Entre un Choguel Kokalla Maïga qui peine à porter le manteau de Premier ministre et un Nouhoum Sarr toujours aux aguets, le torchon ne cesse de brûler. Les déclarations acerbes du Premier ministre contre l’ancien Président Alpha Oumar Konaré ont suscité une vive réaction de la part du membre du Conseil National de transition, qui a assimilé cette sortie à une sortie « scandaleuse » et « contraire aux traditions républicaines ».
Depuis sa nomination à la tête de la Cité administrative du Bamako, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga n’a cessé de briller par ses sorties fracassantes. Une nouvelle controverse secoue la scène politique malienne alors que le Premier ministre est la cible de critiques sévères de la part de Nouhoum Sarr, membre du CNT, suite à ses propos lors de la présentation des vœux de la fête de Tabaski 2023 de certains acteurs du M5-RFP. Lors de cet événement, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a choisi de critiquer sévèrement l’ancien Président Alpha Oumar Konaré, en remettant en question ses réalisations pour le Mali. Il a déclaré : « Je ne veux pas m’attarder sur certains où il y a le négatif. Lui (Alpha Oumar Konaré), il n’a même pas dirigé le Mali. Quand on détruit l’Armée, quand on détruit l’École, tu ne peux jamais me convaincre que tu fais du bien pour le pays. Donc, je parle de ceux qui ont fait des efforts. Ce dont vous voulez, que je nomme, laquelle de ses réalisations concrètes peut-on présenter aux Maliens ? ».
Ces propos ont immédiatement suscité l’indignation de Nouhoum Sarr, qui a exprimé sa désapprobation de manière forte et sans équivoque. Il a qualifié les déclarations du Premier ministre de « honteuses ». « C’est scandaleux, c’est une honte qu’un premier ministre puisse descendre à un tel niveau », a regretté M. Sarr. Qui a exprimé sa conviction qu’il n’aurait jamais choisi Choguel Kokalla Maïga comme Premier ministre s’il était au pouvoir en tant que Chef de l’Etat.
Selon le président du parti FAD, de tels comportements venant d’un Premier ministre sont en contradiction avec les responsabilités et les devoirs des hauts fonctionnaires de l’État, et ne contribuent pas à rassembler la population malienne. « C’est contre toutes les traditions républicaines qui imposent aux chefs de l’administration, aux Chefs de l’État, aux responsables qui occupent des hautes fonctions de l’État, de se prononcer sur des questions qui sont de nature à diviser. Ce n’est pas grand de la part d’un premier ministre. On a d’autres choses à faire que de s’attaquer à un ancien (Président). C’est du jamais vu, aucun Premier ministre ne l’avait fait auparavant », dénonce-t-il.
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Et Nouhoum Sarr d’asséner : « Le premier ministre (Choguel) a du mal à porter le boubou de premier ministre. Il est resté dans le boubou de l’opposant. Et ça, c’est quelque chose qui est malheureux, scandaleux, ce n’est pas acceptable, c’est condamnable à tout point de vue. Je pense que la gestion d’un pays, assumer les fonctions de premier ministre dans son pays, doit vous amener à vous hisser à une certaine hauteur. »
Le membre du CNT a fait observer que les propos du Premier ministre ne reflètent pas la position de la Transition ni celle des plus hautes autorités du pays, et qu’ils ne représentent pas non plus l’opinion de la majorité des Maliens, ‘’qui, aujourd’hui, est tournée vers le rassemblement de toutes les énergies pour qu’ensemble le Mali puisse faire face aux enjeux de l’air et aux défis du combat’’.
La crainte de Nouhoum Sarr est de voir de tels échanges publics détourner les attentions des véritables enjeux et nuire à la stabilité du pays en créant des divisions inutiles. Il a souligné que la priorité devrait être de faire avancer le pays dans l’intérêt de tous les citoyens, plutôt que de s’engager dans des querelles politiques stériles.
Sarr récidiviste
Le membre du CNT n’est pas à première sortie contre les réactions du Premier ministre Choguel. Lors du passage du Premier ministre devant les membres du CNT, le 21 juin 2022, où il a répondu aux questions d’actualité relatives à son Programme d’Actions Gouvernemental (PAG), M. Sarr a collé une note de 3/10 au Premier ministre Choguel pour son bilan de 30% de réalisation de son PAG qui, à ses dires « est périmé ». « Monsieur le Premier Ministre, de quoi avez-vous manquez, que l’Etat n’a pas mis à votre disposition ? », avait demandé le Conseiller Sarr qui ne comprenait pas jusque-là la tergiversation du Chef du Gouvernement à réalisation efficacement le PAG.
« Je l’ai dit publiquement, je l’ai dit à qui de droit, je me suis exprimé publiquement sur cette question. C’est ma conviction, c’est mon intime conviction. Et aujourd’hui, puisqu’hier, je demeure convaincu que c’était juste vu, et que cette conviction-là reste intacte. Elle n’a pas bougé d’un iota. Même si je fais l’objet de critique venant de ce qu’on appelle les loubards numériques que certains ont inventés, mais il faudra plus que ça pour m’intimider. Nous défendrons le Mali, nous défendrons nos points de vue que ce soit des points de vue partagés ou pas, en tout cas, nous défendrons nos points de vue », a justifié le membre du CNT.
Un PM écarté ?
En acteur politique averti, M. Sarr averti, ‘’les propos d’un homme politique ne sont jamais fortuits’’, ils ‘’cachent toujours quelques choses qu’il faut décoder, d’où la communication politique’’.
Pour le président du parti FAD, ‘’ceux qui n’ont pas compris’’ ses critiques contre le PM Choguel « vont peut-être comprendre demain’’ et ‘’ceux qui n’avaient pas compris hier sont aujourd’hui en train de comprendre’’. « Je n’hésite pas à condamner les propos du premier ministre qui, visiblement, n’est peut-être pas au parfum des choses, et qui essaye de faire une diversion. Ce n’est acceptable et c’est condamnable », a déclaré M. Sarr.
Il est important de rappeler que le Mali traverse une période critique de transition, et que la nécessité de l’unité et de la coopération est plus grande que jamais. Au lieu de se livrer à des attaques personnelles, les dirigeants politiques doivent concentrer leurs efforts sur la construction d’un avenir meilleur pour le pays et ses citoyens.
La polémique entre le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et Nouhoum Sarr met en lumière les tensions et les divergences d’opinions au sein de la classe politique malienne. Dans cette période de transition, il est essentiel que les acteurs politiques fassent preuve de retenue, de respect mutuel et travaillent ensemble pour surmonter les défis auxquels le pays est confronté. Seule une approche unifiée peut permettre au Mali de surmonter les obstacles et de bâtir un avenir prospère pour tous ses citoyens.
Cyril ADOHOUN
L’Observatoire
