L’esclavage, cette pratique moyenâgeuse et déshonorante, sévit au nord et à l’ouest du Mali depuis belle lurette, sous le silence coupable du gouvernement. Il a fallu que les réseaux sociaux s’en saisissent, en publiant des images atroces, pour que les autorités pondent un communiqué.
Mieux vaut tard que jamais, nous enseigne l’adage. En faisant un communiqué tardif pour condamner la pratique de l’esclavage dans certaines localités maliennes, tout porte à croire que l’Etat du Mali cherche à sauver la face aux yeux du reste du monde. De l’analyse de certaines organisations de défense des droits de l’homme, les récentes images atroces, relatives à l’esclavage dans la région de Kayes, précisément à Kita, font courir nos gouvernants. Ainsi, ils ont versé dans une tentative de justification du respect de ses engagements internationaux et non une volonté de respecter la personne humaine.
Bien que les dispositions soient prises dans la Constitution malienne, par peur d’avoir certains leaders religieux qui excellent dans cette pratique sur le dos, la loi fondamentale est foulée aux pieds. Il est inutile de rappeler les cris de cœur des organisations de défense des droits de l’homme sur cette situation, lesquels cris sont toujours tombés dans les oreilles d’un gouvernement sourd. Nous vous proposons donc ce communiqué produit au forceps.
Communiqué du gouvernement de la République du Mali
«Le Gouvernement de la République du Mali constate avec consternation et indignation la perpétration d’actes portant atteinte à l’honneur, à la dignité, aux biens et à l’intégrité physique des personnes dans certaines localités du pays.
Ces actes s’expliquent notamment par des velléités esclavagistes au nom d’une certaine culture dont se revendiquent les auteurs.
Face à cette situation, le Gouvernement de la République du Mali tient à rappeler ce qui suit :
- la personne humaine est sacrée et inviolable aux termes de l’article premier de la Constitution du 25 février 1992;
2. le Mali a souscrit aux différents instruments juridiques internationaux, régionaux et sous régionaux visant à prévenir et à réprimer toutes pratiques attentatoires aux biens, à l’honneur, à la dignité et à la vie de la personne humaine;
3. les lois pénales prévoient et répriment toutes les formes d’atteintes aux biens et aux personnes quels que soient leurs auteurs et les motivations qui sous-tendent leurs actes.
Par conséquent, le Gouvernement de la République du Mali condamne les actes ci-dessus rappelés, ceux-ci étant de nature à détériorer la paix et la cohésion sociales.
Le Gouvernement réaffirme sa détermination à assurer, dans le strict respect de la loi, la protection des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national.
Aussi, entend-t-il réprimer avec la dernière rigueur tout acte portant atteinte aux biens, à l’honneur, à la dignité et à la vie de la personne humaine.
Le Gouvernement de la République du Mali a d’ores et déjà engagé les ministres sectoriels concernés à examiner tous les cas de violations dénoncés et à y donner les suites appropriées ».
En tout cas, l’opinion publique espère que les images divulguées sur la toile mettront davantage la pression sur l’Etat qui finira par sortir de l’illusion pour gérer le réel, comme le dirait l’autre.
Oumar KONATE
Source: La Preuve