Le dossier judiciaire opposant des leaders de partis politiques dissous à deux membres du Conseil national de Transition (CNT), en l’occurrence Biton Mamary Coulibaly et Moulaye Keita, connaît un nouveau rebondissement. Initialement enrôlée devant le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, l’affaire a été déclarée éteinte par le tribunal lors de l’audience tenue ce lundi 29 décembre 2025, une décision aussitôt contestée par les avocats des plaignants qui ont annoncé avoir interjeté appel.
À l’origine de cette procédure, des injures et menaces publiques diffusées par voie électronique. Une plainte avait été déposée contre les deux membres du CNT, lesquels ne bénéficient d’aucune immunité parlementaire. Toutefois, selon les conseils des plaignants, cette plainte a été « bloquée de fait, sans motif avouable », les obligeant à recourir à une citation directe pour saisir la justice.
L’affaire a ainsi été appelée à l’audience du 2 octobre 2025, au cours de laquelle le tribunal a fixé une consignation jugée inhabituelle de 5.500.000 FCFA, somme régulièrement acquittée par les plaignants. Le tribunal avait alors ordonné un renvoi souverain au 27 novembre 2025, une date confirmée par le plumitif d’audience, seul document faisant foi en cas de contestation. Les avocats rappellent d’ailleurs que « les parties et leurs conseils ne disposent d’aucun moyen d’influence sur la fixation des renvois ».
Contre toute attente, lors de l’audience du 29 décembre 2025, le même tribunal a estimé que la date qu’il avait lui-même fixée était trop éloignée dans le temps pour permettre la poursuite de l’action, et a, en conséquence, annulé la procédure.
Une décision que Me Mountaga Tall, porte-parole du collectif des avocats, juge pour le moins incompréhensible. Dans un discours direct et sans concession, il s’est interrogé « Fallait-il en rire ou pleurer ? Car il tombe sous les sens qu’un tribunal ne saurait tirer argument de ses propres renvois pour éteindre une procédure régulièrement engagée. »
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Les avocats déterminés à poursuivre
Face à cette situation, le collectif d’avocats ne compte pas baisser les bras. Me Mountaga Tall a tenu à rassurer l’opinion : « Mais que nul ne s’y trompe : cette affaire se poursuivra car nous faisons immédiatement appel. »
Plus encore, il a réaffirmé l’engagement des plaignants en faveur de la justice et de l’État de droit : « Que nul, non plus, ne se décourage ou n’abdique : nous ne renoncerons pas à l’État de droit malgré les écueils et les difficultés de toute nature. Car l’État de droit ne se négocie pas. Il s’impose. La justice doit être rendue ; et elle le sera. »
En attendant l’examen de l’appel, cette affaire relance le débat sur le fonctionnement de la justice et la garantie de l’égalité de tous devant la loi, dans un contexte de transition où l’exigence de l’État de droit demeure plus que jamais au cœur des attentes citoyennes.





