SANS DÉTOUR

Marche réussie du vendredi 5 avril : L’Imam Dicko et le Chérif de Nioro s’imposent pour parler au nom des maliens en colère contre le régime

Du jamais vu depuis l’instauration de la démocratie dans notre pays : une foule compacte de l’est à l’ouest, du nord au sud, avec centre de gravité le monument de l’indépendance, s’est retrouvée à l’appel de l’Imam Mahamoud Dicko, ce vendredi 5 avril pour protester contre les massacres au Centre du pays et surtout, pour réitérer sa demande de limogeage du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga.

Cette foule composée des adeptes de l’Imam wahhabite, avec des femmes toutes vêtues de noir, des hommes avec des pantalons courts, d’autres avec des petites barbes, scandant des noms de Dieu et des chansons en sa gloire, comprenait aussi des politiques, en première ligne les opposants du régime d’IBK. Il y avait aussi des militants, élus et responsables disparates de la majorité ainsi que les mécontents de la République, en première ligne les enseignants, des parents d’élèves, des étudiants, des chômeurs…

Tout ce monde est sorti, chacun pour une cause ou une autre. Ce qui explique les nombreuses banderoles exhibées sur lesquelles, on pouvait lire : « Boubèye Maiga, dégage », « France, voleuse, profiteuse, vampire », « MINUSMA, G5-Sahel, Barkhane, dégagez tous », « Satisfaction des doléances des enseignants ou rien », … C’est dire que la situation générale du pays a facilité la mobilisation des uns et des autres, lesquels ont affiché leur mécontentement, leur colère, leur désappointement.

Incontestablement, l’Imam de la mosquée wahhabite de Badalabougou, Mahamoud Dicko a réussi une mobilisation inédite. Il a réussi là où l’opposition écartée a lamentablement échoué, en capitalisant le mécontentement des autres couches socio professionnelles. Ce qui fait du coup de Dicko, le personnage le plus important de la République en ce moment.

Qualifié de personnage « hybride », entendez par là un religieux doublé de politique, Mahamoud Dicko pourrait légitimement revendiquer le statut de chef de file de l’opposition, parce qu’il mobilise plus et mieux que Soumaila Cissé, qui bénéficie en ce moment des avantages liés à ce statut. De plus, des milliers de gens croient en l’Imam. Ils le respectent, certains le vénèrent.

Son colistier, Bouillé Haidara, le Chérif de Nioro, une autre personnalité très vénérée, mène le même combat que Dicko. En effet, pour la première fois de son existence, ce vieux respectable était aussi à la tête d’une foule nombreuse dans son QG de Nioro du Sahel.

Le duo s’impose aujourd’hui comme interlocuteur du gouvernement, malgré leur statut hybride. Ils sont légitimes pour parler au nom des maliens en colère et même de l’opposition qui est allée s’abriter derrière les deux mastodontes de la contestation contre le régime en place.

IBK doit donc, au nom de la République, au nom de l’intérêt supérieur de la nation, renouer le dialogue avec ses frères, ses amis Bouillé et Dicko, entrés en rébellion contre son régime. En plus, le dialogue politique inclusif, réclamé par l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, pourrait contribuer à l’apaisement de la situation politique et de la tension sociale.

El Hadj Chahana Takiou

22 Septembre

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