vous êtes venus servir la cause de l’Humanité. Dormez en paix !!!», a déclaré IBK.
Cyril ADOHOUN
Source : L’Observatoire