Le gouvernement de transition a procédé, ce mardi 13 mai 2025, à la dissolution de l’ensemble des partis politiques et des organisations à caractère politique sur l’ensemble du territoire national. Cette mesure a été officialisée par le décret n°2025-0339/PT-RM, lu à la télévision nationale par Mamani Nassiré, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral.
Selon les dispositions du décret pris en conseil des ministres extraordinaire ce même jour, tous les partis politiques ainsi que les associations à vocation politique cessent immédiatement d’exister. Toutefois, les personnes issues de ces formations et occupant des fonctions dans les institutions de la République sont autorisées à poursuivre leur mission, à condition de ne plus revendiquer leur appartenance partisane.
« Les partis politiques et les organisations à caractère politiques sont dissous sur toute l’étendue du territoire national. Toutefois, les personnes en exercice dans les institutions politiques et administratives de l’État […] peuvent poursuivre leurs missions sans pouvoir se réclamer de leur qualité de représentant de partis politiques », indique l’article 1er du décret signé du Président de la Transition, Général Assimi Goïta
L’article 2 renforce cette interdiction en proscrivant toute forme de regroupement ou de réorganisation des membres d’anciens partis, y compris la mise à disposition de locaux ou de moyens logistiques en faveur d’activités politiques. Il interdit également à toute personne d’agir comme fondateur, président ou dirigeant de ces structures désormais illégales.
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La décision qualifiée de ‘’ radicale’’ intervient dans le sillage de l’adoption, le lundi 12 mai 2025, par le Conseil National de Transition (CNT), d’un projet de loi abrogeant deux piliers du système politique malien à savoir : la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques et la Loi n°2015-007 du 4 mars 2015 relative au Statut de l’Opposition politique.
Les soutiens du projet justifient cette mesure par la nécessité d’un « assainissement du champ politique » et l’engagement des autorités de la transition dans un vaste processus de refondation de l’État. Pour les autorités de la transition, il s’agit d’une étape cruciale pour jeter les bases d’une nouvelle architecture institutionnelle, plus stable et inclusive.
Mais cette dissolution, ‘’brutale et sans appel’’, suscite déjà des inquiétudes au sein de la société civile, qui redoutent un rétrécissement de l’espace démocratique et politique au Mali.
Reste désormais à voir comment cette réforme sera mise en œuvre dans la durée, et surtout, quelle alternative institutionnelle les autorités de la transition proposeront à un pays en quête de stabilité, de représentativité et de renouveau démocratique.
Il faut rappeler que depuis une semaine, soit le 7 mai 2025, les activités des partis politiques ou des associations à caractère politiques sont suspendues jusqu’à nouvel ordre.
Cyril Roc DACK