Dans une longue interview qu’il a bien voulu accorder au journal LE RADAR, l’ancien porte-parole du MNLA, Mossa Ag Attaher, évoque en exclusivité sa longue absence au pays et les raisons de son retour dans les instances de la CMA et au sein du Comité de Suivi de l’Accord(CSA) de paix au Mali. Retour sur les points forts de son intervention.
Selon Mossa Ag Attaher, les raisons de son absence au pays, après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali, se justifient par sa volonté de poursuivre des études doctorales. « J’ai effectivement un moment pris une pause pour parfaire mon parcours universitaire; car, j’avais dans mon agenda une forte envie de mettre mes expériences à la disposition de mon pays, toute chose qui m’a incité à renforcer mon cursus universitaire».
Après son Master en Santé publique à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), en Belgique, Mossa Ag s’inscrit en juillet 2018 en Sciences Po de Rabat (au Maroc) et décroche un Master 2 en G2I « Gouvernance et Intelligence internationales».
Assoiffé de savoir, il s’inscrit la même année en Thèse doctorale toujours en Sciences Po sur «Les conflits politico-armés au Nord du Mali de 1963 à 2012 ». Dans un entretien à bâton rompu, le Doctorant en Sciences Po sur les questions sécuritaires au Sahel et l’analyse des insurrections armées dans le Nord du Mali de 1963 à 2012, nous parle du rôle de la Délégation de la CMA au CSA.
Revenu au sein du CSA à la demande du Président de la CMA, Mossa Ag remplace également au poste de Vice-président du MNLA le feu Mahamadou Djéri Maïga, décédé en octobre dernier, ici à Bamako.
Dans cette interview, répondant à la question de sa nomination au sein de du CSA, il dira ceci : «Je ne suis pas de retour comme certaines personnes l’entendent, je ne débarque pas non plus en terrain inconnu ; car, je suis acteur de ce processus depuis 2011. J’ai participé aussi bien à la rédaction de la plateforme des revendications du MNLA en prélude à l’Accord de Ouagadougou qu’à celle de la CMA pour l’amorce des négociations à Alger. Je suis arrivé au CSA à la demande du Président de la CMA, lequel a souhaité depuis bien avant la mise en place du CSA, un Bureau permanent de la CMA à Bamako pour coordonner toutes les actions qui sont d’ordre à engager la CMA conformément à ses engagements avec l’Etat du Mali, la communauté internationale et à sa lutte politique. J’ai même séjourné à deux reprises à Bamako, sur invitation du Président de la CMA d’alors en 2016 et 2017 pour une prise de contacts dans ce sens avec les autorités en charge du dossier notamment le Ministre de la Réconciliation, celui de la Défense, de la Sécurité, les membres du CSA, mais également avec le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta.
J’inscris à ce titre ma participation au CSA, dans le cadre global de la volonté de la CMA de renforcer sa Délégation au sein des instances dans le processus général et plus précisément au niveau du CSA».
Content de regagner toute sa place parmi les siens, il dira que c’est un sentiment de satisfaction qui l’anime. «Je suis plus ou moins animé de satisfaction de retrouvailles, quand on regagne la famille, les amis, les camarades de lutte et de promotion. Ensuite, je suis animé aussi et surtout du souci de concrétiser sur le terrain pratique toutes les ambitions de lutte politique et de fortes convictions.
Autant j’ai donné le meilleur de moi-même pour porter haut et fort le projet politique du MNLA, autant je compte à présent m’investir avec la même énergie pour capitaliser les acquis de l’Accord dans l’intérêt supérieur des populations au nom desquelles nous nous sommes volontairement engagés. Je pense que le moment est venu pour donner à la paix toute ses chances et aux populations le droit de vivre dignement sur leurs terroirs. Cela ne peut se réaliser que par une mise en œuvre efficiente et intégrale de l’accord de paix.
Le dernier sentiment reste les attentes vis-à-vis de l’avenir, se mettre ensemble et réussir à implanter le soubassement du chantier de l’intérêt général, au détriment des tensions et des divergences qui nous interpellent tous».
Se prononçant sur le processus de l’Accord de paix, il reconnait qu’il a connu énormément de retard dans sa mise œuvre qui devrait être terminée depuis deux ans mais, malheureusement, quatre ans après sa signature ses points essentiels ne sont pas encore épuisés. «La responsabilité de ce retard est partagée et, entre temps, une dynamique d’accélération de la mise en œuvre de l’Accord est à présent enclenchée.
Depuis l’avènement des dernières élections présidentielles, suite à la réélection du Président IBK à la tête de la magistrature suprême, le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga, en Homme de dialogue, affiche une réelle volonté d’aller de l’avant et une grande capacité à trouver des compromis. Ses visites à Kidal et dans les autres Régions de l’Azawad ont largement participé à l’instauration d’une certaine confiance qui a cruellement manqué les premières années de la signature de l’Accord. Je constate avec satisfaction des dispositions positives prises par lui pour trouver des consensus allant dans le sens d’accélérer l’Accord. Ce qui permettra de solutionner les points de désaccords qui plombent le système; car, autant nous devons user entièrement de notre droit à la critique, autant nous sommes capables de reconnaitre aussi sans détour la bonne foi de ceux qui sont dans des dispositions de faire avancer les choses.
A ce titre, nous saluons la volonté réaffirmée du Gouvernement et des partenaires de la Communauté internationale à accélérer l’Accord. Parmi ces actions concrètes, il y a l’effectivité du cantonnement via le screening des ex-combattants dans les sites de Gao, Tombouctou et Kidal, le parachèvement des Mécanismes opérationnels de coordination, (MOC), l’appel au retour des anciens FAMA en vue de leur réintégration et les dispositions en cours auxfins de finaliser les dispositions pour une armée reconstituée.
Cependant, pour ce qui est des anciens FAMA, membres de l’état-major de la CMA, nous avons soumis des propositions concrètes à l’Etat afin que leur retour se fasse dans la prise en compte d’un certain nombre de dispositions préalablement nécessaires, parmi lesquelles figurent en bonne place la question de leurs grades, le règlement des aspects liés à leurs carrières.
Je salue, de passage, la volonté réaffirmée du Gouvernement à créer le cadre de discussions nécessaires pour la prise en compte de ces dispositions».
Habi Sankoré
Le Soft