Il s’est enclenché, depuis fin février, un processus dit de « décrispation politique » sur la scène nationale, caractérisé par le tête-à-tête entre IBK et le Chef de file de l’opposition. Seulement, Soumaïla Cissé n’avait, jusque-là, officiellement déclaré face à aucun média, qu’il reconnaissait la légalité constitutionnelle du pouvoir d’IBK avant d’accepter une quelconque rencontre avec ce dernier, sachant bien que depuis la proclamation des résultats, l’Opposition, à travers moult démonstrations de force, avait énergiquement refusé toute légitimité au régime réélu.
Voilà, en substance, l’approche politique aussi bien lamentable qu’incohérente, dont nous a habitué la classe politique malienne, cette élite qui ne cesse pourtant de se réclamer progressiste et populaire. Au lendemain de la proclamation de la victoire présidentielle en faveur d’IBK par la Cour Constitutionnelle jusqu’à l’officialisation de la fameuse rencontre, les forces de l’Opposition avait usé de toute leur ingéniosité pour imposer la reconnaissance d’une légitimité au bénéfice de leur leader, Soumaïla Cissé, candidat malheureux du scrutin. Cela, en s’employant délibérément à discréditer et traîner, dans la boue, l’image de celui avec qui, ces mêmes forces politiques sont aujourd’hui en train de discuter. Quelle irrévérence morale d’une Opposition se disant digne et respectable, se lamente cet observateur de la scène politique malienne.
Pour cet autre Malien vivant aux Etas Unis, après avoir désespérément cherché à déstabiliser l’Exécutif, rendre le pays ingouvernable et faire fuir les investisseurs étrangers, voilà la même Opposition qui revient à la table de négociation avec le même pouvoir qu’elle qualifiait d’usurpation et de la plus grossière des illégitimités. Voilà également que ces mêmes leaders politiques « intègres » et « conscients » qui, après avoir fait vainement espérer leurs militants dans la rue et sous un soleil d’enfer, reviennent honteusement courber l’échine devant IBK, « l’usurpateur » et « le dictateur ». Et dire que c’est ce groupuscule de flibustiers et imposteurs qui prétendent incarner un « modèle » pour les jeunes générations !
Lors des nombreuses marches de protestation organisées par l’Opposition pour « faire dégager IBK et sa famille », si le régime avait utilisé une éventuelle force meurtrière contre les manifestants pour ainsi endeuiller des familles, qui sont ceux qui seraient les vrais perdants en ce moment précis de la rencontre entre les leaders ayant appelé à manifester et les tenants du régime ? Qui sont ceux qui seraient également les vrais bénéficiaires après que le pouvoir eût massacré des militants de l’Opposition si toutefois l’actuel processus de décrispation aboutissait à un Gouvernement d’union nationale ?
En voici donc, un énième témoignage donné par la classe politique malienne sur son indécrottable incapacité à être responsable, digne et logique dans sa démarche. Voici une énième preuve amoncelée par les hommes politiques maliens, en particulier, l’Opposition, sur le fait qu’en définitive, aucun malien conscient ne devrait compter sur eux pour une quelconque solution si ce n’est qu’œuvrer pour des intérêts criminels.
Modibo Kane DIALLO
La Sirène