Plutôt que de bouter les terroristes hors du territoire malien, l’opération Barkhane s’est muée en un véritable outil de néocolonialisme au Mali, laissant les populations à la merci de l’obscurantisme. Lassées de cette situation, la population malienne a haussé le ton, ce vendredi 4 février 2022 à Bamako, pour exiger le départ pur et simple des troupes françaises du Mali.Au Mali depuis 2014, l’opération Barkhane est loin d’accomplir sa mission singulière de lutte contre le terrorisme. Huit ans après, force est de constater que les résultats d’une telle opération ne sont pas au rendez-vous. Plutôt, le phénomène du terrorisme a gagné du terrain, aux yeux et à la barbe des soldats français de l’opération qui, visiblement, ne prennent cette mission à bras-le-corps. Conséquence : les populations sont terrorisées ou massacrées, avec à la clé l’application de la charia, les pillages, des villages et/ ou champs incendiés, etc. Au même moment, le « sauveur » venu de l’occident trouve mieux l’occasion de protéger l’ennemi et de piller les ressources minières dans les zones du Nord du pays. Pis, des zones de non-droits sont créées, auxquelles les Maliens, à plus forte raison les Forces Armées Maliennes, ne peuvent accéder. Dans de tel contexte, la population n’a d’autre issue que d’exprimer son mécontentement comme contre le néocolonialisme. Hier vendredi, la population est sortie une fois encore de son gong contre la politique néocoloniale de la France. Désormais, il est question de l’expression de la souveraineté malienne. Les déclarations des autorités françaises contre les autorités de la Transition ne sapent pas le moral des Maliens. Plutôt, elles revigorent. Le peuple malien est déterminé à aller jusqu’au bout, peu importe les obstacles. « À Bas la France », « Stop Barkhane », « Vive les FAMa», «Vive Assimi », « France = colonisation! », « Macron, sors du Mali! », « Adieu la France », « Nouvelle libération de l’Afrique », scandent les manifestants ou lit-on sur les banderoles. Selon les organisateurs de cette manifestation, ce rassemblement n’est pas contre la France, mais « contre les autorités de la 5e République » et leur Président Macron, « qui traitent avec mépris, non seulement les Africains, mais aussi les français ». « Les Maliens sont indignés par la politique de Macron, par le fait qu’au lieu de lutter contre le terrorisme, les autorités françaises, sous le couvert de l’opération Barkhane, tentent de flirter avec des militants et des terroristes », ont-ils soutenu. L’opération Barkhane, jugent les manifestants, « est inefficace en termes de lutte contre les terroristes », car devenue « l’un des mécanismes de colonisation. Les militaires français aident les groupes armés, y compris les terroristes ; leur objectif principal est d’établir leur contrôle sur le Nord du Mali ». « Quand quelque chose ne marche pas, ce n’est pas la peine d’insister. Tout le monde a compris que l’échec de la France aujourd’hui dans le Sahel est visible », dira Jeamille Bittar, un des organisateurs qui voient en « les discours sur la Francophonie des contes avec lesquels l’élite politique française tente de s’approprier les ressources des pays africains ». « Cette politique néocolonialiste ne peut pas continuer », assène Bittar. De son côté, Aboubacar Sidiki Fomba, l’une des figures de proue de la défense de la patrie, perd tout confiance en l’opération Barkhane dont il réclame le départ immédiat. Pour ce membre du Conseil national de la transition, « la force Barkhane n’a plus de statut juridique au Mali. Nous ne lui faisons plus confiance et on veut qu’elle quitte le territoire avec un plan de retrait immédiat. » Perte du pré carré français en Afrique La France est en train de perdre un autre pays africain de sa zone d’influence. Ce, au profit d’une autre puissance, partenaire : la Russie. Car, sur une affiche lors de la manifestation, on remarque un général russe arrêter les Français à la bataille de Borodino, devenue le point de départ de la fin de l’Empire français dans la première moitié du 19ème siècle. Au regard de la réorientation de sa coopération avec d’autres partenaires, le Mali définit une nouvelle mode ou une nouvelle tendance Nouvelle libération de l’Afrique. Cette tendance s’étend à d’autres pays africains qui soutiennent la résistance des autorités de la Transition face à l’ancienne puissance coloniale : la France. Les coups d’Etats en Guinée et au Burkina et celui raté en Guinée Bissau sont des signaux de la perte prochaine de la main française sur l’Afrique ou son pré carré oust-africain. Quoi qu’on dise, le peuple malien reste soudé derrière son Président colonel Assimi Goïta et sa politique d’indépendance et de souveraineté du Mali. Quant aux FAMa, leur lutte héroïque contre les terroristes, surtout ces dernières semaines, est applaudie. Cyril Roc DACK/ Icimali.com |