A l’initiative de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM)-Mali est ouvert ce mercredi 3 août 2022 à Azalai Hôtel de Bamako, un atelier de validation de la cartographie des acteurs et Prise en charge des recommandations sur les principaux axes de travail des migrants disparus, notamment la consolidation des données, le partage des données, la gestion de corps, la recherche des contacts familiaux, etc., avec les partenaires nationaux maliens.
L’ouverture de cet atelier qui prend fin ce jeudi 4 août 2022 à Azalai Hôtel de Bamako, présidée par Arthur Langouet, représentant du Chef de Mission OIM-Mali, a réuni le Consultant Johan Verheyden, réalisateur de la cartographie, et des services techniques, des ONG et autres acteurs de première ligne dans la recherche de solutions aux défis et enjeux de la migration au Mali.
En effet, les mouvements migratoires dans la région de l’Afrique de l’Ouest sont complexes et parfois périlleux. 88% des flux migratoires étaient internes à la région en 2021. De nombreux migrants sont signalés disparus ou décédés le long des routes migratoires, y compris celles en provenance et entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, alors qu’ils tentent de traverser le désert. Entre 2014 et 2021, le Projet Migrants Disparus de l’OIM a enregistré 3 136 décès et disparitions de migrants sur routes en provenance d’Afrique de l’Ouest et du Centre, dont environ 430 femmes et près de 250 enfants. La moitié de ces décès sont survenus lors de tentatives de traversée du désert du Sahara vers l’Afrique du Nord et un sur dix a eu lieu sur la route maritime vers les Îles Canaries après avoir quitté l’Afrique de l’Ouest. En seulement trois mois, il a été rapporté que pas moins de 450 décès et disparitions ont été répertoriés et documentés rien qu’au Niger et au Mali auprès de migrants en mouvement.
Ces données sont loin de la réalité, car incomplètes, à cause des difficultés liées à l’identification des corps des migrants, aux collectes peu régulières, à l’absence de consolidations et à l’insuffisance de partage, aux lacunes relatives à la gestion des corps retrouvés sur les routes migratoires, l’accompagnement dans la recherche des contacts familiaux ou l’absence de mécanismes d’orientation des cas solides dans les endroits où l’on recueille déjà des données. En plus, les rapports de décès de migrants sont rarement ventilés par nationalité, âge ou sexe. Sur la route de la Méditerranée centrale (CMR), la nationalité de la plupart des migrants enregistrés dans la base de données du projet (62%) est inconnue. « Malgré les chiffres alarmants révélés par la collecte de données sur les disparitions et les décès de migrants, nous sommes convaincus qu’ils ne reflètent pas la réalité du drame qui est en train de se jouer », a déclaré le représentant du Chef de Mission de l’OIM au Mali, Arthur Langouet.
Selon ce dernier, différents facteurs expliquent le dynamisme des flux migratoires dans la région de l’Afrique de l’Ouest, notamment « la pression démographique, les besoins de trouver de meilleures opportunités économiques, les désastres naturels et le changement climatique, entre autres ». Beaucoup de ces mouvements échappent aux contrôles frontaliers officiels, dû à des frontières larges ou encore, des difficultés d’accès par les migrants à la documentation d’identité ou de voyage nécessaire. Des migrants empruntent parfois des routes de plus en plus dangereuses et isolées, les exposant à de nombreux risques (décès ou disparition). L’ensemble de ces facteurs augmente considérablement la vulnérabilité des migrants lors de ces mouvements.
Face à ces défis, il est primordial de développer l’engagement actif des entités étatiques au niveau technique et financier. La mise en œuvre de politiques migratoires sûres et humaines s’avère donc une priorité pour prévenir de nouveaux décès, assurer la libre circulation des migrants tout en protégeant leurs droits humains. D’où le projet de la cartographie pour une collecte « plus représentative, holistique et inclusive », impliquant toutes les parties prenantes, pour disposer de données fiables et exploitables, capables de permettre d’adresser les réponses idoines. « La collecte de données sur les migrants disparus s’avère nécessaire afin de documenter ces cas et d’y apporter des solutions. C’est dans cette optique qu’une collecte d’informations sur les décès et les disparitions de migrants a été réalisée. Celle-ci a été rendue possible grâce au module du Projet Migrants Disparus, module MMP, qui a été ajouté aux enquêtes des flux de l’OIM », explicitera M. Arthur Langouet.
Ledit atelier qui s’inscrit dans le cadre des projets AVUMED (Assistance to Vulnerable Migrants Stranded in the Mediterranean Route) et DANIDA avec le soutien financier du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères de France et le Ministère des affaires Étrangères de Danemark, entre dans ce cadre et constitue, selon Arthur Langouet, « un des jalons de la réponse à cette problématique » dans la mesure où la synergie d’actions des acteurs « facilitera non seulement la consolidation et le partage des données sur les disparitions et les décès de migrants, mais également une meilleure gestion des corps et la recherche des contacts familiaux entre autres ». Il permettra également de poser les bases de futurs travaux en vue de la mise en œuvre de l’Objectif 8 du Pacte mondiale sur les migrations, en particulier sur « la collecte et l’échange d’informations pertinentes, l’identification des migrants décédés ou disparus et la facilitation de la communication avec les familles qui peuvent en outre fournir des informations précieuses ».
La cartographie a été réalisée par le Consultant Johan Verheyden avec l’appui du Bureau Régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre basé à Dakar.
L’OIM, en tant que Co-lead du Réseau des Nations Unies pour les Migrations, a réaffirmé tout son engagement à soutenir le Gouvernement du Mali dans cet exercice, et ne cessera de déployer des efforts en vue de la réalisation des objectifs du Pacte Mondial.
Cyril Roc DACK/ Icimali.com