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Oumar Barou Diarra, DG de l’EDM : « Les lendemains meilleurs ne sont pas loin »

Plus qu’une journée porte ouverte, c’est un moment de grandes réalisations que la direction de la société a voulu partager avec  ses invités. Activistes, associations de consommateurs et journalistes ont été, l’espace d’une journée, les témoins des grandes réalisations en cours pour gérer la crise énergétique dans notre pays. Ce qui fera dire au directeur général de EDM-SA, Oumar Diarra, que « les lendemains meilleurs ne sont pas loin ».

Pour comprendre la délicatesse de sa mission, la direction d’EDM-SA joue la carte de la transparence. A l’issue d’une journée porte ouverte, le site de Balingué, construit dans les années 1980, équipé de transformateurs abaisseurs et qui dessert la zone Est de Bamako jusqu’à Koulikoro, s’est ouvert au grand public.

A la suite de cette étape, les visiteurs ont mis le cap sur Sirakoro où a été construit dans les années 1990 le poste de transport recevant l’énergie de Sélingué, Manantali et de la Côte d’Ivoire. Non loin de ce site, on peut s’apercevoir que le chantier du projet de construction de la centrale thermique au fioul lourd de 100 MW évolue à la satisfaction générale.

La dernière étape a été consacrée à la visite de la centrale thermique de 20 MW de Balkou à Sotuba. Cette structure énergétique permet d’améliorer l’alimentation en électricité des quartiers Est de Bamako.

Au sortie de la journée marathon, le DG d’EDM-SA, Oumar Diarra, est revenu sur le bien-fondé d’une telle démarche. « Le but de cette journée porte ouverte est que les clients et les consommateurs de l’EDM puissent s’imprégner de la problématique du sous-secteur de l’électricité en général, mais aussi des contraintes d’exploitation que l’EDM a en cette période charnière de forte consommation qui coïncide avec le ramadan », a-t-il laissé entendre.

Selon lui, pour l’amélioration de la couverture énergétique satisfaisante, des efforts sont en cours. « Au regard des coupures, qui ont lieu en début du mois d’avril, il va vous sembler que nous n’avions pas anticipé un certain nombre de sujets. Mais, je crois que non parce que lorsque nous sommes arrivés aux affaires en novembre 2020, nous avions procédé à une analyse très approfondie des causes des coupures et nous avions identifié deux causes principales ».

« La première cause, a-t-il poursuivi, était due à des contraintes sur l’approvisionnement en hydrocarbure de nos centrales. Cela s’expliquait aussi par beaucoup d’autres facteurs parce que nous avons un volume considérable de consommation d’hydrocarbure ».

En outre, M. Diarra a souligné des insuffisances à certains niveaux « fort malheureusement en 2020, tous ces volumes étaient portés à plus de 85 % par un seul fournisseur qui n’arrivait pas à y faire face ». Pour y remédier, des mesures fortes ont été adoptées par le directeur général, « nous avons réglé ce problème pour 2021. Nous avons lancé un appel d’offres et nous avons mis sur les sites plusieurs fournisseurs. Mieux, chaque fournisseur principal a été suppléé. Pour permettre de prendre rapidement le relais en cas de défaillance du fournisseur principal. Maintenant, on entend plus parler de rupture de combustible sur nos sites. La deuxième cause était le problème de transit sur nos liaisons ».

A l’en croire, « le réseau électrique se subdivise en trois : réseau de transport, réseau de répartition et réseau de distribution. Quand on produit, il faut passer par le réseau de transport, ensuite tu arrives sur le réseau de répartition qui te met sur le réseau de la distribution qui est la livraison au consommateur final. Ce qui se passe c’est que les réseaux de répartition sont totalement défectueux du fait de leur vétusté et du fait qu’ils n’ont pas été réhabilités depuis fort longtemps ».

Renforcement et réhabilitation

 Selon le DG d’EDM-SA, la solution qui semble logique était la réhabilitation rapide et le renforcement de ces réseaux. Mais, entre le lancement du processus de contractualisation et du lancement jusqu’à la fin des travaux d’un réseau de répartition, cela prend au moins 8 mois. Il ajoute que ce timing nous amenait en dehors de la période de forte consommation, que sont les mois de mars, avril et mai. « Ce n’était pas la solution appropriée pour gérer le problème à court terme », renchérira-t-il.

Toutefois, il a estimé qu’il fallait réfléchir pour trouver une solution technique : « Ce qui nous a amené à faire cette centrale de 20 MW sur ce site de Sotuba et une deuxième centrale de 20 MW sur le site de Badalabougou au Cres ».

A en croire M. Diarra, cela permettait de contourner momentanément ce problème de liaison et d’anticiper sur les problèmes connus. Néanmoins, il a ajouté l’apparition d’un aléa qui n’avait pas été intégré dans leur gestion du risque de coupure de 2021. « A la pointe des consommations, la demande la plus forte se situe aux environs de 400 MW. Sur ces 400 MW, il y a 100 MW, de façon contractuelle, qui est délivrés par la Côte d’Ivoire. Cela s’inscrit dans le cadre des accords Cédéao qui prônent les interconnexions entre les pays ».  M. Diarra a rappelé que depuis 2012, le Mali a une interconnexion avec la Côte d’Ivoire. Il a également précisé que le Mali enlevait près de 30 MW avec la Côte d’Ivoire en 2012, 2013, 2014 et d’ajouter que cet enlèvement est allé crescendo jusqu’à atteindre en 2019, 2020 100 MW, « cela représente le quart de la consommation du Mali en période de pointe ».

