Avocat de son état, Me Hassane Barry dénonce la complicité entre les Forces armées et de sécurité du Mali et les chasseurs de Dan-na Amassagou qui “ciblent les Peuls” dans les cercles de Koro, Bankass et Douentza.
Au cours d’une conférence de presse organisée ce dimanche par l’Association des amis de la culture peule – Tabital Pulaaku -, sur la gravité et l’ampleur de la violence entre les communautés peule et Dogon, Me Hassane Barry a accusé l’Etat “d’encourager le génocide” des Peuls dans le Centre du pays.
Pour l’ancien ministre des Droits de l’Homme, chargé des Relations avec les institutions sous le président Alpha Oumar Konaré, ce qui se passe dans le Centre du Mali est un “génocide”, “le génocide de la communauté peule”.
“Le génocide, pour ce qui concerne le cercle de Koro et de Bankass, est évident. Car tuer ne suffit pas : il faut affamer. L’objectif, c’est ou tu meurs ou tu quittes”, a déploré l’avocat.
Selon Me Barry, les chasseurs de Dan-na Amassagou ont fait le porte-à-porte pour demander aux Peuls de quitter la ville de Koro. “Ils ont brûlé des habitations, ils ont créé un embargo total sur l’ensemble des marchés. Les Peuls n’ont pas accès aux marchés. Ils ne peuvent ni acheter ni vendre. Ils n’ont plus de droit d’emprunter un véhicule. La seule alternative, c’est de partir à pied ou de mourir de faim avec les bétails, car les bétails ne sont plus ravitaillés en aliment”, a poursuivi Me Hassane Barry. Il a affirmé que le crime est commis et les responsables sont connus.
“On ne dit pas que les militaires de l’Etat tuent, mais quand les militaires de l’Etat savent, quand l’Etat le sait et n’agit pas, sa complicité est évidente. Les chasseurs sont structurés dans les bureaux en chef d’Etat-major et des conseillers du chef d’Etat-major. L’Etat sait où ils se trouvent mais ne fait rien”, a accusé l’avocat et de maudire : “Malheur aux chasseurs dont les Peuls sont devenus les gibiers”.
Me Hassane Barry n’était pas le seul à affirmer la complicité de l’Etat dans cette crise inter communautaire dans le Centre. Le président de Tabital Pulaaku, Abdoul Aziz Diallo, et le député élu à Bankass, Idrissa Sankaré, ont affirmé avoir des preuves de la collusion entre l’Etat et les chasseurs.
“Il n’y a pas une autorité au Mali qui n’est pas au courant de cette milice. Il ne s’agit pas de simples chasseurs, il s’agit d’une véritable milice. Si nous parlons de collusion ou de complicité, c’est par rapport à ce qui se passe sur le terrain. Si vous prenez l’exemple de l’interdiction de circulation des motos, elle ne s’applique pratiquement pas aux chasseurs. S’ils arrivent à tuer impunément, c’est parce qu’ils circulent à moto et souvent en convoi. Ils empruntent des voies publiques. Dès fois même, ils passent devant ceux qui sont chargés d’assurer la sécurité. Nous avons des preuves comme quoi ils s’arrêtent parfois pour saluer les militaires”, a expliqué Idrissa Sankaré, député à l’Assemblée nationale.
A la direction de l’information et des relations publiques de l’armée (Dirpa), on refuse de commenter les accusations des membres de l’Association Tabital Pulaaku.
“Je ne réponds pas à une association. Je suis une institution régalienne de l’Etat du Mali loyalement mandatée pour protéger les uns et les autres. Tant que je suis au courant, tant que je le peux, je ne permets pas à quelqu’un d’aller s’en prendre impunément à quelqu’un d’autre”, a souligné le colonel Diarran Koné, directeur de la Dirpa. Il a lancé un message à toutes les parties : “tous ceux qui veulent la paix et savent qu’ils ne sont pas détenteurs des armes devraient revenir à la vérité tout en sachant qu’ils n’ont pas droit à faire usage des armes”.
Maliki Diallo
Source: L’Indicateur du Renouveau