Dans une récente sortie lors d’une manifestation culturelle en commune V du district de Bamako, le 1er vice-président de l’Assemblée Nationale, l’honorable Moussa Timbiné déclarait que qu’IBK ne va jamais tricher lors des élections. Mais certains acteurs continuent de soupçonner le pouvoir de préparer un…hold up électoral pour le 29 juillet prochain. IBK peut-il se permettre un tel risque ?
Le climat sociopolitique est très volatile, surtout après les houleuses manifestations de rejet du projet de révision constitutionnelle du président IBK. Lors de cet épisode, certains acteurs contestataires du régime avaient caressé secrètement le vœu de provoquer une insurrection populaire pouvant entraîner le renversement du président. Ayant été mis au parfum de ce projet funeste, le chef de l’Etat, qui avait quasiment juré devant le président Emmanuel Macron aller au bout de cette réforme constitutionnelle, a fini par faire une sage marche-arrière. Ce qui avait eu le mérite de baisser la tension, de désamorcer ce coup de force qui se tramait par certains extrémistes de la plateforme Anté a banna.
Or, depuis la phase décisive de préparation du scrutin présidentiel du 29 juillet, des opposants au pouvoir tentent vaille que vaille de réveiller les velléités d’instrumentalisation du groupe Anté a banna. C’est à travers les jeunes et des inconditionnels du Collectif pour la défense de la République, chauffés à blocs par certains leaders politiques. Ceux-ci semblent s’unir autour de la question de l’alternance ou plutôt autour d’un éventuel échec du président sortant. C’est que des propos comme « si IBK est réélu, nous allons vomir du sang » sont tenus à loisir par certains cadres de la Coalition pour l’alternance et le changement, comme un lavage de cerveau à des milliers de jeunes/ Certains dirigeants du CDR n’hésitent pas à promettre que si le scrutin présidentiel du 29 juillet est entaché d’irrégularités, ils mettraient le pays à feu et à sang !
Ces discours frisent l’irresponsabilité et poussent à s’interroger sur les capacités anticipatives du pouvoir contre d’éventuelles dérives ou des déflagrations post-électorales. Le gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga peut-il prendre le risque d’aller à une mascarade électorale avec pour seul objectif de proclamer IBK victorieux le 29 juillet prochain ? Rien n’est moins sûr.
Il est clair aujourd’hui que les partenaires du Mali sont très attachés à la tenue régulière de cette élection présidentielle, dont l’enjeu véritable est le maintien ou le retrait d’IBK du pouvoir. La MINUSMA a une division électorale, qui est à pied d’œuvre avec l’administration territoriale, la CENI, la DGE, la Cour constitutionnelle et la classe politique pour que le scrutin se déroule de façon totalement transparente. Il s’agit donc de faire en sorte que toutes les informations soient disponibles à tous les acteurs afin de renforcer le climat de confiance pour des élections acceptables.
C’est ce qui a convaincu les uns et les autres à opter pour les cartes d’électeurs biométriques pour favoriser le vote transparent avec la présence dans chaque bureau de vote de deux assesseurs, l’un de la majorité et l’autre de l’opposition. Ces mesures devraient renforcer le climat de confiance pour éviter tout bourrage des urnes.
En outre, la situation sociopolitique incite les citoyens et les électeurs à s’intéresser davantage au scrutin. Cela présage que la marge de manœuvre d’éventuels fraudeurs sera limitée au point que les choses devraient se passer assez bien. S’y ajoute que les uns et les autres savent que le pays est dans une situation de crise au point que personne ne voudra plus tolérer des cas d’injustice ou d’opacité dans le choix de ses dirigeants. Le pouvoir ou les acteurs politiques prendraient donc un gros risque de mettre le feu aux poudres, s’ils tentent un quelconque forcing dans la collecte et la proclamation des résultats électoraux. Surtout dans un contexte de gouvernance où la rébellion est simplement dormante, avec des reliques de l’ex-junte embastillées ou sur le terrain politique avec le Général Moussa Sinko Coulibaly. Sans compter de nombreux leaders qui ont tourné le dos au pouvoir pour aller à la conquête de l’électorat. Tout ce beau monde voudra, à travers ce scrutin, connaître leur poids électoraux réels et ne supporteraient aucun tripatouillage qui les humilierait…
En plus, les gouvernants sont conscients qu’à l’air des nouvelles technologies de la communication avec des jeunes déterminés à faire respecter leurs aspirations, un hold up ne sera nullement accepté. Le ministère de l’Administration territoriale chargé de l’organisation matérielle du scrutin et surtout de la proclamation des résultats provisoire est sûrement conscient de cette haute responsabilité. Il devra tout mettre en œuvre pour sauver l’honneur du pouvoir en jouant toute sa partition dans la transparence.
Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, le ministre Mohamed Ag Erlaf et les autres acteurs majeurs, comme les gouverneurs et préfets joueraient avec le feu s’ils n’agissaient en véritable bonus pater familias (bon père de famille) pour sauver le Mali d’une crise post-électorale aux conséquences insoupçonnées. Ils sont face à l’histoire et devraient jouer franc jeu pour éventuellement sortir par la grande porte et laisser transparaître le véritable verdict des urnes. En clair, IBK ne prendra aucun risque de vouloir tripatouiller, même si ce verdict pourrait lui être défavorable. Ce qui le sortirait plutôt par la grande porte.
Kassoum TOGO
Source: Mali-Horizon