Tenue des Assises nationales de la refondation, création de l’Organe unique de gestion des élections, réformes envisagées, lutte contre l’impunité et la corruption… le tout nouveau président de l’Adéma-PASJ aborde de nombreux sujets dans cet entretien.
L’Essor : Le Mali se trouve dans une Transition depuis un peu plus d’un an. Quel regard portez-vous sur la situation sociopolitique du pays ?
Marimantia Diarra : Le Mali se trouve dans une situation très complexe qui fait quela lisibilité de son évolution, y compris la Transition qu’il traverse, est assez difficile. Il faut éviter de porter un jugement de valeur hâtif pour analyser la Transition malienne, il faut comprendre le contexte de sa survenue qui n’a pas changé, à savoir une situation sociopolitique très défavorable à tout résultat concret sur les plans sécuritaire, économique, social, de la gouvernance, de la diplomatie, entre autres.
Depuis l’installation de la Transition, les efforts des gouvernants portent sur ces défis. Les Maliens ne doivent pas avoir d’autres objectifs que de sortir le Mali de cette mauvaise passe en évitant tout ce qui nous divise, nous distrait. Il faut le Mali pour qu’il y ait des Maliens, il faut une Transition réussie pour assurer un futur démocratique aux Maliens.
L’Essor : Vous venez d’être porté à la tête de l’Adéma au terme du dernier congrès. Sur quels leviers entendez-vous agir afin que le parti joue sa partition pour l’édification du Mali nouveau réclamée par de nombreux compatriotes ?
Marimantia Diarra : L’Adema-PASJ est à la croisée des chemins. Le parti vient de renouveler ses organes. Les renouvellements ont relevé quelques faiblesses et insuffisances. Nous fournirons les efforts nécessaires pour compléter tous les renouvellements des organes aussi bien au niveau du parti que des mouvements affiliés (femmes et jeunes) et cela aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Mali.
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Nous travaillerons inlassablement à l’élargissement de la base du parti ; nous ferons plus d’efforts pour la formation des militants et militantes ; nous chercherons à donner beaucoup plus de place aux femmes et aux jeunes ; nous chercherons à assurer un financement pérenne du parti, nous élaborerons une stratégie d’alliance politique et électorale transparente avec les autres forces politiques sur l’échiquier ; nous renforcerons nos liens avec les partis qui partagent la même vision que nous, notamment ceux qui s’inscrivent dans la sociale démocratie ; nous œuvrerons à la reconstitution de la grande famille Adéma.
L’Essor : La pratique démocratique des trois dernières décennies a révélé des insuffisances. Quelles réformes faudrait-il entreprendre pour éviter à notre pays d’autres interruptions de l’ordre constitutionnel ?
Marimantia Diarra : Aucune œuvre humaine n’est parfaite. C’est pourquoi, nous comprenons les insuffisances constatées au cours des trois dernières décennies de pratique démocratique. Il est temps de relire la Constitution du 25 février 1992 qui nous sert encore de boussole.
Il faut l’adapter à nos engagements dont les accords issus de processus d’Alger, les accords sous-régionaux et internationaux. Il faut aussi compléter la relecture de la Constitution par des ajustements des textes électoraux, entre autres,pour éviter d’autres crises post-électorales qui ne seraient plus des crises de croissance et qui pourraient contrarier notre marche démocratique vers le progrès tant attendu par les Maliens.
L’Essor : La lutte contre l’impunité et la corruption figure parmi les priorités de la Transition. Quel jugement portez-vous sur les actions déjà menées sur ce terrain ?
Marimantia Diarra : L’Adema-PASJ prône la bonne gouvernance et cela depuis les textes fondateurs du parti. Notre parti demande cependant que la lutte contre la corruption et l’impunité se déroule dans le cadre de la loi et du respect des droits de l’Homme.
L’Essor : Afin de rendre plus efficace la lutte contre l’insécurité et le terrorisme, les autorités privilégient de plus en plus l’approche de la diversification des partenaires. La solution au péril sécuritaire pourrait passer par là ?
Marimantia Diarra : Je le répète, la Transition se déroule dans un contexte sociopolitique et sécuritaire très défavorable caractérisé par une violente guerre asymétrique qui nous est imposée. Les autorités de la Transition qui comptent beaucoup de militaires bien formés et informés qui ont étudié dans de très prestigieuses écoles de guerre du monde,sont de mon point de vue, bien outillés pour savoir ce qu’il faut pour préserver notre patrie à laquelle de par leur métier ils ont offert leur vie, pour apprécier la situation et ce qu’ il y a de mieux à faire au regard des résultats obtenus sur le terrain depuis une décennie de guerre contre le terrorisme.
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Les dirigeants de la Transition ont tous les paramètres pour bien apprécier la situation et faire les choix qu’il faut au regard des réalités y compris géopolitiques et du point de vue de la mondialisation et de nos intérêts d’état.
L’Essor : Tenue des Assises nationales de la refondation, création de l’Organe unique de gestion des élections, éventuelle prorogation de la Transition sont autant de sujets sur lesquels les Maliens sont partagés. Ces questions sont certainement débattues au sein de la Ruche.
Marimantia Diarra : Le 6e congrès de l’Adema-PASJ vient de se tenir les 16, 17 et 18 octobre 2021. La direction du parti doit exécuter les résolutions adoptées par ce congrès. Ces résolutions indiquent clairement que nous devons participer aux Assises nationales de la refondation mais dans le cadre d’une participation responsable et patriotique.
Nos représentants défendront nos réflexions, nos points de vue, car il faut le dire sans fausse modestie, depuis la crise qui sévissait bien avant les évènements du 18 août 2020 et depuis ces évènements, notre parti a produit et transmis beaucoup de réflexions stratégiques et de propositions pratiques qui n’ont toujours pas été exploitées à notre goût. Leur utilisation aurait peut-être pu permettre d’anticiper sur bien de nos préoccupations sociopolitiques actuelles.
L’Adéma-PASJ n’a jamais été opposée à l’Organe unique de gestion des élections. Notre parti proposait qu’il soit différé du point de vue mise en œuvre afin de pouvoir respecter la durée de la Transition telle qu’initialement prévue.
Nous profitons de votre journal pour lancer un appel à tous nos militants, militantes et sympathisants de même qu’aux autres partis politiques et organisations de la société civile qui partageaient avec nous le choix d’un boycott de ces assises d’éviter « la politique de la chaise vide » qui priverait ces assises de leurs contributions capitales surtout que l’inclusivité semble sincèrement prônée par les autorités de la Transition qui ont évolué depuis la formation du gouvernement que nous avions tous critiqué après notre consultation sans résultat qui a plutôt été pour nous un «da soumu soumu» de mauvais goût.
Propos recueillis par
Massa SIDIBÉ
L’ESSOR