Le poste de Bakary Togola, l’actuel président de l’Union nationale des producteurs de coton, est en jeu. Conformément aux textes régissant l’organisation, le mandat du patron des producteurs de coton est à terme et une élection doit se tenir en septembre 2019 pour élire un nouveau président. Le président sortant que l’ont dit être devenu riche à la tête de l’organisation peut aussi se présenter à sa propre succession.
En attendant la communication du calendrier de renouvellement des instances représentatives des producteurs de coton, les paysans s’apprêtent à une nouvelle bataille. On se souvient notamment de la précédente élection en 2015 qui a failli plonger le secteur cotonnier dans une nouvelle crise. Les paysans qui étaient opposés à Bakary Togola ont vigoureusement dénoncé le processus électoral qui n’a pas commencé de la base vers le sommet comme le veulent les règles.
S’achemine-t-on vers le même scenario ? Le risque est assez grand puisque Bakary Togola doit être en lice une nouvelle fois. «Il a encore le droit de se présenter, sauf si l’enquête judiciaire en cours aboutissait à autre chose », a commenté Yacouba Koné, président des producteurs de Kadiolo dans la région de Sikasso. Une réédition de cette méthode controversée sera une catastrophe pour la productivité du coton malien qui est déjà en chute libre.
Interrogé, Siaka Coulibaly, membre de l’Union des producteurs de coton dans la zone de Kita, a indiqué que les acteurs de ce secteur vital de l’économie malienne attendent à présent que l’établissement du calendrier de renouvellement des instances de représentativité des paysans. « Un calendrier provisoire a été proposé le lundi dernier (26 août 2019, Ndlr) ; il reste que les autorités se prononcent », a-t-il affirmé.
Balance ton patron !
Mais les choses s’annoncent difficiles pour Bakary Togola. Problème : le patron des cotonculteurs maliens fait l’objet d’une plainte de la part d’un collectif de paysans qui s’estiment floués. D’ailleurs, Kassougué, le procureur en charge du Pôle économique et financier de Bamako, a informé la presse nationale (le 22 août) de l’ouverture d’enquêtes judiciaires sur une plainte relative aux ristournes des paysans.
Outre ce processus judiciaire, les paysans étaient remontés contre le pouvoir à cause du retard de la communication du prix de l’engrais. «Tout est rentré dans l’ordre, ils ont dit qu’il n’y aura pas d’augmentation. Sur ce point, nous avons eu satisfaction », a poursuivi Coulibaly. Qui pour remplacer Bakary Togola ? La question est sur les lèvres. Le gouvernement semble prendre la mesure de la gravité de la colère des producteurs de coton qui ont balancé leur patron à travers cette plainte.
Et le Bénin « tabasse » le Maliba
La crédibilité du ministère de l’Agriculture est engagée dans le renouvellement des structures, selon certains paysans. Par ailleurs, on tente de gérer les erreurs comme la perte par le Mali de sa place de premier producteur de coton (660 000 tonnes lors de la dernière campagne) en Afrique de l’Ouest au profit du Bénin (700 000 tonnes).
L’enjeu est de taille, selon des observateurs qui estiment que le gouvernement malien a laissé certains individus se jouer de tout le Mali. En effet, les chiffres donnés par le gouvernement malien sont en porte-à-faux avec ceux des spécialistes ayant dévoilé la victoire du Bénin sur le Maliba (le grand Mali) de sa place de premier producteur de coton dans l’Ouest africain.
A suivre!
Soumaila T. Diarra