Société

Imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali : «C’est le peuple qui est détenteur de la légitimité, il est temps qu’on impose ce qu’on croit être bon pour le pays… »

Un congrès dont la marraine était Mme Cissé Assoumao Barry, tenu le 3 aout à Bamako, a surtout été une tribune pour fustiger le comportement attentiste de la population. «Aujourd’hui, il est temps que nous les Maliens on se regarde les yeux dans les yeux et qu’on dise les choses par leurs noms. On a beaucoup tergiversé, il faut avancer. Le pays a longtemps tourné en rond ; depuis l’indépendance, c’est la même chose : on avance et on recule. Il faut que cela s’arrête », a déclaré l’imam Mahmoud Dicko qui en était le parrain.

Ce jour, l’imam Dicko s’est montré plus que jamais déterminé à jouer son rôle de veille et d’acteur de la société civile. C’était le tout premier congrès de la Fédération des associations et groupements de la société civile, et son parrain a ouvertement expliqué qu’il appartient désormais au peuple de s’assumer pour sortir le Mali de l’insécurité et de la corruption.

Face à la persistance de l’instabilité, l’imam Dicko a fait savoir que le peuple doit chercher à savoir ce qui empêche le pays d’avancer. « Le monde avance, nous on traine. Pourquoi on ne cherche pas la cause ? J’ai dit et je répète, nos pays ne connaissent pas de système. En Occident, c’est le système ; quiconque est choisi peut réussir. Chez nous, c’est le chef qui est responsable ; si ceux qui dirigent sont corrects le pays avance, s’ils s’arrêtent le pays s’arrête, s’ils sont malhonnêtes le pays devient malhonnête », a-t-il poursuivi.

Mais c’est surtout un message politique fort que l’imam Dicko a tenu à transmettre aux congressistes et aux Maliens en général. «C’est le peuple qui est détenteur de la légitimité. Il est temps qu’on impose ce qu’on croit être bon pour le pays. Les hommes politiques cherchent la légalité. Mais c’est le peuple qui détient la légitimité », a-t-indiqué.

Et Amadou Coulibaly, responsable du mouvement, d’emboiter le pas au parrain en demandant l’alternance dans la gestion des affaires. Le changement, c’est des élections, le Mali étant un pays démocratique.

Pour lui, il faut changer de gouvernance puisque les fondements du pays sont atteints. « Notre constitution, elle n’est pas applicable depuis 2013. Quand on arrive à ce niveau, nous on pense qu’il faut une alternance. On ne dit pas un coup d’Etat mais il faut un changement profond dans ce pays, il faut changer le système, changer ceux qui ne peuvent pas faire ce travail », a-t-il affirmé.

Ainsi, ceux qui sont parrainés par l’imam Dicko estiment que les citoyens doivent désormais ouvrir les yeux pour connaitre ceux qu’ils choisissent pour les gouverner. «Ce pays là est tellement corrompu à un certain niveau jusqu’à ce qu’on arrive même plus à le dire. C’est ce qui fait que tout le monde est devenu un peu malhonnête dans les faits et gestes. C’est pour cela que les associations quand tu viens les voir avec 5000 ou 10 000 FCFA elles te suivent », a dénoncé Amadou Coulibaly.

Enfin, les congressistes ont tenu à rappeler que les responsables qui gouvernent sont les employés, des gens qui travaillent pour le peuple. «C’est nous qui les payons avec nos impôts et nos taxes, mais si on a peur d’eux, si on a peur de nous exprimer, de nous imposer, de demander ce qui s’est passé, où est notre argent, ça ne va pas », a poursuivi Mamadou Coulibaly pour qui les autorités doivent des explications sur ce qui se passe dans la région de Mopti.

Soumaila T. Diarra

Le Républicain

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