Dans un entretien exclusif qu’il nous a accordé, le secrétaire général du RPM, Me BABER Gano, ministre de l’Intégration africaine, remet les pendules en l’heure, en invitant le leader de l’opposition, Soumaïla Cissé, à la retenue. Avant de demander à Me Tall d’éviter une interprétation erronée de la Constitution. Pour Me Baber Gano, le RPM demeure la première force politique du pays.
22 Septembre : Me Baber Gano, nous avons suivi la semaine passée la réaction disproportionnée, insultante pour certains de Soumaïla Cissé, suite à l’interview accordée par le président IBK à notre confrère parisien, Jeune Afrique. Quelle lecture faites-vous de cette dégradation du climat politique entre IBK et son challenger ?
Me Baber Gano : Je pense très honnêtement que l’entretien du président dans Jeune Afrique a été altéré par l’URD. En effet, IBK n’a nullement rabaissé Soumaïla Cissé, comme le prétendent certains de sa formation politique. La bouderie dont parle le président, dans une expression digeste, sans avoir la prétention de donner de leçons à qui que ce soit, est l’état d’un homme fâché. On l’a compris autrement, hélas !
Je pense qu’IBK a fait beaucoup d’efforts de réconciliation avec Soumi. Il continuera à le faire, s’il en faut. Cependant, dans le contexte actuel, son agenda ne peut pas se limiter à une seule personne, en l’occurrence Soumaïla Cissé. IBK a le devoir de rassembler tous les fils et filles du Mali. En tout cas, ceux qui répondront à son appel travailleront avec nous pour faire avancer le Mali et ne pas se focaliser sur des différends personnels, politiques ou même politiciens.
C’est pourquoi, dans le cadre de la décrispation politique et de l’apaisement du climat social, le président a pris son téléphone pour appeler Soumaïla Cissé, avant de le recevoir plusieurs fois pour échanger avec lui sur les préoccupations de la nation. Cette démarche a concerné d’autres acteurs sociopolitiques. La suite est connue de tous.
IBK est dans une démarche de rassemblement, d’unité d’actions pour relever les défis actuels. C’est ainsi qu’il a nommé un triumvirat pour conduire le Dialogue politique inclusif.
Donc, j’invite l’URD à faire la bonne lecture de l’interview d’IBK dans Jeune Afrique et à ne pas verser dans les invectives qui rabaissent le débat politique. J’appelle l’honorable Soumaïla Cissé a plus de retenue.
IBK a vraiment raison de dire qu’il n’y a pas de crise postélectorale au Mali parce qu’il a été confirmé par la Cour constitutionnelle, par l’Union Européenne et l’ensemble des observateurs nationaux et internationaux. Les élections présidentielles au Mali se sont bien déroulées. IBK est un président démocratiquement bien élu.
22 Septembre : Vous avez tantôt parlé du Dialogue politique inclusif. Selon le Pr Issa N’Diaye, il est mort-né, qu’en dites-vous ?
Me Baber Gano : C’est un grand intellectuel, un homme respectable, mais je ne partage pas son point de vue. Je pense que la nécessité du dialogue s’impose aux maliens, afin que nous puissions relever les défis actuels. Je salue l’initiative et la nomination du triumvirat, composé de personnalités connues et respectées au Mali pour leurs multiples qualités.
Le Dialogue politique inclusif ne peut pas être mort-né parce qu’il s’agira de faire l’inventaire des problèmes auxquels notre pays est confronté avec l’ensemble des acteurs et de proposer des solutions avec un chronogramme et un plan d’actions de mise en œuvre. Voilà que c’est bien clair. Donc, ce dialogue inclusif ne peut pas être mort-né, à moins que des ambitions inavouées pour certains ne se cachent derrière.
22 Septembre : Pour la première fois, nous avons vu le président IBK participer à l’anniversaire de son parti, le 30 juin dernier. Selon Me Mountaga Tall, c’est une violation de l’article 34 de la Constitution. Partagez-vous ce point de vue ?
Me Baber Gano : J’ai beaucoup de respect pour Me Mountaga Tall. Celui-ci fait une mauvaise interprétation de l’article 34 de la Loi fondamentale. Il stipule que « la fonction présidentielle est incompatible avec toutes autres fonctions politiques. D’abord, je voudrais faire observer au président du CNID que la venue d’IBK à une cérémonie commémorative d’anniversaire d’un parti, fut-il le parti présidentiel n’est pas un acte d’exercice d’une fonction politique. Ensuite, IBK y était à titre privé, en toute solidarité, pour communier avec ses amis du parti. IBK a une vie privée différente de la fonction présidentielle. Avec son humanisme soudanien, ses sentiments humains reconnus, IBK participe à tout moment aux mariages, aux décès, aux baptêmes, aux cérémonies religieuses… C’est dans ce cadre qu’il a participé à la fête des 18 ans du RPM. Quoi de plus normal ? Me Tall est dans la confusion.
L’anniversaire du RPM n’est pas un congrès pour confier des responsabilités à IBK. Si Me Tall veut se montrer en sentinelle de la Constitution ou en étalon de celle-là, il a vraiment raté le coche. En un mot, IBK n’a pas violé l’article 34 de la Constitution.
22 Septembre : Vous avez fêté votre 18ème anniversaire, que pèse aujourd’hui le RPM ?
Me Baber Gano : Il a le même kilogramme qu’en 2013. Le RPM pèse lourd : c’est un parti qui compte 64 députés élus en 2013, 2852 conseillers nationaux, des conseillers régionaux, des cadres et militants sur l’ensemble du territoire national, de Kayes à Kidal. C’est une formation politique bien implantée, qui demeure la première force politique du pays, jouit d’une très grande popularité et légitimité auprès des maliens.
22 Septembre : Pourtant, on ne voit pas cette force soutenir l’action gouvernementale. Qu’est ce qui se passe ?
Me Baber Gano : C’est vous qui le dites, c’est un mauvais jugement qu’on nous fait, sinon le parti est aveuglement fidèle, dévoué pour la cause d’IBK, indissociable de celle du Mali.
22 Septembre : La cause d’IBK est-elle différente de celle du gouvernement ?
Me Baber Gano : Que non ! Que non ! Que non ! Le gouvernement tire sa légitimité d’IBK. Toutes les actions gouvernementales émanent de l’inspiration d’IBK et sont soutenues par lui, et bien sûr par le RPM.
22 Septembre : Le soutien par le RPM des actions gouvernementales n’est-il visiblement pas sincère ?
Me Baber Gano : Sauf pour ceux qui ne veulent pas voir. Nous sommes présents au gouvernement, à l’Assemblée nationale, dans les Institutions et d’une manière générale dans toutes les structures de la gouvernance politique. Nous sommes la véritable force de l’action gouvernementale. Le parti y participe. C’est notre majorité qui fait passer les lois à l’Assemblée nationale et participe à leur mise en œuvre.
Entretien réalisé par El Hadj Chahana Takiou
22 Septembre