Le premier gouvernement du second quinquennat du président de la République est connu depuis le dimanche soir. Une équipe diversement appréciée. Composée de 32 membres dont 11 femmes, la nouvelle équipe gouvernementale contient quatre portefeuilles de moins que la précédente. Le ministère de la Réforme de l’administration et de la transparence de la vie publique est créé tandis que trois ministères, notamment ceux des Collectivités territoriales, du Développement local, et des Droits de l’Homme, disparaissent de l’attelage gouvernemental. Les départements du Développement industriel et de la Promotion des investissements fusionnent. La jeunesse et la construction citoyenne retrouvent l’emploi. Le ministère de l’Enseignement supérieur change de dénomination et devient le ministère de l’Innovation et de la Recherche Scientifique.
Huit nouveaux entrants
Sur les nouveaux entrants, deux ont été une fois ministre. Il s’agit de Lassine Bouaré qui hérite du très délicat département de la Cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale et Sambou Wagué nommé au ministère de l’Energie et de l’eau. Ils remplacent respectivement Mohamed El Moctar et Malick Al Housseini, tous deux virés du gouvernement.
Les six autres sont : Mme Kamissa Camara, anciennement conseillère diplomatique du président de la République qui devient chef de la diplomatie. Elle remplace le très loquace Tiéman Hubert Coulibaly qui quitte le gouvernement. Il paie sans doute le faible score engrangé par le candidat IBK à l’extérieur. Mme Safia Boli prend la tête du ministère de la Réforme de l’administration et de la transparence de la vie publique, un nouveau département. A ce titre, elle ira à la chasse aux fraudeurs et aux corrompus. Mohamed Moustapha Sidibé devient ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme en remplacement de Cheick Sidiya Sissoko dit Kalifa qui prend la porte de sortie. Mme Lelenta Awa Baba Ba, anciennement directrice de la géologie et des mines, devient ministre des Mines et du pétrole. Mme Diakité Aïssata Traoré devient ministre de la Promotion de la Femme de l’enfant et de la famille. Elle remplace la très « contestée et détestée » Traoré Oumou Touré, celle qui disait : « Je ne démissionnerai pas ». Elle ira maintenant se débrouiller avec le bruit assourdissant des casseroles qu’elle traine et les femmes de la CAFO, qui l’attendaient de pied ferme, ne diront certainement pas le contraire, pour avoir été meurtries par les agissements de dame Oumou Touré.
L’Honorable Yaya Sangaré ne donnera plus de la voix à l’Assemblée nationale, du moins pour cette législature. Celui qui est connu pour son indépendance d’esprit et sa liberté de parole hérite du département des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine. Il remplace Dr Abdramane Sylla qui quitte le gouvernement.
Les sortants
Pendant que les uns font leur entrée, d’autres quittent le navire gouvernemental. Abdel Karim Konaté, après avoir régné durant sept ans sur le ministère du Commerce et de la Concurrence, n’a pas résisté aux bourdonnements de la Ruche. L’empereur du gouvernement ( pour faire référence à sa durée au poste) a été remplacé par une autre Abeille, Alhassane Ag Ahmad Moussa, anciennement ministre des collectivités territoriales. Maouloud Ben Kattra paie le prix de son populisme et de sa démagogie. Le départ de Maitre Baber Gano s’expliquerait par la cuisante défaite du candidat IBK à Djénné. Après avoir cassé les tympans des pauvres populations, Mohamed Aly AG Ibrahim voit sa récompense tomber : les résultats ont eu raison des discours dithyrambiques pour citer le président IBK à tort et à travers car le Développement industriel se mesure par du concret. Les autres partants sont : Hamidou Younoussa Maïga, Me Kadidia Sangaré Coulibaly.
Ceux qui rempilent
Ils sont vingt-quatre à être reconduits. Pendant que les uns gardent leur portefeuille, d’autres permutent ou voient leur département renforcé. Le Pr Tiémoko Sangaré prend du galon et devient ministre de la Défense et des anciens combattants. Il aura la lourde charge de diriger la réforme de l’outil de défense. L’ancien titulaire de ce fauteuil devient ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Amadou Koita, renforce sa présence dans le gouvernement car, en plus de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne, il récupère le département stratégique de l’Emploi. Alhassane Ag Ahmad Moussa quitte les Collectivités territoriales pour prendre la tête du département du Commerce et la concurrence. Soumana Mory Coulibaly, anciennement ministre du Développement local, devient ministre des Transports, en remplacement de Moulaye Ahmed Boubacar qui devient ministre du Développement industriel et de la Promotion des investissements. Les autres restent à la tête de leur département, sans changement.
Après la formation de ce 1er gouvernement du second mandat du président IBK, les réactions sont pour le moment mitigées. Le Premier ministre a, selon plus d’un, entretenu un faux suspens ! Il n’avait pas besoin de six jours pour constituer pareille équipe, analyse un observateur. Selon lui, la montagne a accouché d’une souris. D’autres, au contraire, demandent de laisser du temps à l’équipe.
En tout état de cause, le maintien de Mme Diarra Racky Talla constitue la plus grosse déception du gouvernement. C’est un mauvais signal que le président de la République vient d’envoyer aux partenaires sociaux. Celle que nos confrères d’Azalaï-Express qualifiaient de « Pompom girl » du gouvernement s’est brouillée avec tous les syndicalistes. Par son manque de charisme et d’imagination, la quasi-totalité des partenaires sociaux de l’Etat ont, en un moment où l’autre, fini par quitter la table des négociations. Pourra-t-elle changer l’ordre des choses ? Patience, les jours prochains nous en diront plus. Mais déjà, les médecins et les magistrats sont en grève illimité.
Abdrahamane Sissoko
Source: Le Pays