Dans un projet de politique parlementaire au nom du peuple et pour le peuple, les députés du parti Yelema, non-inscrits, « les Indépendants pour le Changement » déclarent cinq lignes conductrices de leurs actions politiques au sein de l’Assemblée Nationale. Lisez la déclaration signé de l’honorable Assane Sidibé.
Cette législature commence à un moment particulièrement délicat pour notre pays. Le Mali est toujours empêtré dans la crise au Nord avec un accord de paix difficilement mis en œuvre. Il est gangréné par le terrorisme et les conflits intercommunautaires au Centre, dans un contexte qui mine l’unité nationale et compromet gravement la réconciliation entre les Maliens. Il subit les affres de la pandémie COVID 19 aux conséquences socio-économiques incalculables. Les questions de gouvernance, de corruption, les faiblesses structurelles de l’Etat, l’école malienne en décrépitude, la défiance grandissante entre les citoyens et leurs représentants demeurent et contribuent à pousser le pays vers l’abîme. Le contexte ainsi décrit requiert de notre parlement de jouer pleinement son rôle de gardien sourcilleux de l’intérêt des maliens en contrôlant de manière rigoureuse l’action de l’exécutif. Et cela de manière parfaitement indépendante.
C’est le credo et ce sera la ligne intransigeante de notre groupe parlementaire pendant les cinq années que dureront la législature. Nous agirons selon quelques grandes lignes directrices et mettront en œuvre nos actions à travers des propositions de Lois et des questions et interpellations du Gouvernement. Nous comptons participer pleinement aux activités de l’Assemblée et défendrons les intérêts des maliens à tous instants.
Nos lignes directrices seront au nombre de cinq
1-Le Renouvellement et rajeunissement du leadership : Quatre Maliens sur cinq n’ont pas 30 ans avec un âge moyen de 16 ans et demi. Nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir un leadership qui recycle les mêmes recettes depuis des décades, sans succès. Notre pays a un besoin ardent d’idées novatrices, pragmatiques et concrètes portées par des responsables neufs et à même de répondre aux aspirations de chaque citoyen. Nous serons de tous les combats pour la promotion des intérêts des jeunes, notamment le soutien à leur leadership. Plus que jamais, le Mali a besoin de sa jeunesse. Celle-ci est désireuse de s’impliquer. Il faut lui donner sa chance.
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2-La Lutte contre la corruption des élites : Nous vivons dans un pays où la richesse est détenue par une minorité au détriment du reste de la population. La lutte contre la corruption des élites est un impératif. C’est grâce à une gouvernance exemplaire, équitable et soucieuse de tous que nous réussirons à libérer le potentiel de notre pays tout en réaffectant nos ressources à des projets qui profitent à tous. Le bien-être des Maliens, notamment ceux qui souffrent, sera notre objectif. Nous accorderons à la lutte implacable contre la corruption des élites la plus grande attention.
3-La Décentralisation : Le Mali ne doit pas se résumer uniquement à Bamako. Aucun citoyen, aucun territoire, aucune zone rurale ne doit être laissé pour compte ; les besoins des Maliens doivent être satisfaits là où ils vivent pour qu’ils ne soient pas obligés de venir dans la capitale pour se soigner ou pour trouver un emploi. Une décentralisation effective et profonde du Mali créera les conditions de la promotion de nos diversités, de l’épanouissement des Maliens, du développement à la base, et du renforcement de notre unité pour un Mali debout et prospère. Nous soutiendrons les initiatives dans ce sens tout en étant soucieux de l’équité entre les communautés et entre les territoires.
4-L’Augmentation des revenus des plus défavorisés : Le Mali, c’est d’abord les agriculteurs, les commerçants détaillants, les salariés modestes du public et du privé, les artisans, cette multitude de débrouillards du secteur informel, les personnes souffrant de handicap, les gens qui n’ont pas de travail, la jeunesse qui perd tous les jours un peu d’espoir. C’est à eux que nous nous adresserons prioritairement et c’est d’abord pour eux que nous nous engageons. Il n’est plus acceptable que 10% des maliens gagnent 60% des ressources et que 60% des maliens gagnent 10% des ressources. Si nous voulons sortir des cycles de banditisme, terrorisme, rebellions, c’est le chantier qu’il va falloir attaquer. Nous soutiendrons tous les projets allant dans le sens de l’intérêt des Maliens. En revanche, nous combattrons toute initiative ayant un impact négatif sur leurs revenus ou que ne prendrait suffisamment en compte cela.