Concernant la défaillance électrique de la Côte d’Ivoire en 2021, M. Diarra a fait l’historique des livraisons de cette dernière en donnant les raisons. « Quand on prend l’historique des livraisons de la Côte d’Ivoire de 2012 à nos jours, il n’y a jamais eu de défaillance. Mieux, la Côte d’Ivoire a des engagements écrits avec la Banque mondiale et le FMI sur la délivrance des MW contractuels. Pas au Mali seulement mais au Burkina Faso, à la Sierra Leone et d’autres pays à qui la Côte d’Ivoire délivre de l’énergie. Encore mieux, en 2020, le Mali avait une relation contractuelle à hauteur de 100 MW avec la Côte d’Ivoire ».

Il précisera que la Côte d’Ivoire délivrait au plus fort de la chaleur entre 120 et 130 MW sur le réseau malien. Se basant sur cette donne, il a indiqué qu’il n’y avait aucune raison pour l’EDM-SA de penser qu’en 2021, la Côte d’Ivoire allait faillir. Ce qu’il faut noter, selon lui, c’est qu’il n’y avait pas de solution de rechange si, à un moment donné, on avait été amputé des 100 MW enlevés de la Côte d’Ivoire et de reconnaitre que ces solutions n’avaient pas été envisagées. « La défaillance de la Côte d’Ivoire nous a causés bien des soucis. Mais, nous ne sommes pas restés les bras croisés face à la situation », reconnaitra-t-il.

« Dès que nous avons constaté la baisse de la livraison ivoirienne, nous sommes allés deux fois avec une forte délégation pour rencontrer les Ivoiriens afin de négocier et relever le niveau des enlèvements. Cependant, il convient de dire que les problèmes d’exploitation en Côte d’Ivoire sont aujourd’hui pires qu’au Mali ».

Des fortes assurances

Le DG Oumar Diarra a tenu à rappeler que tout a été mis en œuvre pour soulager les clients, les consommateurs. Les solutions se résument en deux volets. « La première solution, c’est que d’ici 8 mois, nous déploierons une puissance de 150 à 200 MW pour suppléer aux éventuels problèmes qui pourraient survenir sur les lignes d’interconnexion ». Il a expliqué que cette puissance permettra de donner une sécurité énergétique au Mali, précisant que cela est la solution immédiate pour ne plus parler de la défaillance d’une ligne d’interconnexion.

M. Diarra a reconnu que le problème énergétique est beaucoup plus profond que ça parce que le secteur n’a pas connu d’investissement structurant depuis plus de trois décennies. Tant et si bien que la qualité des ouvrages et des équipements laisse à désirer. « Nous sommes à la merci d’un incident à tout moment », a-t-il prévenu.

 Et d’ajouter que le règlement de ces problèmes nécessite un investissement d’envergure. Il est revenu sur les propos du ministre lors de son point de presse qui avait évoqué près de 2300 milliards d’investissement sur les cinq prochaines années. Le DG d’EDM-SA trouve que cette somme n’est pas trop ambitieux pour le secteur qui n’a pas connu d’investissement depuis quelques décennies.

« Nous allons déployer ce plan. Déjà, une bonne partie des 2300 milliards est mobilisée. Il y a 1300 milliards qui sont déjà sous le coup du partenariat public-privé » en précisant que ce sont des privés qui vont investir et vendre l’énergie. « Des contrats de concession sont signés. Il y a certains documents juridiques qui sont en cours de signature. Après, il y a 500 milliards dont le clausing financier est déjà fait. Il est porté par les bailleurs de fonds classiques comme la BOAD, la BID, etc. Ce qui reste à chercher, c’est 499 milliards ».

M. Diarra a rappelé que la levée de ces 499 milliards se fera sur place à Bamako en organisant dans les semaines à venir une table ronde des investisseurs et de poursuivre en soutenant que le secteur de l’énergie a beaucoup d’appétence par les investisseurs.

« Pour preuve, nous recevons en longueur de journée des manifestations d’intérêt pour faire tel ou tel investissement dans la production ou dans le transport ou dans la distribution », a-t-il dit. Néanmoins, il a reconnu que ce sont des offres spontanées qui viennent des partenaires, ajoutant elles ne répondent pas forcément à nos besoins. C’est dans cette dynamique qu’il a été bâti un plan de développement et qui sera ensuite proposé aux investisseurs. « Cependant, tout cela sera cadré et fait dans les règles de l’art », soulignera-t-il.

Le DG de l’EDM-SA a présenté ses excuses à tous les consommateurs pour les désagréments qu’ils subissent tous les jours. « Nous ne coupons pas le courant, mais nous sommes obligés d’agir quand il y a un déficit de production pour que l’ensemble du réseau ne s’écroule ». Il a fait part de l’obligation de faire un rationnement, de donner à certains, de tourner en attendant que nous ayons les lendemains meilleurs.

Pour finir, il a tenu à assurer que les lendemains meilleurs ne sont pas loin et que les dispositions sont prises à cet effet.

A.M.C.

L’Observatoire

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