Aujourd’hui, c’est de l’euphémisme de dire que rien ne va pas au Mali. Surtout, quand on voit et sent la tension et la colère des populations face à l’échec du gouvernement sur tous les fronts : sécurité, demande sociale, éducation…
Ils sont rares, les Maliens qui n’ont pas une crise de nerfs ces derniers temps, à cause des graves problèmes que le gouvernement peine à résoudre. Aujourd’hui, au Mali si il y a des problèmes qui coupent le sommeil à presque tous les Maliens, c’est l’insécurité au centre du Mali avec son cortège de morts et la crise scolaire, laquelle menace l’avenir de la jeunesse et par ricochet celui même de toute la nation malienne. A ces crises, on peut ajouter les innombrables préavis de grève déposés, çà et là, par les syndicats de divers secteurs socio-professionnels.
Contrairement aux promesses faites lors des campagnes électorales, le régime d’IBK a échoué sur tous les fronts et particulièrement sur le front de la demande sociale des Maliens. La preuve, depuis son accession à la magistrature suprême, tous les secteurs socioprofessionnelle ou presque ont déposé au moins un préavis de grève ou observer une grève. Les grèves qui ont le plus marqué les esprits des Maliens sous le règne IBK, sont celles de la santé en 2017, la grève des magistrats en fin 2018 et actuellement la grève des enseignants qui paralyse toute l’école malienne.
Si un dénouement heureux a été trouvé à la grève des agents de la santé, tel n’est pas encore le cas de la crise de la magistrature qui demeure une bombe à retardement dans la mesure où, rien de concret n’a pas été proposé par le gouvernement pour la désamorcer.
S’agissant de la crise scolaire que traverse l’école malienne, force est de constater que la colère (pas seulement celle des enseignants, mais des élèves et des Maliens tout court), devient de plus en plus vive face au refus du gouvernement de trouver une solution. Face à l’insouciance du gouvernement par rapport à la crise de l’école, des organisations de la société civile s’organisent pour battre le pavé, afin de manifester leur colère et exiger la reprise des cours.
Par ailleurs ce qui inquiète le plus ces derniers temps, c’est la montée de la colère au niveau des camps militaires à travers le pays, suite aux attaques meurtrières et répétitives contre les positions de l’armée malienne. La dernière attaque en date est celle du 17 mars dernier contre le poste de Dioura (région de Mopti) qui a fait une trentaine de mort dans les rangs de l’armée malienne. Cette hécatombe jugée de trop, a irrité plus d’un Malien et est en passe de provoquer des soulèvements populaires au niveau de certains camps militaires. Comme ce fut le cas en 2012, les femmes du camp militaire de Kati s’organisent pour marcher et dire non à la boucherie dont sont victimes leurs maris et leurs enfants au front.
Selon des sources proches du camp militaire de Kati, les femmes des militaires tiennent à leur marche pour demander la démission non seulement du chef d’état-major général des armées, mais aussi celle du ministre de la Défense et des Anciens des Combattants qu’elles accusent d’être responsables des cruels revers essuyés, ces derniers temps, par l’armée sur le champs de bataille.
La situation est préoccupante car nul n’ignore que les marches au niveau des camps militaires n’augurent rien de positif au Mali. C’est pourquoi, tout été fait pour faire avorter la marche qui était programmée pour hier jeudi au camp militaire de Kati.
Mais ailleurs, dans la même dynamique de manifestation de colère, des femmes de Nioro du sahel ont exprimé hier, jeudi, leur ras-le-bol face au chef d’état-major de l’armée de terre qu’elles ont empêché d’accéder au camp militaire de ladite ville.
Sur le terrain politico-religieux, le clan Mohamoud Dicko, président du haut conseil islamique du Mali soutenu par le Cherif de Nioro du Sahel, a décidé de marcher, ce vendredi 22 mars pour exiger la démission du Premier ministre. Depuis quelques mois, ce clan considère le Premier ministre, Soumeylou Boubèye comme un diable, voire un ennemi de l’islam pour avoir tenté d’introduire dans le système éducatif malien le programme «d’éducation sexuelle complète».
Une chose est sûre, ces soulèvements qui se pointent à l’horizon prouvent à suffisance qu’il y a une situation de malaise général au Mali face aux mensonges et la mauvaise gestion des crises par le gouvernement. Il urge donc pour le gouvernement d’agir vite et avec tact, avant qu’il ne soit trop tard.
Aboubacar Berthé
Source : Le Serment du Mali