Dans le but d’édifier les hommes de médias sur les principales questions des compatriotes et des amis du Mali autour des enjeux du moment important pour la réussite de la gouvernance de la transition en cours, le président du comité stratégique du mouvement du 5juin- Rassemblement des forces patriotiques (CS M5-RFP Mali Kura), Konimba Sidibé a animé un point de presse, le mardi 25 octobre dernier, à la maison de presse de Bamako.
C’était en présence de l’ensemble des membres du comité stratégique du M5-RFP Mali Kura, dont Mohamed Aly Bathily, Mme Sy Kadiatou Sow, Modibo Sidibé et plusieurs autres personnalités membres du M5-RFP Mali Kura.
Le point de presse s’est articulé autour de cinq (5) enjeux d’actualité dont : la situation sécuritaire dans le pays et le redéploiement de l’Etat sur l’ensemble du territoire national pour la prestation de tous les services publics; la lutte contre la corruption, toutes les autres mauvaises pratiques de gouvernance et l’impunité en gestion des affaires publiques; la hausse du coût de la vie; la détention des militaires ivoiriens et la plainte du Mali contre la France devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le président du CS M5-RFP MK a rappelé que la position du mouvement vis-à-vis de la gouvernance de la transition reste intacte. « Le M5-RFP est la force politique qui a créé les conditions de la chute du régime d’IBK à travers la mobilisation massive du peuple malien contre sa mauvaise gouvernance. A ce titre, cette transition est bien la nôtre et nous voulons qu’elle soit la transition de rupture avec les mauvaises pratiques de gouvernance pour gagner la lutte contre les Groupes Armés Terroristes (GAT), restaurer la sécurité et la souveraineté de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, et poser les piliers du Mali Kura tant attendu par le peuple malien. Notre engagement et notre détermination restent total pour l’atteinte de ces objectifs », a souligné Konimba Sidibé.
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Alors qu’en mai 2021, le mouvement du M5-RFP avec les autorités ont noué un partenariat pour la gestion de la période transitoire au terme duquel le poste du chef du gouvernement et huit autres portefeuilles ministériels ont été confiés au mouvement. Cependant, pour le CS, ce partenariat connait aujourd’hui un déficit de dialogue qui a nui à la mise en œuvre du projet pour le Mali : déficit de dialogue au sein du Comité Stratégique même et déficit de dialogue entre le Comité Stratégique et son partenaire.
« Considérant que la réussite de ce partenariat est un enjeu majeur pour la réussite de la transition, le CS M5-RFP MK inscrit son action dans sa redynamisation. Cela passe par un dialogue politique permanent de haut niveau sur la gouvernance avec les autorités de transition qui soit l’occasion pour les deux partenaires de :Procéder à un partage d’informations à la source permettant à chacun d’être suffisamment bien informé sur l’état d’avancement dans le traitement des enjeux majeurs de la transition et les difficultés rencontrées; Échanger sur les voies et moyens de progresser dans la prise en charge de ces enjeux par la gouvernance de transition afin qu’elle soit une réussite totale. C’est dans cet esprit que nous avons sollicité une première rencontre entre une délégation du CS M5-RFP MK avec le Premier Ministre par intérim, rencontre qui a eu lieu le 10 octobre 2022. Nous travaillons à faire du M5-RFP, une force politique efficace de veille, de soutien, de critiques, de propositions et d’actions en partenariat avec toutes les autres forces acquises à une transition de rupture avec les mauvaises pratiques de gouvernance et qui posera les bases de la refondation du Mali », a indiqué le comité.
