Si à Bamako on se bat pour avoir de l’eau potable, certaines localités se battent pour l’obtention de l’eau tout court. La question de «potable» est un rêve pour les Habitants de ces localités où le manque d’eau est criard. C’est le cas dans la Région de Ménaka où les populations connaissent un manque total de ce liquide. Le Député élu dans cette circonscription en veut aux autorités pour leur manque de politique visant à les donner de l’eau à suffisance. Mahmoud Ag Badjan n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer ce qu’il appelle la mauvaise politique des autorités dans la gestion des projets de fourniture d’eau potable aux populations.
Le mardi 30 octobre 2018 s’est tenue, dans la salle Aoua Kéïta de l’Hémicycle de Bagadadji, une session d’information des Parlementaires sur le contenu des papiers de position sur la question des déchets à Bamako, le financement du secteur Wash et la satisfaction des usagers en matière d’eau. L’occasion était opportune pour les Députés en charge du secteur eau, hygiène et assainissement et la CN-CIEPA/Wash pour échanger sur l’assainissement et le financement du secteur Wash. Une occasion toute rêvée pour certains élus de la Nation pour dénoncer la mauvaise politique des autorités en matière d’accès des populations à l’eau et à l’assainissement.
Ainsi, le Député élu de Ménaka, dans le Nord du Mali, n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger l’attitude des autorités en matière d’eau. Ouvertement, il soutient que la nappe phréatique est très importante à Ménaka. Il y a moins de 30 ans, l’eau jaillissait de partout pour inonder la terre. C’est dire que le Sous-sol de Ménaka contient de l’eau à suffisance. Mais qu’à cela ne tienne ; car, selon lui, de nos jours, l’eau manque de façon criarde dans la ville de Ménaka. Et il pointe un doigt accusateur sur les autorités qu’il accuse de manquer de vision en matière de politique nationale d’adduction et de fourniture d’eau potable aux populations.
La plupart des forages réalisés à Ménaka sont avérés négatifs. Les autorités ne cherchent pas à fournir de l’eau aux populations, mais font du bruit plutôt tout autour pour dire à la face du monde qu’elles font de leur mieux pour donner de l’eau à suffisance aux populations du Nord. C’est de la farce. Le bon sens veut qu’elles fassent d’abord des sérieuses études de faisabilité des projets requis avant toute réalisation de forages. Il étaye ses propos en prenant l’exemple sur le Niger, un pays voisin au Mali qui a satisfait largement les besoins de ses populations sur ce plan. Au Niger, tous les forages réalisés sont positifs puisqu’ils donnent de l’eau à suffisance aux consommateurs. Dans l’ensemble, le problème d’eau potable ne se pose plus dans ce pays.
«Nous avons dépêché au Niger une mission afin de nous inspirer de leur cas et extrapoler leur expertise en matière de fourniture d’eau chez nous. La Délégation composée d’Hydrologues, de Techniciens et d’Administrateurs est revenue après s’être inspirée du cas nigérien. Mais, jusque-là, on n’est pas parvenu à mettre en application sur le terrain cette étude », a expliqué l’Honorable Mahmoud Ag Badjan.
Et à lui d’ajouter: «Nous sommes victimes de la mauvaise politique en matière d’eau. Le laxisme est passé. Au lieu de creuser 10 forages en un an et qui s’avère négatifs, mieux vaut en faire un qui soit positif. L’année suivante, il faut réaliser un autre ainsi de suite. C’est en faisant de la sorte que le Mali pourra venir à bout du manque d’eau. Les autorités ne semblent pas procéder de la sorte, c’est pourquoi le problème demeure entier. Tout ce que je demande aux autorités est de changer de tactique. L’importance ne réside pas dans le nombre, mais dans la qualité ».
Plus loin, Ag Badjan soutient que jusqu’à présent les 2% de besoins en eau des populations de Ménaka ne sont pas résolus. Le problème est d’autant crucial que les éleveurs sont obligés de quitter la localité à la quête d’eau de boisson pour leurs animaux. Cela n’est pas normal. Et au Député de Ménaka d’ajouter : «Nous, nous manquons cruellement de l’eau à boire, pas question d’eau potable. Car, avoir de l’eau dans ma localité est la croix et la bannière. Et les autorités en sont pour beaucoup dans ce cas de figure ». Voilà une vérité crue lancée à la figure des autorités par un élu national. Pour ce Représentant du Peuple, les fanfaronnades politiques ne servent en rien, il faut du concret. Car, il est question de sauver des vies humaines.
Le Ministre de l’Energie et de l’Eau est plus que jamais interpellé pour qu’il donne satisfaction aux besoins des populations. Les discours politiques ne servent à rien, mais des actions concrètes. Sambou Wagué doit s’en passer du populisme de son prédécesseur qui faisait du chantage sur la question. Lui, Wagué, doit être concret. Tels sont les vœux exprimés par les populations qui connaissent un manque criard d’eau dans leurs localités. Les statistiques imaginées sont à ranger dans les tiroirs.
Ambaba de Dissongo
Source: L’Observatoire