Dans une sortie sous forme de tribune sur son compte Facebook, l’ex-Premier ministre Dr Boubou Cissé, en asile politique à la suite du coup d’Etat ayant renverser le régime de feu IBK dont il était le Chef du Gouvernement, invite les « Gouvernants du Mali », à appeler « à la concertation nationale ».
« Comment meurent les géants ? Il y eut une fois, un peuple de géants, fiers et forts, à qui la providence avait tout donné. Dès que la terre se dénudait, quand l’herbe commençait à se faire rare dans la zone où ils s’étaient installés, les géants partaient ensemble et transhumaient avec leurs troupeaux à la quête d’eau et de pâturages abondants. Un jour, ils trouvèrent sur leur chemin un énorme rocher qui leur barrait la route.
Un premier géant s’avança devant l’obstacle et tenta de le pousser tandis que les autres le regardaient faire. Malgré sa force, il ne put déplacer le rocher. Un deuxième géant s’avança à son tour et lui aussi s’épuisa à essayer de dégager la voie. L’un après l’autre, chacun des géants essaya mais aucun ne réussit seul à dégager le chemin qui menait aux verts pâturages.
Les jours passèrent, chaque jour les géants se succédèrent devant le rocher, ils s’épuisaient un à un tandis que les autres observaient. Sans eau ni fourrage, les bêtes moururent et bientôt les géants périrent à leur tour.
Tel est le récit que quelqu’un pourrait raconter demain sur le peuple du Mali, si nous ne tentons pas ensemble de libérer le chemin de notre destinée.
Le 25 septembre dernier, le gouvernement a annoncé le report de la présidentielle prévue en fin février 2024 et l’annulation des législatives prévues à la fin de 2013. Deux élections qui devaient marquer le retour à une vie constitutionnelle normale afin que les citoyens et les citoyennes du Mali décident ensemble des réponses à apporter à la crise multidimensionnelle et complexe à laquelle le pays fait face.
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Or, il est urgent d’accélérer la réunion de toutes les intelligences et de toutes les expertises du Mali pour s’engager à partir de maintenant à résoudre ensemble les problèmes du pays : vivre ensemble, vivre en paix et offrir des opportunités d’épanouissement à tous les enfants du Mali. C’est pourquoi, aujourd’hui, j’encourage vivement les autorités du Mali à appeler à la concertation nationale.
Nous avons besoin d’une concertation qui rassemble les partis politiques, les acteurs économiques, les syndicats de travailleurs, les organisations patronales, les associations, les représentants de la société civile, les leaders religieux, communautaires et traditionnels, les leaders d’opinion… Ce rassemblement de l’ensemble des forces vives maliennes est plus que jamais nécessaire. Dans l’impasse politique où nous nous trouvons désormais, il devient urgent de réunir et d’associer ces forces vives maliennes de manière à ce que chacun dise ce qu’il peut faire avec ce qu’il sait faire.
Nous gagnerions tous à organiser cette concertation nationale :
– parce qu’à l’heure où nous parlons, notre cohésion nationale se disloque. La résurgence de conflits armés entre nous, Maliens et Maliennes, met en péril notre avenir en tant que Nation, en tant que peuple, un et indivisible. Et dans l’immédiat aggrave l’insécurité, les difficultés économiques, les difficultés sociales…tous ces problèmes auxquels nos concitoyens sont confrontés.
– parce que nous avons à revenir comme nous l’avions décidé à l’ordre constitutionnel. Or, ce retour à la vie constitutionnelle normale implique de réengager dès maintenant tous les acteurs clés du Mali et de sa diaspora dans la définition de la politique du pays.
– parce que les énormes défis auxquels le Mali fait face aujourd’hui relevant de la responsabilité de tous ses fils et de toutes ses filles. Considérer que seules les autorités ont la charge de dégager les obstacles qui entravent notre chemin, serait une erreur fatale pour tous. Dans notre patrie, il n’y a pas les uns d’un côté et les autres de l’autre.
– parce qu’enfin, l’union fait la force. Chaque Malien a besoin de tous les autres et le Mali a besoin de tous ses enfants. C’est de l’entraide, de la coopération, de la solidarité que viendra notre salut.
Nous avons plus que jamais besoin de cette concertation nationale pour nous comporter, non plus comme des patients, mais comme des docteurs de la destinée du pays. Car, contrairement au patient qui attend qu’un remède arrive, un docteur est d’abord un poseur de questions qui cherche des éléments de réponse à la question de savoir si et comment soigner. Nous rapprocher les uns des autres, c’est exploiter l’intelligence et l’expertise de chacun afin de sortir de l’incertitude. Nous avons à aborder ensemble les bonnes questions pour aider à fixer les caps d’ici au retour de l’ordre constitutionnel.
Gouvernants du Mali, appelez à la concertation nationale avec les forces vives du pays, Organisons-la ensemble pour que vive le Mali. »