En outre, sur la situation sécuritaire dans le pays et le redéploiement de l’Etat sur l’ensemble du territoire national pour la prestation de tous les services publics, le mouvement a constaté qu’elle s’est sérieusement détériorée en 2022, avec l’ extension croissante des attaques des GAT à l’ensemble du pays avec un lourd bilan en termes de hausse du nombre de victimes civils et militaires (tués et blessés), de destruction et vol de biens des populations (notamment le cheptel), extension de l’occupation du territoire national par les GAT : emprise de plus en plus forte des GAT dans la quasi-totalité des zones rurales dans de nombreuses localités dans plusieurs régions (notamment dans les régions de Ménaka et Tombouctou avec une percée inquiétante de l’EIGS le plus radical et brutal des GAT), multiplication des accords entre les GAT et des populations au niveau local traduisant une allégeance de fait de celles-ci à ceux-là pour survivre; la Détérioration de la situation humanitaire: hausse des effectifs de déplacés internes, accroissement du nombre de personnes en situation de détresse alimentaire ou en passe de l’être, défaillance croissante de la fourniture des services publics de l’éducation, de la santé, de la justice, de la sécurité dans les nombreuses localités sous emprise des GAT; Destructions et vols de biens des populations, extorsion de la zakat et de la dime aux populations par les GAT, blocus des GAT contre certaines localités et hausse du coût de la vie sont les principaux facteurs de cette dégradation.
La lutte contre la corruption, pour le mouvement c’est un enjeu aussi important que la sécurité pour la réussite de la transition car il détermine dans une large mesure la restauration du crédit de l’Etat auprès de populations ayant peu ou pas accès à des services publics de qualité et victimes de toutes sortes d’injustice de la part d’un appareil d’Etat resté profondément néocolonial dans son fonctionnement et très corrompu de surcroît. Au cœur de ces mauvaises pratiques se trouvent la corruption et l’impunité en gestion publique.
Selon le CS M5-RFP, le choix de fournisseurs non professionnels qui ont été incapables de livrer les commandes dans un délai compatible avec le calendrier agricole : il en a résulté un manque chronique d’engrais sur le marché et une envolée insoutenable du prix de cet intrant (l’essentiel des engrais aurait été livré avant l’embargo de la CEDEAO contre le Mali et la crise ukrainienne si le calendrier habituel avait été respecté) et la forte probabilité d’une chute importante de la production
La hausse du coût de la vie, les prix des denrées de première nécessité ont fortement augmenté au cours des deux dernières années pour de multiples raisons imputables à la crise mondiale, mais aussi à la relative inefficacité de l’Etat à réguler les comportements de certains opérateurs économiques. Le risque d’aggravation de cette situation est élevé en raison de la forte probabilité d’une mauvaise campagne agricole 2022.
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Pour le CS M5-RFP MK, il urge que le gouvernement procède à un examen approfondi de cette question pour prendre toutes les mesures efficaces possibles afin de soulager les populations et de circonscrire le risque de nouvelles hausses du coût de la vie.
La détention des militaires ivoiriens, elle est à l’origine d’une tension dans la sous-région qui n’est bonne ni pour la Mali en situation de grande fragilité, ni pour la République de Côte d’Ivoire (RCI), ni pour la sous-région confrontée à une grave crise sécuritaire et économique. Tout espoir de sortie de cette crise passe par une collaboration étroite et une solidarité forte entre les dirigeants de ces pays.
Le CS M5-RFP MK souhaite vivement la libération des militaires ivoiriens le plus tôt possible pour aller à l’apaisement. Ce souci d’apaisement est une forte demande des populations maliennes qui voient en la RCI un pays frère où vivent 4 millions de maliens et un partenaire économique majeur du Mali. C’est une demande exprimée publiquement par de nombreux acteurs du Mali et de la sous-région.
Quid de la plainte contre la France ?
Le gouvernement du Mali estime que la France a posé des actes qui portent atteinte à la souveraineté de l’Etat malien et a donc porté plainte contre elle devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Le CS M5-RFP MK estime que cela est un droit légitime de tout Etat membre de l’ONU. Le silence du Conseil de sécurité sur la question jusqu’à présent suscite donc une forte incompréhension au Mali.
Le CS M5-RFP demande donc au Conseil de Sécurité de trouver rapidement les voies et moyens pour débattre de cette plainte.
Oumar Sawadogo
L’Observatoire