La commémoration de la journée internationale de la femme africaine a servi de tremplin à l’ONG Justice et Dignité pour la Femme du Sahel (JDWS) de mener sa campagne de sensibilisation des jeunes du quartier du Point G sur les violences basées sur le genre.
A l’instar de la communauté internationale, le Mali a célébré le samedi 31 juillet dernier la journée internationale de la femme. Dans son message à l’occasion, la présidente de l’ONG JDWS, Mme Aïda H. Oualate, a souligné que le contexte historique entourant la création de cette journée est la « période qui annonce et accompagne la décennie des indépendances ». Car « des militantes qui participaient à la lutte pour l’émancipation de l’Afrique ont manifesté le besoin de se battre pour et au nom des femmes ». C’est l’exemple de Aoua Keita qui, sage-femme en zone rurale à ses débuts, a très vite pris conscience de certaines réalités du terrain. Ensuite lorsqu’en sa qualité de député, elle a participé à l’élaboration de la constitution, aussi bien qu’à la rédaction du code de la famille au Mali, il n’a plus fait aucun doute pour elle, qu’en plus de lutter contre le joug des colons, il fallait simultanément penser à la condition particulière des femmes.
A en croire la président de l’ONG JDWS, « le poids des normes sociales est encore très fort » aujourd’hui encore. « De ce fait, la situation de la femme malienne présente un tableau peu reluisant. Malgré les avancées constatées depuis quelques années, plus de 56% des femmes sont victimes de violence, 44% des femmes mariées subissent des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles. Aussi, une jeune fille sur 2 est mariée à l’âge de 16 ans », a souligné Mme Oualate.
Du point de vue politique, la président de l’ONG JDWS estime que les femmes sont faiblement représentées dans nos institutions et services publics : 14 députés sur 147 lors de la dernière législative, seulement 30% des effectifs de la fonction publique, 1% des maires sont des femmes. Alors qu’elle représente près de 51% de la population malienne. « La femme malienne, c’est aussi 15,8% du taux de chômage contre 5,4% chez les hommes », martèle-elle.
Et Mme Aïda H. Oualate de poursuivre que ce sont des milliers de femmes et filles qui sont brisées et privées de jouir de certains droits inhérents à la personne humaine, « brisée, parce qu’une fois abusée sexuellement, physiquement et moralement, elles perdent espoir et se résignent à cette vie que la société lui fait croire depuis toujours que c’est leurs raisons d’être ».
Par ailleurs, la présidente de l’ONG JDWS a souligné que les femmes maliennes sont privées de jouissance des droits au même titre que les hommes. Il s’agit en effet de « l’intégrité corporelle, d’accéder à l’école, de travailler, d’être autonome, de ne pas subir de violence sexuelle, de voter, d’être élue, de posséder une propriété etc. Pour ne citer que ceux-ci tout en précisant que ses besoins varient en fonction des sociétés ».
Mme Aïda H. Oualate ne s’est pas dérogée de signifier que cette journée est un rappel à toutes les leaders et activistes de se souvenir du chemin parcouru depuis le début de ce combat par les premières pionnières africaines et de redoubler d’effort pour l’atteinte de cet objectif en soulageant les femmes du poids des normes sociales et les aider à développer la confiance en soi, à retrouver l’espoir et à s’épanouir lorsqu’elles sont victimes de violences basées sur le genre.
Sensibilisation sur les VBG
Dans le sillage de cette journée, l’ONG JDWS a animé une causerie-débat sur les VBG au « Grin Original Gang Family » du quartier du Point G. Les sujets de discussion la causerie dénommée « Baro » ont porté sur la définition du genre, de la « Femme africaine », ses droits et devoirs, la participation ou non des hommes aux travaux de ménage, les VBG, etc.
Pour les uns, la femme africaine celle qui est « d’origine africaine », pour les autres elle est celle « soumise aux traditions et communes africaines ». Mais, tous s’accordent qu’elle a des droits, universels à l’Homme et des devoirs relativement aux traditions et coutumes africaines, voire maliennes. « La femme est le pilier de la société africaine, elle a des devoirs spécifiques », soutient Alfousseini. Cependant, certains de ses camarades du grin qu’il n’est pas possible que l’homme participe aux travaux de ménage. Par contre, d’autres estiment qu’il n’y a rien de mal en aidant la femme.
Cyril Adohoun
L’Observatoire