Les sanctionnées économiques et financières de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre le Mali sont levées ce dimanche 3 juillet 2022. Mais sous certaines réserves. Le président sortant de la Commission de la CEDEAO, Jean Claude Kassi Brou, l’a confirmé lors d’une conférence de presse.
La soixante-et-unième session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a eu lieu ce dimanche 03 juillet 2022, à Accra, au Ghana.
Après examen du rapport de la session du Conseil des ministres, qui s’est tenue les 30 juin et 1er juillet 2022, à Accra, ainsi que d’autres questions concernant la région, les Chefs d’Etat ont décidé de la levée des sanctions sous lesquelles l’organisation a placé le Mali depuis le 9 janvier dernier. Les sanctions qui ont frappé le Mali durant six mois sont d’ordre économiques, financières, diplomatiques, notamment la fermeture des frontières, le gel des avoirs de l’Etat malien à la BCEAO, le rappel des ambassadeurs, …
L’étincelle qui a mis le feu au poudre est le rallongement de la Transition à cinq ans proposé par le Gouvernement de la Transition et le manque de chronogramme électoral. La CEDEAO y voyait la volonté des militaires de s’éterniser au pouvoir. Mais, grâce au leadership du Président de la Transition, colonel Assimi Goïta, ce prolongement est réduit à 24 mois, sanctionné par un décret fixant cette durée, suivi de la promulgation de la Loi électorale après le vote du CNT, la publication du chronogramme électoral et la mise en place de comité de suivi dudit chronogramme.
Ces actions menées en un temps record ont été salué par la CEDEAO via son Médiateur, Goodluck Jonathan, lors de sa dernière visite à Bamako. Elles ont pesé énormément dans la décision des Chefs d’Etat ayant conduit à la levée des sanctions.
Entre honte et devoir
Cette levée est considérée par certains comme « toute honte bue » des Chefs d’Etat de la CEDEAO. « Le Mali a tenu bon. Une leçon que la CEDEAO a, je crois, bien compris. Elle réfléchira à 2 fois avant de s’aventurer à vouloir isoler un pays frère. Le combat du Mali fera cas d’école, sa résistance devra être enseignée dans nos livres d’histoires », a assené un certain Amir Nourdine Elbachir dans tweet.
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Pour d’autres, notamment les acteurs politiques, il est temps d’aller à l’essentiel. « La levée, par les Chefs d’État de la CEDEAO, des sanctions imposées en janvier est une très bonne nouvelle à tous égards. Félicitations à tous ceux qui ont contribué à cette heureuse issue. Les défis sont nombreux, concentrons-nous sur l’essentiel : préserver l’État et le Mali », a tweeté le président du PARENA, Tiébilé Dramé, non moins anciens ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Le président du parti AFD, Modibo Soumaré, parle de « 6 mois de perdu dans un énorme gâchis pour les opérateurs et le peuple ». « J’ai l’habitude de regarder le verre à moitié rempli. On a finalement compris que le Mali ne peut pas vivre dans l’isolement. Je salue les résolutions du sommet de la CEDEAO », a-t-il aussi tweeté.
Le président de l’Alliance Pour la République (APR), Oumar Ibrahim Touré, estime, dans un communiqué, que « la fin de ces sanctions consolidera certainement les échanges économiques, financiers et surtout humains qui lient les peuples de notre espace commun, CEDEAO ». « L’APR salue la résilience historique du peuple malien, réitère son soutien à la transition et invite nos autorités à poursuivre les efforts diplomatiques pour davantage conforter la situation de notre pays dans cette communauté dont il demeure l’un des membres fondateurs et un pilier incontournable », lit-on dans le communiqué.
Chacun des deux parties, Mali et CEDEAO, a tiré des leçons de ce bras de fer qui a duré six mois. L’heure n’est plus aux violences verbales, aux menaces, mais aux actions urgentes pour que cette deuxième phase de Transition aboutisse au retour à l’ordre constitutionnel. Malgré son droit de regard dans la gestion de la Transition, la CEDEAO devra sortir sa posture de gendarme. La candidature militaire à l’élection présidentielle est régie par la nouvelle Loi électorale et la Charte révisée de la Transition. « Franchement, il n’appartient pas à la CEDEAO de fixer des critères d’éligibilité de quiconque à des élections nationales. L’important est que cela se fasse dans la transparence. Trancher d’avance sur ce qui est à choisir par les citoyens, est un faux débat. Un militaire ou un aristocrate élu est un moindre mal comparativement au pire qui guette le pays », a fait comprendre Attaye Ag Mohamed, Chef de la Délégation de la CMA.
Maleak C. Roc DACK/ Icimali.com