5-La résurrection de l’école malienne : Plus que la question du Nord ou le terrorisme, c’est la situation de l’école malienne qui déterminera le Mali de demain ; nous demanderons au Gouvernement de nous proposer un vrai schéma permettant de sortir de la crise actuelle et de poser les bases d’une véritable restructuration de notre système éducatif, à tous les niveaux, à moyen et long terme ; il faut sortir de l’a peu près et du ravalement de façade dans le secteur éducatif, ayons le courage d’aller au fond des choses et de mettre chacun devant ses responsabilités en mettant en valeur ce qui est fondamental dans le système éducatif, c’est-à-dire les enseignants.
Ces cinq lignes directrices gouverneront l’action de notre groupe. C’est à la lumière de leur observation que nous examinerons la déclaration de politique générale du Gouvernement. C’est également en tenant compte de leur respect que nous apprécierons toute politique, toute stratégie, et tout projet de texte.
C’est enfin à l’égard de ces lignes directrices que nous initierons quelques projets de Lois et engagerons nos actions d’interpellation du Gouvernement. Tous les grands dossiers de la République, les rediscutions et l’application de l’Accord pour la paix, la mise en œuvre du Dialogue national Inclusif, les reformes de l’Etat, les questions des forces armées et de sécurité etc seront abordés par notre groupe à la lumière de ces principes.
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De manière spécifique, nous allons engager des propositions de Loi conformément aux textes de l’Assemblée :
– Nous allons porter une proposition de Loi sur la limitation du rôle de l’argent dans la démocratique malienne et sur la question de l’utilisation des moyens de l’Etat pendant le processus électoral ;
– Nous porterons une proposition de Loi sur l’amélioration de notre système électoral : lutte contre les fraudes, simplification du processus et utilisation des technologies, enrôlement de tous les électeurs (jeunes et diaspora), systématisation des débats, inclusion de la diaspora, interpellation des élus sur le respect de leurs engagements de campagne ;
– Nous porterons une proposition de Loi sur la dépolitisation de l’administration publique et la promotion de la compétence et de l’intégrité des agents de l’Etat ainsi que sur la limitation de l’impact des proches des Gouvernants dans l’exercice de leur responsabilité ;
– Nous porterons une proposition de Loi sur la transparence dans la vie publique, la promotion de l’éthique des gouvernants, la lutte contre la corruption, la promotion de la dénonciation des actes malveillants et la protection des lanceurs d’alerte.
Nous poserons également des Questions orales et écrites voire des interpellations du Gouvernement
– Nous allons contrôler l’action du Gouvernement de manière indépendante ;
– Nous allons demander au Gouvernement sa position sur toutes les questions d’actualité comme par exemple la grève des enseignants et la situation de l’école;
– Nous allons le questionner sur la question de la vie chère, au moment du ramadan et au moment des rentrées scolaires pour informer les maliens ;
– Nous allons interpeller le Gouvernement périodiquement sur la question épineuse de l’agriculture, la distribution des engrais, l’amélioration des conditions de vie des ruraux, le renforcement de l’équipement des exploitations ;
– Nous allons régulièrement demander au Gouvernement le point sur la situation au Nord, la situation au centre, le processus de paix, l’insécurité, la réconciliation pour que les maliens soient édifiés sur l’avancement de ces chantiers majeurs ;
– Nous allons requérir les explications du Gouvernement sur la question de la corruption et du jugement des dossiers auprès du pôle économique pour que l’opinion publique sache ce qui se passe.
Tous les députés de notre Groupe participeront à la vie du Parlement et communiqueront à l’endroit des maliens
– Nous participerons aux travaux du parlement, à travers les commissions parlementaires, les missions parlementaires, les enquêtes parlementaires, les débats en plénière ;
– Nous allons défendre nos mandants et leurs intérêts, sachant que tout mandat impératif n’est valable nous n’oublions pas non plus d’où nous venons, les difficultés des populations qui nous font confiance et leurs aspirations à un mieux-être ;
– Nous communiquerons sur toutes nos actions, à travers les sites et comptes conçus pour le groupe et publiés selon les moyens de communications modernes disponibles (internet, réseaux sociaux…) ;
– Nous veillerons à ce que l’assemblée soit un exemple de bonne gouvernance, d’indépendance, d’implication sur les questions nationales, de transparence et veillerons à ce que cela soit porté à la connaissance des maliens ;
– Nous animerons une conférence de presse de notre groupe, à la fin de chaque session parlementaire pour rendre compte de nos initiatives et informer nos concitoyens.
Eu égard à tout ce qui précède, notre Groupe opte pour des principes plutôt que des postures. Il n’entend être prisonnier d’aucun positionnement, en faveur ou contre quelqu’un ou un régime. Il entend être pour le Mali et les Maliens, de manière farouchement indépendante. Supporter ce qui nous semble aller dans l’intérêt du peuple et combattre le contraire. C’est pour cela que nous nous inscrirons dans la ligne d’une opposition indépendante mais intransigeante sur la défense des intérêts du Mali et des Maliens. Nous estimons que le contexte exceptionnel du Mali exige cela.
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