Décrit comme un homme de défi, un fin stratège, Soumeylou Boubeye Maïga, SBM pour les intimes, n’a pas su anticiper ou n’a pas vu venir le mouvement de colère politique et social qui a eu finalement raison de lui, le contraignant à la démission, ce malgré le soutien du président IBK. Du régime d’ATT en passant par le pouvoir de Alpha jusqu’à IBK, Boubèye a eu à occuper des postes de responsabilité très élevées. Sa force : il a eu l’oreille de tous ces présidents. Comme ce fut récemment avec IBK.
Tombé en disgrâce en 2014 après l’Odyssée de Mara sur Kidal, Boubeye est revenu en force en 2016 avec le poste de Secrétaire général de la Présidence. Lorsqu’il occupait ce fauteuil, son ombre planait sur toutes les décisions prises à l’époque à Koulouba, jusqu’à sa nomination il y a 14 mois de cela, au poste de Premier ministre.
A ce poste, l’expert en sécurité a été confronté à la réalité du terrain au centre du pays où les conflits inter communautaires allaient crescendo avec de nombreuses victimes. Le front social s’est mis en ébullition avec les grèves des magistrats, des enseignants, des Dfm. Prenant la balle au rebond, des religieux, avec les bénédictions de Mohamoud Dicko et du Cherif de Nioro, sont descendus dans la rue réclamant sa tête après le massacre de Ogossagou. Le Rpm qui n’a jamais digéré les nominations des PM hors de ses rangs a formé une coalition de circonstance avec l’opposition pour déposer une motion de censure contre SBM.
Finalement, c’était tous contre Boubeye qui apparemment n’avait que le soutien du président IBK. Depuis lors, il n’y avait pas d’échappatoire pour le Premier ministre d’IBK. Mais comment le faire partir donc ? D’un côté le président IBK qui a toujours accordé la confiance à son PM ne voulait pas le livrer à ses adversaires politiques et religieux. Ce, de crainte d’être considéré comme quelqu’un qui obéit facilement au claquement de doigt des milieux religieux ou d’avoir trahi Boubeye, malgré l’effort fourni par son désormais ex Premier ministre pour sa réélection pour un second mandat.
C’est pourquoi, certains analystes politiques pensent que cette motion de censure, même si elle ne passait pas, allait laisser des traces entre IBK et certains cadres du Rpm.
Mais finalement, elle a contraint SBM à prendre le devant, sauvant, du coup, la face du locataire de Koulouba. Car le président de la République n’a pas répondu favorablement à la requête des religieux en limogeant son PM, il n’a pas aussi livré Soumeylou Boubèye Maïga au Rpm et à l’opposition. Ce dernier est parti de lui-même, craignant une motion de censure qui, aussi, n’avait pas officiellement la bénédiction d’IBK.
Par ailleurs, tout le monde s’accorde à dire que celui qu’on appelle le Tigre, non moins président du parti Asma, n’a pas dit son dernier mot dans l’arène politique. Comment, quand et où va-t-il rebondir ? That is the question.
Kassoum THERA
Aujoud’hui-Mali